Rabah Saâdane, qui a rendu visite hier au Temps d'Algérie, ne compte pas prendre de retraite, mais il ne veut plus travailler en Algérie. Il préfère poursuivre sa carrière à l'étranger, comme il l'avait fait après le Mondial mexicain de 1986 où il s'était exilé au Maroc et avait réussi à remporter la Coupe d'Afrique des clubs champions avec le Raja Casablanca aux dépens du MC Oran. Vous étiez récemment en Egypte pour assister à un séminaire organisé par la Fifa sur le thème de la participation de l'Afrique à la Coupe du monde 2010. Il se trouve que vous étiez deux Algériens à ce séminaire puisque Abdelhak Benchika y a participé. Comment cela s'est-il passé ? Vous faites bien de signaler que nous étions deux Algériens sur place. Le séminaire était ouvert aux entraîneurs qui avaient participé au Mondial et l'Algérie a été le seul des six pays africains qui ont pris part à la Coupe du monde à déléguer l'ex-entraîneur national et son successeur. C'est un point positif que n'ont pas manqué de noter les experts de la Fifa. Pour parler du séminaire en lui-même, je peux vous dire qu'il a été extrêmement enrichissant, d'autant que nous avons bénéficié de la présence de tout le staff technique de l'équipe d'Espagne, championne du monde, son entraîneur Vicente Del Bosque en tête, ainsi que de nombreux experts, notamment d'Allemagne, sans oublier ceux de la Fifa et de la CAF. Il s'agissait de faire une évaluation de la participation de l'Afrique à cette compétition, de débattre des tendances du football moderne sur le plan stratégique et technique ainsi que son évolution par rapport aux Coupes du monde précédentes. Une statistique de la Fifa nous a dévoilé que le Mondial 2010 a été marqué par une forte participation de jeunes joueurs avec 123 qui avaient moins de 23 ans à ce moment-là. Des équipes comme l'Allemagne, le Ghana et l'Argentine ont été celles qui ont présenté l'effectif le plus jeune. Même l'Algérie a été citée comme exemple avec l'apport de sept nouveaux joueurs sélectionnés après la CAN, tous des jeunes dont Boudebouz qui avait à peine 20 ans. L'accent avait été mis sur le fait que la victoire de l'Espagne avait été celle du collectif mais que très souvent la qualité individuelle avait fait la différence. On a parlé dans ce cas de l'Uruguay, qui avait terminé 4e du Mondial avec une équipe moyenne mais qui avait dans son effectif un Diego Forlan qui avait été élu meilleur joueur de la compétition tellement il avait grandement contribué aux succès de son équipe. Avec lui on a cité Gyan avec l'équipe du Ghana, Robben et Snejder avec celle des Pays-Bas, de même que Xavi, Iniesta et Villa avec celle d'Espagne. D'un certain côté, cette valorisation de certains joueurs expliquait la carence offensive de notre équipe lors de cette compétition. Cependant, j'ai pu expliquer que, très souvent, le sort d'un match dépend de quelques détails. Ainsi, contre la Slovénie, nous aurions largement mérité le match nul mais il y a eu cette exclusion malheureuse de Ghezzal suivie de la faute, tout aussi malheureuse, de Chaouchi qui ont fait basculer ce match. Du reste, par la suite nous avions tenu tête à l'équipe d'Angleterre et même contre les USA il ne nous a pas manqué grand-chose pour obtenir le match nul. On croit savoir que vous avez également abordé le problème des dates Fifa... C'est exact. Ce que j'ai dit c'est qu'il était anormal que lorsqu'il y a une compétition internationale de la dimension de la Coupe du monde, qui court entre les mois de juin et juillet, on programme un match officiel à une équipe nationale, qui revient de cette Coupe du monde, au mois de septembre. Le temps est trop court et les joueurs, notamment les nôtres qui prennent du repos mais un repos passif, ne sont pas au meilleur de leur forme quand vient ce match. J'ajoute que très souvent, pour retrouver la forme, ils mettent les bouchées doubles sans se surveiller d'où les blessures plus ou moins graves. Je suis sûr, par exemple, que la blessure de Kadir est survenue parce que ce joueur n'avait pas totalement récupéré des efforts fournis lors de la Coupe du monde. En tout cas, mon message est passé. Il est nécessaire de revoir le calendrier de la Fifa et prévoir, lorsque nous sortons d'une Coupe du monde ou de tout autre compétition internationale de grande envergure, que les premiers matches officiels d'une équipe nationale aient lieu en novembre à la place de la date Fifa actuelle retenue pour les matches amicaux. Les experts de la Fifa m'ont remercié pour ma remarque et m'ont fait savoir que c'était la même qui avait été soulevée par les entraîneurs des équipes européennes lors du séminaire organisée par la Fifa pour les techniciens de ce continent. Quel sera l'avenir de Saâdane ? Je vous annonce que je ne travaillerai pas en Algérie. Je vais laisser ma place aux jeunes. Je compte reprendre le travail sur le terrain à l'étranger. Je peux travailler comme entraîneur dans un club ou une sélection, directeur technique ou consultant. Je préfère bien évidemment prendre une sélection qu'un club. On vous annonce au Hilal d'Arabie saoudite à la place du Belge Eric Gerets, parti au Maroc pour prendre les commandes des Lions de l'Atlas, prochains adversaires des Verts dans les éliminatoires de la CAN 2012. Qu'en est-il au juste ? Au moment où je vous parle, je n'ai aucun contact officiel de la part des dirigeants d'Al Hilal. Je fais seulement partie des entraîneurs inscrits sur les tablettes de la direction de ce club. J'ai eu quelques petits contacts que j'ai déclinés. Je vais reprendre comme entraîneur à l'étranger mais sous conditions. On parle aussi de vous à Nessma TV comme consultant après avoir quitté Canal+ Maghreb... Les responsables de Nessma TV m'ont effectivement sollicité pour un rôle de consultant lors des prochains matches des coupes nord-africaines. Je suis toujours en négociations avec eux. S'agissant de Canal+ Maghreb, on s'est mis au départ d'accord pour une brève collaboration. Vous avez rencontré votre successeur en équipe nationale, Abdelhak Benchikha. Avez-vous fait une passation de consignes avec lui ? J'ai voyagé avec Benchikha au Caire où on a assisté ensemble au symposium CAF-Fifa sur le Mondial 2010. On a bien discuté ensemble. Je lui ai transmis mon programme de travail et il est en train de travailler dessus. Je serai fan de l'EN et je ne ferai aucune critique destructive sur la sélection ou les joueurs. Je leur souhaite beaucoup de réussite. Je tiens à dire que je n'ai jamais parlé de Djamel Abdoun avec lequel j'entretiens d'excellents rapports. Il y a beaucoup de spéculations et de gens malintentionnés qui sont allés jusqu'à annoncer ma mort le jour du match contre la République centrafricaine. C'est malheureux. Comment évaluez-vous les chances de l'EN dans la course pour la qualification à la CAN 2012 ? Je pense que la qualification pour la CAN 2012 se jouera entre l'Algérie et le Maroc. Les deux prochains matches entre les deux sélections seront déterminants. A mon départ, j'ai laissé les Verts à la première place du groupe D malgré le nul concédé à domicile face à la Tanzanie. C'est dommage qu'on ait perdu en Centrafrique. Le plus important, c'est de conserver l'unité de la sélection et ne pas créer de division entre les locaux et les professionnels. Il faut faire preuve de sagesse pour ne pas entrer dans une crise grave. C'est dangereux d'opposer les uns contre les autres. L'EN souffre sur le plan offensif, une explication ? L'EN est limitée sur le plan offensif en l'absence d'attaquants de très haut niveau, à l'image de Forlan qui a mené à lui seul l'Uruguay en demi-finale. Le temps était insuffisant pour améliorer davantage le rendement de l'équipe qui était seulement en apprentissage au Mondial 2010. C'était une première expérience pour ces joueurs. Il ne faut pas être très exigeant envers eux. Etre en Coupe du monde est déjà un exploit pour eux. On avait en plus beaucoup de blessés avant le Mondial. J'ai récupéré tout le monde une semaine seulement avant le premier match contre la Slovénie. Certains affirment que Saâdane se base essentiellement sur la défense... Si on n'avait pas donné une solide base défensive à l'équipe, on aurait pris des raclées en Afrique du Sud. On était en Coupe du monde. Le niveau était très élevé et on n'a pas été ridicules. C'est le plus important.