Cherif Saâdane : «Nous avons vécu une grosse pression, j'ai même perdu du poids à cause de cette rencontre contre l'Egypte» La famille de l'entraîneur national Rabah Saâdane a vécu, en compagnie de la famille de son unique frère Cherif qui habite dans la capitale des Aurès, Batna, une joie indescriptible à l'occasion de la qualification historique des Verts en Coupe du monde. Une qualification qui a libéré les proches de Saâdane de la pression terrible qui a duré plusieurs semaines. Le Buteur a rendu visite à la famille de Saâdane, qui se trouve chez son frère, pour prendre la température chez ses proches, dans leur domicile à Batna. La maison s'est transformée en un petit stade Le frère de Saâdane ne pouvait être objectif dans sa vision de la rencontre jouée à Khartoum. Ses proches ont, à l'instar de tous les Algériens, été sous la pression mais avec un engouement pour la victoire. Ils n'arrêtaient pas de prier pour que le premier responsable de la barre technique soit à la hauteur des attentes des millions d'Algériens. Mais, au coup d'envoi, le domicile de Cherif Saâdane s'est transformé en un petit stade où fusaient tous genres d'encouragements et de «conseils» pour les joueurs. Les occasions procurées par l'attaque algérienne a donné de l'espoir à tout le monde, mais qui ont tout de même affiché des appréhensions et craint un scénario comme lors de la rencontre du Caire. Tout le monde a été unanime à dire que le sourire affiché par Saâdane avant le coup d'envoi est synonyme de succès. Le but de Yahia a fait baisser la tension La famille de Saâdane a naturellement vibré avec le but marqué par Antar Yahia, vers la fin de la première mi-temps. Un but qui a libéré ses camarades et les supporters algériens et fait baisser par la même la tension chez les Saâdane. Cherif a reconnu même avoir perdu du poids pour avoir connu une grosse pression et inquiétude depuis quelques jours. Il ajoute qu'il a perdu même le sommeil et l'appétit, puisque la rencontre de l'Egypte est devenue la seule préoccupation de la famille. Célébrer la qualification avec le drapeau de 1962 Juste après le coup de sifflet final de l'arbitre, la famille Saâdane est sortie dans la rue pour fêter la qualification des Verts en compagnie des milliers de supporters qui sont descendus au centre-ville. Elle a défilé avec un drapeau qui date de 1962, jour de l'Indépendance. Celle de Cherif s'est rendue chez leur unique sœur, qui habite aussi à Batna, qui a été ravie que son frère puisse battre les Egyptiens et redonner de la joie au peuple algérien. Après avoir célébré comme il se doit ce succès, la petite famille de Saâdane est rentrée chez elle avec le sentiment du devoir accompli et a poussé un grand ouf de soulagement après avoir vécu des semaines de stress et de pression. Le cauchemar de Mexico a poussé sa femme à s'enfuir en France Si les supporters algériens ont suivi avec beaucoup de pression la rencontre de mercredi, l'épouse de l'entraîneur Saâdane s'est rappelée des incidents qu'elle avait vécus lors du Mondial de Mexique en 86, lorsque son domicile avait été attaqué par certains supporters en colère après l'élimination des Verts au premier tour. Des séquelles qui sont toujours perceptibles 23 ans après. Afin d'éviter le même scénario en cas d'échec, elle s'est envolée vers la France avant même le déplacement des Verts au Caire, où elle est restée quelques jours chez des proches. Elle a été rassurée en apprenant que l'Algérie a décroché son billet qualificatif pour le Mondial 2010. Saâdane, le planificateur de la qualification au Mondial Les habitants de la ville de Batna sont plus fiers que jamais de leurs fils prodige, Rabah Saâdane. Ceux qui ont dépassé la soixantaine connaissent l'ancienne maison du cheikh, qui est devenu le planificateur de la qualification au Mondial. Rabah Saâdane est connu pour ses réalisations : la qualification des juniors à la fin des années 1970, membre du staff technique lors de l'épopée de 1982, la qualification de l'EN au Mondial mexicain de 1986 et le bon parcours réalisé en 2004 lors la dernière participation des Verts en Coupe d'Afrique. Il a grandi au stade Sefouhi Rabah Saâdane est né dans une maison modeste jouxtant le stade Sefouhi de Batna, en 1946. Sa famille est issue de la région Al Ansar de Milia (Jijel). Saâdane a grandi donc aux environs du stade Sefouhi qu'il a adulé depuis son enfance. C'est sur ce terrain qu'il a appris l'abc du football, un sport qu'il aime plus que toute autre chose et qui circule dans ses veines. Le coach a su toutefois concilier entre le football et les études qu'il a bien réussies d'ailleurs. Il a décroché son bac scientifique en 1966 à Constantine. Une blessure a stoppé sa carrière footballistique Avant d'embrasser la carrière d'entraîneur, Rabah Saâdane était un bon joueur. Au milieu des années 1960, il a été promu en équipe première du MSPB, alors qu'il n'était que cadet à l'époque. poursuivant ses études à Constantine, le cheikh a signé au MOC, avant de jouer à El Biar et Blida. Saâdane a fait toutes ses classes dans l'EN avant de recevoir sa première convocation en équipe première par l'entraîneur Rachid Makhloufi. Mais il a été contraint de mettre un terme à sa carrière de joueur à l'âge de 27 ans à cause d'une blessure. Kamel pour les intimes, et doubara reste son plat préféré Le frère du cheikh Saâdane nous a appris que ses amis intimes ne l'appellent pas Rabah, mais Kamel. Cherif nous a raconté que son frère aimait le football depuis son jeune âge et a toujours été calme, même enfant. Rabah Saâdane ne s'emballe jamais et prend tout son temps pour prendre une quelconque décision. Cherif nous apprendra par ailleurs que son frère aime les plats traditionnels. Doubara en est incontestablement son préféré. S. S. ------------ Cherif Saâdane : «Nous avons vécu une grosse pression, j'ai même perdu du poids à cause de cette rencontre contre l'Egypte» * Tout d'abord, félicitations pour la qualification au Mondial… Mabrouk à tous les Algériens, qui ont attendu avec impatience le coup de sifflet final de l'arbitre. Dieu merci, notre rêve est devenu réalité, après quelques jours de souffrance et de pression. * Comment la famille Saâdane a-t-elle vécu le match de mercredi passé ? Avant d'évoquer cette rencontre, on doit revenir en arrière, c'est-à-dire à celle de samedi que nous avons suivie avec beaucoup d'inquiétude après les agressions dont ont été victimes nos joueurs et nos supporters. Personnellement, j'ai perdu l'appétit et le sommeil. * Qu'avez-vous ressenti après la défaite au Caire et l'obligation de passer par un match d'appui ? Franchement, je n'étais pas inquiet pour la qualification, mais j'avais peur pour la santé des joueurs après ce qu'ils ont vécu en Egypte. Pour le match du Soudan, j'étais plutôt serein. Avant le coup d'envoi, j'ai aperçu Rabah Saâdane qui se dirigeait vers le banc de touche avec un sourie, contrairement au match de samedi au Caire. Cela m'a donné une certaine assurance. * Comment avez-vous vécu les deux matches contre l'Egypte ? Avec beaucoup de pression. En tant qu'Algérien et frère du premier responsable de la sélection, j'étais trop inquiet et énervé. Ce qui a affecté mon quotidien jusqu'à la fin de la dernière rencontre. * Qu'avez-vous ressenti après le but de Antar Yahia ? C'est un but qui nous a beaucoup soulagés. Il nous a donné un espoir fou de nous qualifier au Mondial, et c'est ce qui est arrivé. * Qu'avez-vous fait après la fin de la rencontre ? A la fin du match, c'est la joie et le bonheur qui ont régné à la maison. Nous sommes naturellement sortis dans la rue pour partager la joie avec les supporters au centre-ville de Batna. * Comment la famille de Saâdane a-t-elle suivi le match ? Il faut savoir que son épouse n'a pas oublié ce qui s'était passé en 1986. Elle en souffre encore et elle a toujours mal lorsqu'elle se rappelle ces incidents. Donc, elle a préféré se rendre en France pour éviter toute mauvaise surprise. Nous l'avons appelée pour lui apprendre la bonne nouvelle. Elle était soulagée et heureuse pour cette qualification. * Comment votre frère a-t-il accueilli la nouvelle du décès de sa mère, il n'y a pas longtemps ? Rabah s'en remet toujours à Dieu. A chaque fois qu'il lui arrive quelque chose ou à l'un de ses proches, il prie Dieu de lui donner la force de surmonter l'épreuve. C'est l'une de ses qualités. * Certains l'appellent Kamel, pourquoi ? Ceux qui ont grandi avec lui l'appellent Kamel, c'est aussi le cas à la maison. Les gens ont découvert le nom de Rabah grâce à la presse, puisqu'il s'agit de son véritable prénom. * On croit savoir que Rabah Saâdane sera honoré par le président de la République, votre sentiment ? Ce sera un honneur pour lui, sa petite famille et la famille sportive algérienne. Je profite de l'occasion pour remercier le président de la République qui a joué un grand rôle dans le déplacement des supporters au Soudan. Entretien réalisé par Salah S.