Hier, dès 11h, des centaines de visiteurs se ruaient déjà vers l'immense chapiteau où se tient, du 27 octobre au 6 novembre 2010, le 15e Salon international du livre d'Alger. Dès l'arrivée, on a senti que les organisateurs ont fait des efforts par rapport à l'année passée, puisque les trois salles de conférences ont été érigées en dehors du grand chapiteau, ce qui éviterait déjà aux amateurs de conférences et rencontres littéraires de se perdre. Des cafétérias et une garderie d'enfants se trouvent également à l'entrée. Certains visiteurs ont déjà eu l'occasion de rencontrer des écrivains et même profité exceptionnellement de leurs dédicaces. Même si le petit stand réservé à la fondation Moufdi Zakaria se trouve presque caché à l'extrême d'un pavillon, les amoureux des belles paroles s'y sont rapprochés pour écouter la voix du poète de la révolution qui reprenait des vers de l'Iliade de l'Algérie. A quelques mètres de là, des jeunes posaient des questions à un représentant du ministère des Affaires religieuses dont le stand attire des centaines de visiteurs. On aurait aimé que le ministère des Affaires religieuses expose beaucoup plus de livres notamment ceux des auteurs et muphtis algériens tels que Abderrahmane Djilali ou Cheikh Hammani. Il est souhaitable que le ministère des Affaires religieuses se mette à éditer les manuscrits et rééditer les ouvrages écrits nos érudits tels que Sidi Abderrahmane Ethaâlibi. La place du livre en Suisse Au niveau de l'espace réservé à la Suisse, invité d'honneur du Sila, les visiteurs découvraient des ouvrages intéressants d'auteurs suisses. Il faut noter que ce calme et beau pays consacre une très grande importance à la lecture. En effet, dans le domaine culturel, le livre devance tous les arts, dont le cinéma, et le livre est l'un des créneaux les plus porteurs du commerce. Les Suisses accordent une attention très particulière à la lecture. 36% des foyers suisses possèdent de 50 à 200 livres et 20% dépassent les 200 livres. Pour ce petit pays de 7,7 millions d'habitants, on produit 2400 nouveaux titres par an. Il faut rappeler que la Suisse, ce pays aux quatre langues (français, allemand, italien, romanche), importe 80% de ses livres de France. Les visiteurs auront l'occasion pendant ce salon de découvrir les écrivains suisses qui seront présents, notamment le journaliste et romancier Christian Leconte, Catherine Levoy, Janine Massard et le célèbre polémiste Jean Zigler, qui est appelé à donner une conférence. Il faut noter que Christian Leconte connaît bien l'Algérie puisqu'il y a passé un séjour lorsqu'il était correspondant du quotidien suisse Le Temps. Son amour pour notre pays l'a mené à écrire un roman intitulé L'interdite Alger. Certains éditeurs ont baissé les prix Ceux qui avaient vivement réagi car le ministère de la Culture n'a pas invité l'Egypte au 15e Sila et parlé d'un certain boycott auront, dès le premier jour, remarqué que cette absence n'est pas du tout significative, car tous les grands éditeurs arabes sont présents. La disposition des stands et des pavillons semble être bien étudiée, et les gens ne s'intéressent pas seulement au livre religieux, au parascolaire et aux livres de cuisine comme dans les années passées. Bien que dans certains stands tels que celui réservé à l'Afrique, les prix sont élevés, beaucoup d'éditeurs ont décidé de baisser les prix de certains ouvrages. Aux éditions Alpha, un gros livre en arabe destiné à la femme enceinte est affiché à 400 DA. Chez le même éditeur, Mémoires nomades de Mohamed Kali et Place de la régence de Abderrezak sont vendus 200 DA chacun, alors que le livre de Kamel Bouchama Ne m'en voulez pas, le rêve est gratuit est à 400 DA. Dar Qortoba propose une série de livres faciles à lire présentant des personnalités telles que Moufdi Zakaria, Aboulkacem Echabbi et El Manfaloutti à seulement 70 DA. Dar El Hafedh Edhahabi, le spécialiste des ouvrages pour enfants, propose des coffrets (livret et DVD) destinés aux plus petits pour apprendre l'alphabet arabe et français, le Coran, etc. à seulement 300 DA. Chez Dar Errateb, on a également remarqué des prix accessibles pour les dictionnaires et lexiques (de 200 à 750 DA). La plupart des grands éditeurs privés, tels que Barzakh, Casbah, Alpha, Apic, et les grandes institutions, comme la Sned, l'OPU et l'Enag, sont venus à ce salon avec des nouveautés. L'écrivain, journaliste et éditeur Lazhari Labter, qui a décidé de se consacrer à sa maison d'édition éponyme, est également présent avec 6 nouveaux ouvrages. A 14h, au moment où nous quittons le grand chapiteau, des centaines de personnes faisaient la chaîne pour accéder aux pavillons.