Quelques jours seulement nous séparent du début de la campagne oléicole dans la wilaya de Béjaïa. A cet effet, les différents acteurs de cette campagne s'échinent à faire les dernières retouches afin d'être fin prêts. Qu'il s'agisse des huileries, des propriétaires des oliveraies ou de métayers (saisonniers), tout ce beau monde est en train de se préparer afin de commencer sous de bons auspices la récolte des olives. Pour les huileries, comme nous l'avons remarqué dans la vallée de la Soummam, les tenanciers de ces unités mettent les bouchées doubles afin de recevoir les premières récoltes dans quelques semaines, et de répondre aux sollicitations et à la demande, qui sera indubitablement très importante, eu égard aux prémices d'une excellente récolte. Ainsi, les aires devant recevoir les récoltes sont aménagées, nettoyées pour être prêtes à recevoir des amoncellements d'olives à presser. Pour leur part, les machines servant à la presse des olives, et qui étaient mises en veilleuse durant tout l'été, sont montées, nettoyées et préparées pour être fonctionnelle le cas échéant. L'on s'échine également dans ces huileries à dénicher la main-d'œuvre, recrutée parmi les jeunes chômeurs, qui trouvent dans cet emploi de saison, une aubaine pour se tirer d'affaire, en amassant une bonne somme d'argent. Ces journaliers sont payés en moyenne 500 DA/jour. Toutefois, leurs travail est loin d'être de tout repos, puisqu'ils travaillent d'arrache-pied, presque d'une manière ininterrompue, à cause des quantités impressionnantes d'olives à presser. Pour leur part, les ménages ou les propriétaires d'oliveraies préparent de leur côté la cueillette des olives qui s'annonce rude, en ce sens que la récolte des olives est toujours laborieuse et demande beaucoup d'énergie, d'agilité et surtout d'attention, car l'olivier, comme des humains sensibles, doivent être entretenus avec bienveillance en bannissant le goulag et les méthodes qui ne portent que préjudice à cet arbre. Pour le matériel, l'on aura besoin de bâches, que l'on achète au marché, de l'échelle pour accéder aux coins et recoins inaccessibles et surtout de peignes de gaulage en plastique, très indiqués par les spécialistes, pour la cueillette des olives, parce que provoquant moins de dégâts sur ces fruits oléagineux. Les métayers au secours des ménages A la préparation des outils et matériel servant à la cueillette, les propriétaires des oliveraies préparent également le terrain pour une récolte avec moins d'encombres. Ainsi, les alentours immédiats des oliviers sont sarclés, débarrassés des mauvaises herbes et de tout ce qui gênerait la bonne olivaison. Toutefois, ce ne sont pas tous les propriétaires d'oliveraies qui font la cueillette, beaucoup d'entre eux sont contraints, pour une raison ou une autre, de faire appel aux métayers (aâmmal) ou saisonniers, qui louent leurs bras pour cueillir pour les autres en contrepartie de la moitié de la récolte, bien évidemment, pressée en huile. Et ce n'est pas ce qui manque dans ces contrées. Faut-il souligner que cette activité est pourvoyeuse d'emploi, même si c'est occasionnellement, mais suffisante quand même pour passer des mois à l'abri du besoin. Beaucoup de familles démunies viennent carrément des wilayas limitrophes, notamment de Bordj Bou Arréridj, vers la vallée de la Soummam pour le métayage. Par ailleurs, des rites accompagnent l'olivaison, hérités des ancêtres. Parmi ces rites ou traditions, l'on retrouve timechret ou louziââ, pratiqués encore de nos jours, parce que très cruciales pour l'affermissement des liens, qui se retrouvent quelque peu effilochés par les temps modernes. Ainsi, au village Taguemount, d'où est originaire le célèbre Zinedine Zidane, les habitants ont organisé, hier, timechret, en égorgeant 4 bœufs pour que la baraka accompagne la campagne oléicole qui s'annonce excellente.