Le ministre des Finances vient de déclarer devant les sénateurs lors des rituelles questions orales au gouvernement que «le contrôle fiscal effectué par les services des impôts sur les comptes des sociétés a permis au Trésor de recouvrer des recettes supplémentaires de l'ordre 119,2 milliards de dinars, objet d'évasion fiscale à partir de 2009 jusqu'au premier semestre de l'année 2010». Bien. Le chiffre, à première vue, n'est pas négligeable. On ne sait pas si la «hausse» de l'ordre 11 milliards de dinars annoncée dans la foulée de la séance parlementaire consacrée à la question doit nous réjouir ou au contraire nous inquiéter, mais on n'a pas encore pris l'habitude de surveiller le ton des déclarations ministérielles, toutes censées nous enflammer de bonheur. Si Karim Djoudi l'a dit; c'est que le sénat et les algériens qui devaient apprécier l'effort fourni en l'occurrence par l'administration fiscale en matière de contrôle et de recouvrement de l'argent dû à la trésorerie publique et pourquoi pas oublier de poser les questions qui, naturellement, devraient prolonger la «performance». Comme celles-là : si on se détachait un tant soit peu du rituel parlementaire, peut-on estimer que le contrôle fiscal des «sociétés» et le recouvrement de l'argent dû aux caisses de la contribution nationale sont terminés pour toutes les années passées avant le «premier semestre 2010»? Si la vigilance et le redéploiement des agents de l'administration des impôts ont permis de récupérer plus 100 milliards de dinars en un peu plus d'une année, combien d'autres milliards se sont perdus en cours de route, sachant que ce n'est pas à chaque rendez-vous annuel avec le ministre des finances que de tels chiffres sont annoncés ? Dans un pays où les formules ironiques sur le paiement des impôts ont toujours fait recette, la question n'est pas superflue. «Il n'y a que les salariés qui paient les impôts parce qu'ils leur sont prélevés à la source», «pourquoi faire du commerce illégal quand on peut faire du trabendo avec un registre du commerce», «il n'y a que Sonelgaz qui donne des factures», en sont l'échantillon le plus inspiré. Et quand, de la bouche même du ministre des finances, on prend connaissance des moyens d'évasion et de fraude, le moins qu'on puisse dire est que nos voleurs du fisc ne se sont pas encombré de génie : fausses déclarations, ventes et achats sans factures et paiement cash ! Pas vraiment de quoi de quoi solliciter des moyens de lutte d'avant-garde. Et la corruption, alors ? Ah, la corruption ! Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir