Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, souligne que l'Algérie trop dépendante des revenus d'une seule ressource, à savoir, les hydrocarbures, mène une «bataille de développement». «Depuis le début de cette décennie, l'Etat investit intensément sa volonté, ses énergies et ses ressources budgétaires dans le développement humain, la réforme de l'Etat, la modernisation des infrastructures et la promotion de l'entreprise», a-t-il déclaré, jeudi, lors de l'ouverture du séminaire international organisé par la Banque d'Algérie et le Fonds monétaire international (FMI) autour du thème «Les ressources naturelles, finances et développement : faire face aux anciens et nouveaux défis». M. Ouyahia explique notamment que l'Algérie, qui a été atteinte par la crise économique mondiale à travers ses recettes d'exportation, a réussi à en atténuer les effets grâce «au remboursement anticipé» de sa dette extérieure et la constitution d'une épargne publique substantielle au niveau du Fonds de régulation des recettes. Il précise que «l'Algérie n'a pas été atteinte au niveau de son système financier, mais elle l'a été durement à travers ses revenus extérieurs tirés des hydrocarbures» et note que ces recettes d'hydrocarbures «ont perdu près de la moitié de leur valeur durant l'année dernière, avec un impact de même amplitude sur les recettes du budget de l'Etat» du fait des effets de la crise économique mondiale. Mais, affirme-t-il, «l'Algérie a pu poursuivre sans dommage majeur son intense processus de développement économique et social». M. Ouyahia rappelle, par ailleurs, que l'Etat a mobilisé pour le programme de développement quinquennal 2010-2014 une enveloppe de 286 milliards de dollars. Le poids de cette «bataille de développement» et sa charge «critique» sur les finances publiques ont valu à l'Algérie les «encouragements du Fonds monétaire international (FMI)», s'est-il par ailleurs félicité». LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE TRIBUTAIRE DE LA BONNE GOUVERNANCE, SELON DES EXPERTS Pour les experts internationaux participant à ce séminaire, le développement économique n'est pas tributaire de l'abondance des ressources naturelles mais plutôt de la bonne gouvernance qui permet aux pays dépendant de ces matières d'éviter les effets des mauvaises surprises de la conjoncture internationale et même celles de la nature. Thorvadur Gylfason, Pr d'économie à l'université d'Islande a souligné que «le développement passe d'abord par une bonne éducation, une bonne formation de la population parce que le capital humain est primordial». L'expert assure notamment que «les pays dépendant des revenus des ressources naturelles peuvent garantir la bonne gouvernance en délégant la gestion de ces revenus à un organe complètement indépendant». Il préconise ainsi «la création d'un organe autonome à l'instar de la Cour des comptes, qui serait chargé du contrôle de la gestion des revenus générés par les ressources naturelles», en appelant les pays émergeants à «mettre de la distance entre leurs banques centrales et leurs politiques» car ces banques, dit-il, doivent être «indépendantes et transparentes». Quant à la diversification des ressources de l'économie, l'objectif le plus pertinent de plusieurs économies émergeantes, Alan Gelb du «Center for global dévelopment» voit que cette perspective est «réalisable» puisque «des pays de l'Amérique latine ont réussi en dix ans à doubler leurs exportations en métaux de base tout en multipliant par huit celle des produits manufacturés». Sur l'enjeu de la diversification, cet expert explique que «la dépendance aux ressources tel le pétrole donne un faux sentiment de sécurité et engendre une croissance à court terme tandis que l'économie diversifiée donne de meilleurs résultats à long terme».