Longtemps l'arthrose a été considérée comme une fatalité liée à l'âge, alors que c'est une maladie à part entière. Elle n'est pas spécifique à la hanche (coxarthrose). Toutes les articulations peuvent être concernées, à commencer par celles qui ont été beaucoup sollicitées, au travail ou dans la vie quotidienne : les genoux (gonarthrose), les doigts (arthrose digitale) et le pouce (rhizarthrose), ainsi que la colonne vertébrale et plus particulièrement les lombaires. Autrement dit, tous les seniors n'y ont pas droit, loin s'en faut. Car, pour qu'une arthrose se développe, il faut que le cartilage se dégrade. Cela se produit sous l'action d'enzymes destructrices produites par le cartilage lui-même, mais pas seulement. Les cellules osseuses et la membrane synoviale – qui enveloppent l'articulation – participent indirectement à cette dégradation. C'est d'ailleurs de ce côté que se développe la recherche. Une arthrose de la hanche qui commence à faire mal, parfois au point que le malade bote, est un signal à prendre au sérieux. Car si on ne fait rien et qu'on laisse la situation se dégrader, on va réduire son activité physique. Perdre ses muscles. Et rendre la situation encore plus difficile. Une simple consultation chez le médecin permet de confirmer le diagnostic. Quant à la radiographie des deux hanches (pour comparer), elle n'est pas forcément corrélée à la clinique. Ainsi, on peut avoir très mal et présenter une radiographie quasi normale, ou, au contraire, ne pas du tout souffrir en dépit d'une arthrose radiologique très évoluée. Comme le médecin soigne un malade et non une radio, c'est d'abord la plainte qui compte. Il commence par donner des traitements généraux d'action rapide : principalement le paracétamol et des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Lorsque ces derniers sont mal supportés, il peut prescrire des traitements d'action lente, tous très bien tolérés. Il peut enfin faire appel aux injections locales (infiltrations). Le seul problème, avec ces dernières, c'est qu'elles doivent être réalisées sous contrôle radiologique, pour la hanche. C'est pourquoi il n'est guère possible de proposer plus de deux injections de corticoïdes par an. Quant aux injections d'acide hyaluronique, qui donnent de bons résultats dans l'arthrose du genou, elles n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché dans cette indication. Cartilage artificiel Autres études en cours dont les résultats sont très attendus : l'injection intra articulaire d'un facteur de croissance, dans l'espoir d'arrêter la dégradation du cartilage. Ou encore, le recours aux anti-TNF, de puissants anti-inflammatoires déjà prescrits dans la polyarthrite rhumatoïde. A plus long terme enfin, il y a toujours l'espoir de troquer son bon vieux cartilage usé contre une articulation comme neuve et qui ne soit pas une prothèse. C'est pourquoi certains chercheurs travaillent énergiquement sur un cartilage artificiel. On obtiendrait celui-ci soit en plaçant des cellules souches au sein d'une matrice artificielle en trois dimensions, soit en prélevant des cellules du cartilage dans un endroit peu portant, pour les placer en culture dans un gel avant de les insérer dans l'endroit à traiter. Il est donc possible que, grâce à ce stratagème (thérapie cellulaire), on sache un jour réparer un cartilage abîmé avant qu'il ne soit détruit. Et si quelqu'un doit en profiter, ce sera probablement les quadras d'aujourd'hui… d'ici à une bonne quinzaine d'années.