Le juge d'instruction français Marc Trévidic a demandé la déclassification de documents, en particulier de notes émises par le général Philippe Rondot, dans l'enquête sur la mort, en 1996 en Algérie, de moines de Tibhirine. Le juge a formulé cette demande «la semaine dernière» auprès du ministère de la Défense, selon une source judiciaire proche du dossier. Cette demande fait suite à l'audition comme témoin, le 27 septembre, du général Rondot, au cours de laquelle il a désigné le Groupe islamique armé (GIA) comme responsable de l'enlèvement et de la mort des sept moines au printemps 1996. Lors de son audition, il a indiqué aux juges n'avoir «aucun élément crédible» pour mettre en cause les services secrets algériens dans «l'enlèvement» et «l'assassinat» des sept religieux. En vertu de la loi, le ministre de la Défense, Hervé Morin, peut saisir la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) pour qu'elle donne sur ces déclassifications un avis, que le ministre est libre de suivre ou non. La quasi-totalité des avis de cette commission a jusqu'à présent été suivie par les ministres concernés. La défense avait déjà déclassifié en novembre 2009 soixante-huit documents de son ministère relatifs à cette enquête, qui s'est orientée depuis un an sur la piste d'une «bavure» de l'armée algérienne. En juin 2009, l'ancien attaché militaire de l'ambassade de France à Alger, le général François Buchwalter, avait déclaré que les religieux ont trouvé la mort lors d'une opération de l'armée algérienne, et qu'informées de cette «bavure», les autorités françaises auraient gardé le silence. Mais ses accusations ne reposent sur aucune source crédible. Buchwalter a affirmé avoir appris cette nouvelle d'un officier algérien qu'il avait connu à St Cyr, lequel l'aurait sue de son frère, pilote d'hélicoptère... Les sept moines ont été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère Notre-Dame-de-l'Atlas. Isolé, l'édifice religieux, qui se trouve à près de 80 km au sud d'Alger, est ceinturé de maquis contrôlés par les groupes armés islamistes et où les tueries étaient alors fréquentes. Le GIA a revendiqué l'enlèvement et l'assassinat des moines français. Leurs têtes furent découvertes, le 30 mai 1996, sur le bord d'une route de montagne. Leurs corps n'ont jamais été retrouvés.