La République arabe sahraouie démocratique (RASD) a fêté hier son 30e anniversaire à Tifariti, dans une partie des territoires sahraouis libérés. Les festivités officielles ont été marquées par de nombreux défilés militaires durant toute la journée, ainsi que par le discours du chef de l'Etat sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz. Dans son allocution, le président sahraoui a rejeté “globalement et dans le détail” l'idée de l'autonomie du territoire non autonome du Sahara occidental, avancée récemment par Rabat, en estimant que celle-ci n'est qu'une “nouvelle manœuvre visant à imposer une solution coloniale”. Selon lui, la proposition est “en contradiction totale avec la charte des Nations unies et les dizaines de résolutions du Conseil de sécurité”. Pis, elle conduira “inéluctablement la région vers des dérapages dangereux et une insécurité aux conséquences imprévisibles”. “Nous disons au monde entier que le principe du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui est un principe sacré, et donc indiscutable”, a déclaré M. Abdelaziz. Ce dernier a en outre dénoncé avec force la “répression sans discernement” qui s'abat depuis mai 2005 sur la population sahraouie des territoires occupés du Sahara occidental. “Il est temps, a-t-il souligné, d'ouvrir l'accès du territoire aux observateurs et aux journalistes internationaux, comme il est temps de dévoiler tous les crimes qui ont été commis.” Le président de la RASD a également interpellé la communauté internationale, en l'invitant à “mettre un terme au pillage et au bradage des ressources naturelles du peuple sahraoui par le Maroc” et en notant qu'aucun pays “ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental”. Il a ainsi prévenu que la commémoration du 30e anniversaire de l'Etat sahraoui, reconnu par 82 pays dans le monde, dans les territoires libérés est “un message clair” pour l'ONU et la communauté internationale : “Toute solution au conflit du Sahara occidental passe par le respect de la volonté des Sahraouis, et donc leur droit imprescriptible à l'autodétermination.” Mohamed Abdelaziz n'a pas omis de rappeler le “retrait honteux”, en février 1975, de l'administration espagnole sans avoir respecté ses engagements, à savoir l'organisation d'un référendum du peuple sahraoui. Il a aussi rendu plusieurs hommages, notamment à la résistance sahraouie dans les territoires sous occupation marocaine, à la position “courageuse et historique” de l'Algérie et son soutien “indéfectible” au processus de décolonisation et au rôle joué par l'Afrique dans “la défense de la cause sahraouie”. Le président de la RASD a enfin salué les pays africains asiatiques et latino-américains ayant reconnu récemment la République sahraouie, de même que tous ceux, pays, personnalités, associations et militants, qui contribuent à faire avancer la solution juste et démocratique pour le Sahara occidental. H. A.