La campagne oléicole dans la wilaya de Béjaïa s'annonce sous de bons auspices. En effet, contrairement à l'année précédente où la récolte a été très faible, cette année, et contre toute attente, la récolte pourrait être meilleure si les conditions climatiques le permettaient. Lors de notre virée dans les oliveraies de la vallée de la Soummam, les oliviers donnaient plaisir à voir, tant les fruits, même si ce n'est pas l'exubérance, font arquer les branchages, tellement ils en sont chargés. Dans la daïra de Tazmalt, classée d'ailleurs première à l'échelle nationale pour sa production et la qualité de son huile, les oliveraies affichent un excellent état de santé et les olives prennent du volume, à la faveur des dernières pluies salvatrices à plus d'un titre. La couleur des olives tire à présent vers le violet, synonyme d'un début de maturité qui intervient entre les mois de novembre et décembre, selon la région. Les travaux de défrichement des oliveraies n'ont pas encore commencé, en ce sens que la cueillette est encore loin. Ce que l'on a remarqué également c'est l'état des olives, qui dans la plupart des oliveraies n'est pas atteint de la redoutable maladie appelée la mouche de l'olivier, laquelle est causée par un insecte qui n'atteint que les olives. Pour information, lorsque l'olive est formée, cet insecte la pique et y pond des œufs. Une larve s'y développe et creuse des galeries, se transformant en chrysalide, et donne à la fin naissance à un insecte adulte qui s'échappera à l'extérieur du fruit en y perçant un trou. Un traitement phytosanitaire durant le mois de juillet est nécessaire si l'on veut l'éliminer… Malheureusement, cet insecte demeure non combattu par beaucoup de ménages propriétaires d'oliviers qui l'ignorent ou qui trouvent les produits phytosanitaires trop chers pour le combattre. Résultat des courses : les olives sont endommagées et le fruit est irrécupérable. Ce qui donne à la fin une récolte catastrophique. En tout cas, la plupart des oliviers que nous avons examinés ne souffrent pas de cette maladie ravageuse. Un coup de chance, comme dirait l'autre ! Le verger oléicole se rétrécit Nonobstant le fait que la wilaya de Béjaïa dispose d'un verger oléicole important, classé le premier en Algérie, le constat tend vers le pessimisme à cause des facteurs non négligeables, qui le réduisent chaque année. En effet, des milliers d'oliviers sont détruits chaque année par les incendies. Des hectares d'oliveraies disparaissent chaque année, en réduisant de plus en plus le verger oléicole qui se rétrécit comme une peau de chagrin. La régénération pratiquée par quelques paysans n'est malheureusement pas en mesure de remplacer ce que les flammes ont dévoré, encore faudra-t-il avoir les coudées franches et l'aide de l'Etat pour le faire, car beaucoup de paysans ne peuvent pas accéder aux aides octroyées par l'Etat, notamment dans la filière oléicole, pour de multiples raisons. Autre facteur et pas des moindres, c'est l'extension urbaine. Ce phénomène peut à lui seul exterminer toutes les oliveraies de la région, tellement des milliers d'oliviers sont sciés pour les besoins de la construction, et le tout dans un mépris inégalé pour cet arbre que nos aïeux vénéraient presque. La négligence vient porter un autre coup à l'oléiculture, en ce sens que les oliviers ne sont pas travaillés ni entretenus par les propriétaires, qui ne s'en souviennent qu'à l'approche de la cueillette, pour les oublier ensuite, alors que cet arbre a besoin de tous les égards et des travaux nécessaires (arrosage, taille, défrichement...) lui permettant son épanouissement.