Le président Mohamed Abdelaziz, qui effectue depuis samedi une visite officielle à Castilla y León, où il a eu hier des entretiens avec les autorités de cette région autonome, a lancé un appel à la communauté internationale l'invitant à engager des «sanctions économiques» contre le Maroc pour obliger cette puissance d´occupation du Sahara occidental à «respecter la légalité internationale et à accepter la tenue d´un référendum d´autodétermination» défendu par les Nations unies. «Pillage des ressources naturelles sahraouies» Le président de la RASD a tenu à préciser, au cours d´un point de presse, qu´il plaide pour cette forme de sanctions parce que «le Maroc est en train piller et d´épuiser les richesses naturelles sahraouies». Cet appel s´adresse, a-t-il dit en particulier, à l´Union européenne qui doit «annuler tous les accords injustes et illégaux s´appliquant aux territoires occupés» de l´ancienne colonie espagnole, dont l´accord de pêche UE-Maroc. L´Espagne, principal bénéficiaire de cet accord entre Rabat et Bruxelles, renégocié en 2005, après avoir été suspendu pendant quatre ans, puis renouvelé en 2008, est très critiquée par les associations civiles, les partis politiques d´opposition et les pays du nord de l´Europe pour avoir fermé les yeux sur l´élargissement de cet accord aux richesses naturelles du Sahara occidental. Le parlement européen avait, en juin dernier, attiré l´attention de la présidence espagnole de l´Union européenne que les activités de pêche des chalutiers européens, espagnols dans leur quasi-totalité, dans les eaux sahraouies, est illégale dans la mesure où «ce territoire est classé non autonome dans le fichier de l´ONU». En allusion directe à l´attitude observée à ce propos par le gouvernement Zapatero, des pays comme la Suède et le Danemark avaient fait observer, à leur tour, à Bruxelles que cet accord constitue une «violation de la légalité internationale». Depuis, ces deux pays avaient cessé tout contrat commercial avec Rabat appliqué au Sahara occidental, territoire qui n´est pas «sous souveraineté mais sous occupation marocaine» à leurs yeux. Réunion de la IVe Commission En raison de ces aspects juridiques et des violations répétées des droits de l´homme au Sahara, la Commission européenne serait réservée au sujet de la rénovation de l´accord de pêche avec Rabat, qui parviendra à expiration en mars prochain. Les autorités marocaines n´ont jamais répondu aux multiples démarches de Bruxelles en vue d´une enquête sur place concernant la mise en application de l´accord de pêche. De nombreuses organisations civiles et parlementaires espagnoles entendent soulever cette affaire lors de la réunion annuelle de la Commission de décolonisation des Nations unies dont les travaux se sont ouverts hier à New York. Plus d´une centaine de représentants de pays et des ONG, en majorité espagnoles, prévoient d´intervenir sur cette question ainsi que sur les violations des droits de l´homme et de la légalité internationale par le Maroc. Premier à prendre la parole hier, au nom du «Groupe de Rio», l´ambassadeur du Chili aux Nations unies devait insister sur le soutien de cette région d´Amérique latine acquise à la cause sahraouie, aux «efforts de M. Ban Ki-moon et de son représentant personnel pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, dans la recherche d´une solution» conduisant à «la mise en application du principe de l´autodétermination du peuple sahraoui». Plus vigilants encore, certains pays de la région comme Cuba suivent de très près les travaux de la IVe Commission autour de la question du Sahara occidental qui devrait se prononcer, comme elle le fait à chacune de ses sessions annuelles, pour le droit du peuple sahraoui à l´autodétermination et pointer le doigt vers le royaume alaouite, une fois encore, pour ses multiples violations des droits de l´homme et de la légalité internationale dans l´ancienne colonie espagnole.