De retour au pays après avoir accompagné l'équipe nationale dans son voyage en Centrafrique, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, va être sur la brèche pour éteindre un incendie qui, s'il venait à persister, pourrait embraser la maison et l'emporter lui et les responsables des autres instances de ce sport. Il s'agit, vous l'aurez deviné, de cet insistant problème lié aux 28 clubs du championnat national amateur qui refusent de disputer leurs compétitions tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites. Des revendications qui ont tourné samedi autour du thème qui veut que ces clubs exigent que le club classé premier dans chacun des deux groupes de ce championnat accède en Ligue 1 professionnelle sans que cela soit débattu en assemblée générale fédérale, comme le souhaite la fédération. En fait, ces clubs ont pris cette fédération dans son propre piège, à savoir qu'elle avait promulgué, par le passé, d'importantes décisions pour le football national sans en référer à son assemblée générale. Il suffisait, en effet, d'un simple débat en bureau fédéral pour que soient entérinées lesdites décisions. Ce que veulent maintenant ces 28 clubs, c'est que ce soit le bureau fédéral qui se réunisse de toute urgence et arrête le principe de faire accéder en Ligue 1 professionnelle le premier de chaque groupe du championnat amateur. La situation est particulièrement grave parce que ces responsables de clubs se sont réunis samedi, après avoir été reçus par le ministre de la Jeunesse et des Sports, et ont convenu de poursuivre leur mouvement de boycott de la compétition. Cela veut dire que vendredi prochain, s'il n'y a aucune évolution, ces clubs vont devoir enregistrer leur troisième forfait de suite, ce qui, selon les règlements du football national amateur, entraînerait forfait général de leur part et leur rétrogradation immédiate en division pré-honneur. La Ligue nationale de football, qui gère le championnat national amateur, avait, il y a quelques jours de cela, mis en garde ces clubs et les avait menacés de mettre en application les dispositions de ces règlements généraux en matière de forfait. Le problème s'est davantage compliqué samedi lorsqu'on a su que le ministre de la Jeunesse et des Sports, en dehors du fait qu'il a promis qu'il en parlerait avec Mohamed Raouraoua, a indiqué qu'il s'interdirait de s'ingérer dans une affaire qui concerne les instances du football. Quelle décision prendre ? Si, donc, les 28 clubs venaient à refuser de jouer vendredi prochain, il ne resterait plus à la ligue nationale que de proclamer leur forfait général et le leur rétrogradation en division préhonneur. Aura-t-elle le courage de le faire ? Parions que non. Les responsables du football sont des calculateurs et savent bien qu'ils ont entre les mains une bombe qui pourrait leur exploser au visage à tout moment. On ne sanctionne pas d'un coup 28 clubs, en les faisant rétrograder en division inférieure, sans danger. Il leur faut donc tenter d'amadouer tout ce beau monde afin que le FAF et la LNF s'en sortent sans dommages. Car ces deux instances sont en train de mettre en jeu leur crédibilité. Accepter de faire accéder un club du championnat amateur en Ligue 1 professionnelle sans qu'il passe par la Ligue 2 professionnelle ne peut être assimilé qu'à du pur bricolage. Et puis, même si cela venait à se faire, comment agir avec les deux clubs qui termineront aux deux premières places du classement de l'actuelle Ligue 2 professionnelle et qui auront droit de ce fait de monter au palier supérieur ? Irions-nous vers une Ligue 1 professionnelle à 18 clubs lors de la saison 2011-2012, un nombre que la FAF et la LNF ont combattu et réduit récemment. Il en ressort que ces deux instances ont été engluées dans un bourbier duquel elles auront beaucoup de mal à être sauvées. Il en ressort, également, que, décidément, notre football a réellement besoin d'un grand coup de balai au niveau de plusieurs clubs. Nous l'avons continuellement déclaré, le salut de ce sport passe par une restructuration de ces clubs et cela impose aux responsables du sport algérien de revoir la composante humaine qui dirige chacune de ces associations sportives. En Algérie, tout le monde se fait payer dans le football, même celui qui évolue dans la plus petite des divisions. Voilà qu'aujourd'hui tout le monde veut devenir professionnel alors qu'il ne dispose pas du minimum requis. Depuis que le président de la République a parlé d'aider le football professionnel à s'installer et qu'il a annoncé une série de dispositions pour cela, on se bouscule au portillon pour accéder au professionnalisme. Il faut que tous ces gens sachent que c'est le ministère de la Jeunesse et des Sports qui va se charger de gérer le fonds de soutien pour le football professionnel créé à cette initiative. Ce ministère va s'en tenir aux dispositions du décret exécutif du 8 août 2006 relatif au professionnalisme et au cahier des charges de celui-ci pour faire bénéficier tel ou tel club des aides en question, y compris celles qui concernent le volet de la fiscalité ou de la sécurité sociale. Cela veut dire que même les clubs des actuelles Ligue 1 et Ligue 2 professionnelles ne sont pas sûrs d'être tous bénéficiaires de ces aides. Alors que dire d'un club amateur qui n'a même pas de vestiaire dans son stade pour accueillir les arbitres ? Un minimum de sérieux est demandé à tous ces gens-là. Qu'ils mettent de côté leur ego et leurs petits intérêts calculateurs. Trop de mal a été fait au football algérien pour que l'on continue à s'amuser tels des gamins à se chamailler pour des projets irréalisables. Quant aux deux instances dirigeantes de ce sport, elles devraient apprendre à être plus communicatives et ne pas se contenter de balancer des décisions qui doivent être acceptées de gré ou de force.