La police espagnole a annoncé avoir arrêté hier un Nord-Américain d´origine algérienne répondant au nom de Mohamed Omar Deghi, âgé de 43 ans, résidant à Esplugues de Llobregat (Barcelone) pour avoir envoyé aux groupes terroristes activant en Algérie plus de 60 000 euros, par le biais de tierces personnes ou à travers des transferts bancaires. Cette arrestation a eu lieu à la suite d'une enquête effectuée par une brigade policière conduite par un juge central d'instruction de l'audience nationale (la plus haute juridiction pénale espagnole en matière de lutte contre le terrorisme). Selon les enquêteurs, le détenu envoyait les fonds à un ressortissant algérien connu des services de sécurité espagnols : de Toufik Mizi, établi en Espagne, qui a quitté ce pays en 2006 où il était poursuivi depuis pour un délit d'«appartenance à une organisation terroriste» qui pourrait être liée au GSPC, devenu Al Qaïda au Maghreb islamique. Mizi a fui l'Espagne après la chute d'une cellule de soutien logistique qui se consacrait à des opérations de financement d'Al Qaïda au Maghreb islamique et qui avait été démantelé dans le cadre de «l'opération sous-marin». Transferts financiers vers Alger Omar Deghi et Toufik Mizi avaient des contacts suivis depuis l'année 2003 et se consacraient au blanchiment d'une partie de l'argent envoyé en Algérie, à travers de prétendues opérations commerciales. Ces fonds étaient utilisés après pour l'achat de matériel divers pour les activités terrorisme en Algérie et au Sahel. Durant l´opération de Barcelone, la police a indiqué avoir saisi trois ordinateurs portables, des disques durs, des factures, des titres de propriété de sociétés ainsi que de nombreux documents bancaires se rapportant a l´enquête de l´opération de Barcelone. Un véhicule de luxe et une embarcation que le détenu possédait au port de Badalone ont également été saisis. Il est possible que cette arrestation ait été commanditée par les autorités espagnoles pour rassurer le gouvernement algérien sur les bonnes intentions de l´Espagne en matière de lutte contre le financement d'Aqmi. L´Espagne passe aux yeux des autorités algériennes comme le pays qui a le plus financé Aqmi, par le paiement systématique de rançons pour obtenir la libération de ses otages enlevés par les groupes de Abou Zeid et de Mokhtar Benmokhtar, le 29 novembre 2009. Les observateurs prennent depuis quelques années avec beaucoup de précaution les spectaculaires opérations de la police espagnole contre les prétendus réseaux de soutien au terrorisme. S´agissant en plus, cette fois, d´un ressortissant américain, le gouvernement espagnol peut avoir voulu transmettre un message de tranquillité à Washington qui a critiqué, récemment, dans un rapport du Pentagone cette manière de faire des Européens. L´arrestation de Omar Deghi pourrait bien s´inscrire dans la longue liste des opérations policières espagnoles contre les réseaux du terrorisme qui se sont toujours avérés sans fondements juridiques. Vrais ou faux soupçons ? Pas moins d´une dizaine de «cellules algériennes affiliées au terrorisme» ont été «démantelées» depuis le 11 septembre 2001, et dont les éléments ont été relâchés peu après, faute de preuves. Ce fut notamment le cas de ladite «opération Tigris», lancée en 2004 par la police nationale, chargée du dossier du terrorisme, sur instruction du juge Baltazar Garzón. Ce fut encore le cas avec l´arrestation, en 2008, dans les localités Santa Coloma et Badaloma à Barcelone, de six Algériens, présumés membres d´un réseau de soutien au terrorisme islamiste remis en liberté par la justice. Une dizaine d´opérations en tout suivies d´arrestations fortement médiatisées qui n´ont rien à voir avec le terrorisme.