Alors que la saison footballistique qui débutera le prochain week-end dans notre pays, la Fédération algérienne de football (FAF) et la Ligue nationale de football (LNF) sont confrontées à un problème des plus sérieux, en ce sens que les 28 clubs qui composent les deux groupes du championnat national amateur refusent de prendre le départ de cette compétition. S'estimant avoir été floués, ils demandent aux deux instances dirigeantes du football algérien de s'en tenir aux décisions prises en assemblée générale fédérale puis entérinées par le bureau fédéral lors d'une de ses réunions en juillet 2009. Il s'agissait, alors, de créer dès la saison 2010-2011 (celle qui va commencer vendredi prochain) une division nationale 1 à 16 clubs et une division nationale 2 à trois groupes de 14 clubs chacun. La FAF et la LNF n'avaient, en cette occasion, pas pris en compte le fait qu'on allait passer au professionnalisme à partir de juin 2010. Disons qu'elles ont opéré comme s'il importait peu que des clubs passent au professionnalisme. Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, disait alors que le professionnalisme sera mis en route même s'il n'y avait que 8 clubs à changer de statuts dans ce sens. Dans son esprit, le fait de créer un championnat où des clubs professionnels étaient opposés à des clubs amateurs n'avait pas d'importance. Il se trouve que les clubs des divisions 1 et 2 n'ont pas hésité dans leur immense majorité à entrer dans le professionnalisme. Preuve en est que la FAF et la LNF ont refusé les dossiers de certains d'entre eux pour ne retenir que ceux de 32. A partir de là, il était évident que les deux instances en question optent pour deux divisions professionnelles de 16 clubs chacune. En agissant de cette manière, des clubs issus de l'ex-division 2 et ceux qui venaient d'accéder en venant de l'inter-région se sont retrouvés à un troisième palier de la hiérarchie du football algérien alors qu'ils pensaient faire partie du deuxième palier. Une bien mauvaise démarche Cette pratique n'est pas nouvelle. En 1987, la FAF avait «trahi» des clubs en créant au dernier moment une division 2, obligeant les clubs qui ne s'étaient pas préparés à cette nouvelle à se retrouver subitement à deux paliers derrière la D1, alors qu'ils pouvaient accéder à celle-ci. A l'époque, on disait que c'était pour améliorer le football algérien. Aujourd'hui, le changement, décidé lui aussi au dernier moment, obéit aux impératifs du lancement du professionnalisme. Peut-on croire, cependant, que la FAF et la LNF ont agi de la manière adéquate ? En n'appliquant pas les résolutions de l'AG et du bureau fédéral de juin et de juillet 2009, elles ont ouvert la porte aux contestations, car si en 1987 il était difficile aux clubs de réagir à cause de la conjoncture politique du moment, où il était pratiquement interdit d'élever la voix, aujourd'hui les données ne sont plus les mêmes, puisque la moindre décision considérée comme injuste peut donner lieu à un mouvement de réprobation. Et les clubs ont le droit de demander à ce que des résolutions prises en assemblée générale fédérale soient respectées. En outre, la FAF et la LNF laissent planer le doute sur leurs intentions dans la manière dont elles ont promu un club comme l'Olympique de Médéa. Effectivement, dans leur démarche, il n'avait jamais été question d'appliquer le professionnalisme aux clubs du championnat interrégions. Les équipes de ce palier, qui auraient pu faire valoir de sérieuses intentions, ont préféré ne pas se lancer dans une opération qu'elles craignaient vouée à l'échec et au refus des deux instances dirigeantes du football algérien. Par quel tour de passe-passe le club médéen a-t-il pu passer par les mailles du filet pour se retrouver propulsé aujourd'hui en Ligue 2 professionnelle, alors qu'il aurait dû faire partie du championnat interrégions de cette saison ? Il y a là matière à spéculer et les responsables des clubs boycotteurs du championnat n'ont pas à être montrés du doigt. C'est pourquoi les deux instances dirigeantes du football algérien ont tout intérêt à traiter ce dossier avec délicatesse. Dans cette histoire, elles risquent de perdre leur crédibilité, et si on ne croit pas que le boycott du championnat sera effectif, la FAF et la LNF se doivent de se remettre en question si elles ne veulent pas s'enliser dans un problème du genre de celui du RC Kouba dont on sait ce qu'il a valu comme déboires à la FAF. La communication, c'est ce qui compte, et aussi bien la FAF que la LNF ont raté la leur, notamment dans la gestion du dossier médéen qu'elles auraient gagné à expliquer à l'opinion publique au lieu de le livrer à celle-ci comme une sorte d'obligation qu'elle se doit d'accepter sans mot dire.