Malgré sa disponibilité en grande quantité dans les marchés de la capitale, la pomme de terre reste relativement chère. Et bien que les ménagères préfèrent de loin le légume frais, elles sont obligées de se contenter de celles sorties des chambres froides. Les prix varient entre 35 à 50 DA dans les grands marchés d'Alger, à l'exemple du marché Reda Houhou (ex- Clausel), ceux de Ben Aknoun et Chéraga. Les commerçants n'hésitent pas à répliquer, à chaque fois qu'ils affichent leurs tarifs exagérés, que leur production arrive directement des champs, c'est-à-dire frais et non des chambres froids. Difficile de vérifier sur place, mais les ménagères doivent certainement avoir acquis cette qualité. Pour la récolte de cet automne, dont le coup d'envoi est donné pour jeudi prochain. Elle s'annonce meilleure encore que les années précédentes. Le ministre du secteur de l'agriculture, Rachid Benaïssa affiche d'ores et déjà son satisfecit et annonce un éventuel projet d'exportation. "L'Algérie dispose de quantités suffisantes en pommes de terre afin de procéder à une opération d'exportation", a-t-il indiqué lors de sa dernière sortie médiatique. Selon lui ce revirement, dans la mesure où la production de la pomme de terre est abondante est lié à l'importance prodiguée par certains agriculteurs dans plusieurs wilayas, à ce créneau. Les statistiques établies par les services agricoles compte pas moins de 280 agriculteurs dont 20 multiplicateurs rien que dans la wilaya de Bouira. Cette même wilaya dispose à elle seule de 15 chambres de stockage de 150 000 quintaux. La production de la pomme de terre est appelée dans les prochaines années à connaître un saut qualitatif et quantitatif, en raison des projets importants lancés dans l'irrigation et la production de semences. Dans ce cadre, un laboratoire de production de semence de ce légume est entré en activité depuis décembre 2009. C'est le résultat d'une coopération algéro-coréenne. Ce laboratoire permettra, selon les professionnels une offre en semences de pommes de terre à hauteur de 10% des besoins nationaux. Il va également permettre l'accroissement de la production de semences certifiées de pré base. Cela garantira un meilleur approvisionnement du marché en semence de qualité et à des prix réduits. Les professionnels estiment que tous les ingrédients sont réunis pour permettre une aubaine du marché de la pomme de terre, bien que les tarifs affichés ne suivent pas cette tendance. Selon le chargé de la communication de l'Union générale des commerçants algériens et artisans (UGCAA), le marché souffre du manque d'une réglementation draconienne, et d'un contrôle perspicace, mettant en place des tarifs bien étudiés et généralisés. Il appelle, par ailleurs, à la création d'un réseau national de distribution, programmé pour la réalisation depuis deux ans déjà, et qui est selon lui, "le seul moyen de mettre un terme à l'anarchie qui règne sur le marché algérien. " La prochaine saison agricole, dont le coup d'envoi est prévu pour aujourd'hui à partir de la wilaya de Sétif, sera selon le ministre de l'Agriculture " un peu particulière ". Cette saison verra, donc, "le lancement du programme de renforcement des capacités humaines et d'assistance technique".