Les 28 clubs du championnat national amateur ont décidé de poursuivre leur mouvement de contestation et de boycotter la compétition. Malgré la mise en garde de la Ligue nationale de football et la lettre du président celle-ci à chacun des présidents de ces 28 clubs, la deuxième journée de ce championnat, programmée vendredi, n'a pas eu lieu. La situation est grave et elle peut déboucher sur un affrontement qui risque de faire voler en éclats les deux structures qui gèrent le football national, la FAF et la LNF. La semaine dernière, la Ligue nationale avait adressé à chacun de ces clubs une sévère mise en garde que l'on pouvait assimiler à de la menace. Elle leur indiquait que s'ils ne jouaient pas la compétition, ils en seraient à leur deuxième forfait de suite et seraient sanctionnés selon le barème du code disciplinaire qui prévoit en son article 61 un certain nombre de dispositions notamment la défalcation de trois points. En cas de troisième forfait, le club sera déclaré forfait général et sera rétrogradé en division préhonneur (article 62). De son côté, le président de la Ligue nationale, Mohamed Mecherara, s'est adressé à tous ces présidents par l'intermédiaire d'une lettre dans laquelle il fait savoir que «si le boycott est l'expression de malentendus, il ne peut constituer en aucun cas la solution idoine. C'est pourquoi, seule la voie de la raison et de la sagesse doit nous guider vers les solutions de l'intérêt général, il est alors temps de tourner cette page d'incompréhensions et vous invite à reprendre le chemin des stades dès cette semaine et de nous éviter d'être contraint d'appliquer les dispositions réglementaires en pareil cas.» Faisant suite à cette missive, les 28 présidents se sont réunis jeudi dans la région oranaise et ont décidé de ne pas fléchir dans leur action, à savoir poursuivre le boycott jusqu'à satisfaction de leurs revendications qui sont de revenir aux décisions de l'assemblée générale de la FAF de juin 2009 qui stipulaient que le championnat de la division 2 de la saison 2010-2011 sera composé de deux groupes de 14 clubs chacun et non d'un seul groupe à 16 clubs comme il l'est actuellement. Trop souvent absents Si on ajoute le remue-ménage occasionné par le président de la JS Kabylie, Moh Cherif Hannachi, force est d'admettre que la Fédération algérienne de football se trouve en ce moment dans une zone de turbulences qui pourrait la déstabiliser complètement et provoquer sa dislocation. L'affaire du boycott de la compétition par les 28 clubs du championnat amateur est bien trop importante pour qu'elle soit traitée de manière approximative. Elle nécessite la présence en Algérie de tous les acteurs du football notamment ceux de la fédération car c'est elle qui a le plus à perdre si la situation venait à pourrir. La Ligue nationale a beau brandir la menace du forfait général, elle ne pourra jamais la mettre à exécution car elle a affaire non pas à un seul mais à 28 clubs. Faire descendre d'un coup autant d'associations sportives relève de la chimère. Que faire alors ? Il faut se mettre autour d'une table et négocier. Dans cette optique, la présence du premier acteur du football national, le président de la FAF, est plus que requise. Mohamed Raouraoua est habitué à éteindre les incendies là où ils se déclarent. Rappelons que c'est, à chaque fois, lui qui intervenait avec succès pour stopper nette des mouvements de protestation au sein de l'équipe nationale. Cette histoire prend l'allure d'une nouvelle affaire Khelidi-RCK qui avait atterri dans les bureaux du TAS de Lausanne et qui avait fini par discréditer le président de la fédération, Hamid Haddadj. Il faut admettre qu'il y a eu trop de choses à faire en même temps. Les responsables du football se sont trop souvent absentés ces derniers mois car il s'agissait d'être auprès de l'équipe nationale engagée dans sa mission de la Coupe du monde. Pendant tout ce temps, le professionnalisme s'est installé dans notre football avec l'entrée en jeu de 32 clubs alors que la fédération tablait sur une dizaine seulement. Cela l'a amené à chambouler ses plans et à faire fi des résolutions de l'assemblée fédérale de juin 2009. Nous avions, dans ces mêmes colonnes, il y a quelques jours de cela, indiqué que la FAF n'avait pas su communiquer, se contentant de livrer à l'opinion publique les décisions prises par le bureau fédéral, notamment celles relatives à l'organisation des compétitions. Même lors de leur sortie médiatique face à la presse le 21 août, Raouraoua et Mecherara n'avaient pas du tout abordé ce problème des deux groupes de la division 2 alors qu'ils savaient que le feu couvait au sein des clubs amateurs. La mise en place du professionnalisme imposait la présence de tous ceux qui avaient la charge de cette mission car celle-ci était trop importante pour être réglée par coups de téléphone. En tout cas, il y a maintenant nécessité impérieuse d'être là pour tenter de régler ce problème des 28 clubs boycotteurs qui, s'il persistait, risque d'emmener tel un torrent dans ses flots tumultueux, les deux instances dirigeantes du football algérien. Et nous ne pensons pas que la Fifa se mettra du côté de ces dernières s'agissant d'une histoire où des résolutions d'une assemblée générale fédérale n'ont pas été respectées.