C'est grâce à l'affaire de la BCIA d'Oran que le scandale de la BEA de Sig a éclaté, sinon l'affaire serait restée camouflée », nous dira une source de la direction régionale de la banque. Concernant le détournement qui a engendré un préjudice de 213,6 milliards de centimes à la BEA, la même source précisera que « six accusés composant le réseau appelé le groupe d'Alger ont bénéficié de facilités et de complicités de la part des six responsables de la banque, dont le directeur décédé à la prison d'Oran, et considéré comme le principal responsable de ce scandale ». Selon notre source, le groupe d'Alger avait détourné 1300 milliards de dinars, soit plus de 90% du préjudice causé. « Le principal accusé dans cette affaire, S. A., en détention, connu sous le pseudonyme de ‘'Rouji'', résidant à Alger, a pu détourner 500 milliards de centimes dans les deux affaires, celles de la BCIA d'Oran et de la BEA de Sig », nous confiera notre interlocuteur. « Une personne accusée de détournement de deniers publics, M. Hadj, résidant à Mohammadia (Mascara), s'est retrouvée redevable à la banque de 40 à 50 milliards de centimes sans en avoir bénéficiés, du fait qu'il a simplement ouvert un compte et délivré une procuration », ajoutera notre source. Parallèlement, en ce quatrième jour du procès de l'affaire qui se déroule à la cour de Mascara, il s'est avéré que l'accusé principal, S. A. dit Rouji, détenu, a déposé, en date du 12 mai 2003 neuf chèques sans provision d'une valeur de 20 milliards de centimes sur le compte de l'accusé R. L., également détenu. Devant le juge d'audience, S. A. déclare qu'un fonctionnaire de la banque, qu'il ne connaît pas, avait remis les neuf chèques retrouvés dans les tiroirs du chargé de la caisse au niveau de la banque, B. A., également détenu. Signalant que huit parmi les neuf chèques ont été signés par l'accusé principal (S. A.) au profit de la société Sotraplat, tandis que le neuvième chèque, non signé, a été établi au profit de la société Nordcad. De son côté, l'accusé B. N., responsable du service de caisse au niveau de la banque, également détenu, n'a pas hésité à répondre au juge concernant les chèques qui portent son cachet que ce dernier (cachet) ne servait à rien ! D'après les documents entre les mains du juge, il s'est avéré que B. N. était présent le jour où l'accusé principal avait déposé les chèques en question. La commission d'enquête qui s'est déplacée le 3 août 2003 à la banque avait découvert un autre chèque visé appartenant à l'accusé, M. Mohamed, dans les tiroirs de B. N. Le directeur adjoint de la BEA, L. Mohamed, détenu pour la même affaire, avait dans son bureau quatre chèques, ainsi que le responsable des engagements, B. Mohamed, également écroué, dans le bureau duquel un nombre indéterminé de chèques a été retrouvé et dont la valeur n'a pas été dévoilée par la commission de contrôle. De leur côté, les accusés ont rejeté en bloc ces accusations. Le chef de service administration, K. Mohamed, détenu, qui comparaissait pour la première fois devant la cour criminelle pour les chefs d'inculpation de « détournement de deniers publics, falsification de documents et destruction de pièces comptables », avait visé, contrairement à la réglementation, trois chèques d'une valeur de 790 millions de centimes au profit de M. Toufik qui se trouve en état de fuite. Signalons qu'après l'ouverture de l'audience, une altercation a eu lieu entre le président de l'audience et un avocat portant sur le rappel des faits du troisième jour du procès fait par le président de l'audience. L'avocat N. B. rappelait au président de l'audience qu'il n'avait pas le droit de donner son avis sur une affaire déjà débattue. Ce dernier n'hésitera pas à répondre à l'avocat : « Je n'ai pas donné mon avis et la loi ne m'interdit pas de donner mon avis. » D'un autre côté, une source autorisée nous a déclaré que « les responsables de la BEA, dont le directeur décédé, étaient en mesure de vendre la banque, vu leur complicité ».