Alors que le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication a formé une cellule de crise pour gérer, du moins pour la semaine qui reste avant l'Aïd, cette «situation jamais vécue auparavant», le PDG d'Algérie Poste pointe du doigt la Banque d'Algérie, premier responsable à ses yeux du manque de liquidités au niveau des bureaux de poste. Devant les guichets et à travers tout le territoire national, comme nous le rapportions dans notre édition de dimanche, des files interminables sont constatées. «Nous n'avions jamais connu pareille situation. Si nous avions les liquidités, nous nous ferions un grand plaisir de servir nos clients», a estimé hier Boutheldja Omari, PDG d'Algérie Poste, qui s'exprimait sur les ondes de la Chaîne 3 de la radio nationale. Le patron d'Algérie Poste pointe du doigt la Banque d'Algérie, coupable, selon ses dires, de manque de contrôle sur les liquidités qui inondent les marchés informels. Affirmant qu'Algérie Poste s'approvisionne auprès de la Banque d'Algérie dans les succursales de wilayas où «une certaine indisponibilité de liquidités» est remarquée, il tranchera : «S'il y a trop de liquidités à l'extérieur, il n'appartient pas à Algérie Poste de les ramener dans les banques», arguant dans ce contexte que «si l'argent sort et ne rentre pas, cela donne un déficit» C'est la Banque d'Algérie qui imprime les billets, pas Algérie Poste», s'est-il encore défendu, soulignant qu'Algérie Poste n'est qu'un simple canal du Trésor public chargé essentiellement de la gestion des comptes CCP. Affirmant tout de même que son institution travaille «jour et nuit et heure par heure» en collaboration avec la banque d'Algérie, M. Omari ajoutera que AP prend toujours ses mesures en temps réel. Il affirmera dans ce sillage qu'Algérie Poste, dont le portefeuille client est de 12 millions de dinars, dispose de ses propres moyens de convoyage. «Nous travaillons avec des privés», a-t-il dit, non sans rappeler que «pour pouvoir déplacer un convoi d'un endroit à un autre, il faut des autorisations.» Le premier responsable d'AP a relevé pour rassurer ses clients la «promesse et l'engagement» de la Banque d'Algérie de constituer des réserves en priorité à Algérie Poste qui doit gérer un nombre impressionnant de salaires. «De notre côté, nous nous sommes organisés avec l'installation de cellules au niveau central et local», a-t-il affirmé, décrivant le travail «posté» des agents d'AP comme celui des pompiers. «Lorsque la Banque d'Algérie n'a pas les moyens d'acheminer l'argent, elle utilise les véhicules d'Algérie Poste», a-t-il également souligné. S'exprimant sur la gestion de telles situations, M. Omari a indiqué qu'AP a mis en place un système d'entraide inter-wilayas, de sorte que celle qui dispose de liquidité ou qui fait face à une crise alimente l'autre. Le PDG d'Algérie Poste préconise enfin l'utilisation d'autres moyens de payement car «le billet est le moyen le plus complexe à gérer». En effet, une panne de 2 jours des distributeurs, conjuguée à la grève de certains employés, génère une situation de crise qui risque encore de durer tant l'«affolement», la précipitation et parfois l'émeute forment un triste décor devant les bureaux de poste à une semaine de l'Aïd.