«On achète le sachet de lait à 30 DA dans une localité productrice, c'est vraiment absurde», s'indigne Abdeslam, un citoyen issu de la commune de Draâ Ben Khedda, distante de 6 km à l'ouest du chef-lieu de Tizi Ouzou. La crise du lait, accentuée ces derniers jours par la fermeture de plusieurs laiteries et unités de production privées, a des répercussions sur le simple citoyen. Ainsi, selon le constat fait hier sur les lieux, le sachet de lait d'un litre se vendait à 30 dinars à travers les différents points de vente de détail, notamment les magasins d'alimentation générale de la localité de Draâ Ben Khedda, atteignant même les 35 DA chez certains commerçants. En effet, depuis l'arrêt de la laiterie privée de cette commune le 1er novembre, en raison de sa non-approvisionnement en matière première, les habitants de l'ex-Mirabeau et autres localités limitrophes, à l'instar d'Aït Yahia Moussa, Tadmaït, Boghni et Tizi Ouzou, alimentées en majorité par la laiterie de Draâ Ben Khedda, vivent le calvaire. De leur côté, les distributeurs des régions citées se sont rabattus sur la laiterie de Boudouaou, sise dans la wilaya de Boumerdès, pour subvenir aux besoins de leurs clients. Ces distributeurs, ne possédant pas dans leur majorité de carte client pour l'achat du lait directement de l'unité de Boudouaou, se voient dans l'obligation de l'acquérir en deuxième main, c'est-à-dire d'un autre distributeur client, et ainsi la pratique spéculative fait alors la loi. La même chose se passe également, selon des sources locales, dans la commune de Tadmaït, pas loin de Draâ Ben Khedda, où le sachet de lait est cédé entre 30 et 35 DA. Alors que le président du Comité interprofessionnel du lait (CIL), Mahmoud Benchekour, qui est intervenu hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, est convaincu qu'il n'existe pas de pénurie de lait en sachet en Algérie, la réalité du terrain dit malheureusement le contraire. Pour rappel, un sit-in devant l'enceinte de la laiterie de Draâ Ben Khedda a été organisé le 7 novembre par quelque 75 distributeurs. Ces derniers ont exprimé, lors d'une réunion improvisée du bureau exécutif de wilaya de l'Union général des commerçants et artisans algériens (UGCAA), leurs inquiétudes quant à cet arrêt de l'unité, et n'ont pas omis d'émettre des doutes quant à la raison avancée par les responsables de la laiterie relative au non-approvisionnement en poudre de lait. Poussant plus loin, certains d'entre eux pensent que le quota destiné à la laiterie serait détourné au profit d'autres producteurs. En attendant d'autres rebondissements dans cette affaire qui ne cesse de prendre de l'ampleur malgré les assurances des responsables, le simple citoyen continue de subir les conséquences d'une mauvaise gestion du secteur de l'agriculture.