Le développement économique n'est pas tributaire de l'abondance des ressources naturelles mais plutôt de la bonne gouvernance qui permet aux pays dépendant de ces matières d'éviter les effets des mauvaises surprises de la conjoncture internationale et même celles de la nature. Il s'agit là des conclusions présentées jeudi dernier par des experts internationaux. Ces derniers ont participé à un séminaire organisé par la Banque d'Algérie et le Fonds monétaire international (FMI) autour du thème «Les ressources naturelles, finances et développement : faire face aux anciens et nouveaux défis». L'ouverture de la rencontre a été présidée par le Premier ministre Ahmed Ouyahia et le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. «Le développement passe d'abord par une bonne éducation, une bonne formation de la population parce que le capital humain est primordial», a souligné Thorvadur Gylfason, Pr d'économie à l'université d'Islande, assurant que «les pays dépendant des revenus des ressources naturelles peuvent garantir la bonne gouvernance en délégant la gestion de ces revenus à un organe complètement indépendant». Cet expert a ainsi préconisé «la création d'un organe autonome à l'instar de la Cour des comptes, qui serait chargé du contrôle de la gestion des revenus générés par les ressources naturelles», en appelant les pays émergents à «mettre de la distance entre leurs banques centrales et leurs politiques car ces banques doivent être indépendantes et transparentes». Evoquant la principale problématique évoquée par le séminaire, celle de trouver les moyens de rentabiliser les ressources naturelles au profit de l'emploi et de l'émergence d'un secteur privé performant, il a estimé que «l'existence de ces ressources n'est pas un problème en tant que tel, elle n'est donc ni bénédiction ni malédiction». Arguments à l'appui, l'expert islandais dira que «le monde a pu voir des pays pauvres en ressources réussir, à l'instar du Japon, Hong Kong, Singapour et la Suisse, et d'autres réalisant une croissance importante avec une abondance de richesses naturelles». Quant à la diversification des ressources de l'économie, l'objectif le plus pertinent de plusieurs économies émergentes dont celle de l'Algérie, Alan Gelb du Center for global dévelopment voit que «cette perspective est réalisable puisque des pays d'Amérique latine ont réussi en dix ans à doubler leurs exportations en métaux de base tout en multipliant par huit celle des produits manufacturés». Sur l'enjeu de la diversification, les experts s'accordent à dire que la dépendance aux ressources, tel le pétrole, donne un faux sentiment de sécurité et engendre une croissance à court terme tandis que l'économie diversifiée donne de meilleurs résultats à long terme.