Deux sœurs qui ont dépassé la quarantaine se tirent dessus à vue. A l'audience, à la barre, il ne manquait plus que enio morricone pour écrire la musique de l'attitude de ces deux frangines dont l'aînée poursuit la cadette pour vol de chèque et faux sur ce même chèque. A l'inverse et comme pour être complet, ce tableau nous décrit une cadette inculpée qui accuse l'aînée de refuser de rembourser une dette de trente millions de centimes. Pour sa part, l'avocat, lui, a effectué son boulot à la perfection en s'accrochant à sa demande principale ; une expertise à rostomia où le labo peut déterminer l'auteur de la signature de ce chèque que l'on dit avoir été volé. en attendant, les deux sœurs nourrissent une haine réciproque sans limite. la preuve ? les poursuites et l'échange d'accusations qui dérangent la justice. Deux sœurs se tiennent à la gorge. L'une d'entre elles poursuit l'autre pour vol de chèques et faux, deux délits prévus et punis par les articles 350 et 222 du code pénal, même si le premier est soumis au 369 un article de loi spécifique. Et les deux sœurs étaient bel et bien présentes dans la salle d'audience. Fatiha fellah, la juge de bir mourad raïs (cour d'Alger) a voulu volontairement taire qu'en droit, il n'y a pas de vol entre les membres d'une même famille. Mais l'émission de chèque sans provision, c'est une autre histoire. Fellah, la présidente prend acte des trente millions et surtout du dribble de la victime qui donne deux dates de l'émission du chèque : 2000 puis 2008. Deux dates, deux contradictions et certains magistrats prennent acte de... Maître Moeness elakhdari, l'avocat de la victime, explique à la magistrate que seule l'expertise peut définir la signature. Et puis la plainte est survenue à la suite de l'émission du chèque sans provision. «C'est parce que les provisions n'existaient pas au moment de la remise du chèque, que l'idée de poursuite était née, a dit le conseil. l'avocat serre les mâchoires et va en direction d'un examen de l'article 143 du code et une expertise qui sont expressément demandés, histoire de tirer au clair cette triste histoire de deux sœurs lesquelles, physiquement, n'ont absolument aucun point communs sauf qu'elles sont toutes les deux brunes. Et puis, mon dieu, il n'y avait qu'à voir comment elles se regardaient pour deviner qu'elles ne sont que deux sœurs utérines car rien, absolument rien ne laissait apparaître un quelconque sentiment fraternel oui, aucun sentiment. c'est triste, à la limite de la révolte. «Deux ans de prison ferme», marmonne le représentant du ministère public qui avait pourtant montré beaucoup d'intérêt à la plaidoirie du membre du conseil de l'ordre lequel avait beau expliquer que le chèque contenait une fausse signature car volé par la sœur adversaire, il resta de marbre. D'ailleurs, la présidente, qui a été avant de s'asseoir sur le siège de la section correctionnelle, juge d'instruction à boufarik (cour de blida) et savait donc à quoi s'en tenir et qu'elle avait affaire dans ce cas d'espèce à des chèques volés, signés et présentés sans crainte. La présidente ne voulait pas trop dramatiser, elle ne voulait pas non plus faire dans le sentiment, c'est aller à l'encontre du serment prêté au premier jour de son entrée dans le monde merveilleux de la magistrature, Il y a tout de même un dossier. l'examen sera rude. Les deux parties avaient quitté la batisse de bir mourad raïs qui relève de l'autorité de la cour d'Alger, avec le secret espoir que justice sera faite. Est-ce que la demande de maître elakhadri -l'expertise de la signature et de l'écriture- sera prise en considération ?. Attendons le verdict pour savoir.