De l'avis de nombreux spécialistes, dont certains de la cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) Algérie, le blanchiment d'argent est effectué en premier lieu dans l'achat de biens immobiliers (lots de terrain, villas, logements haut standing), ce qui explique en partie selon eux le maintien ou la hausse des prix enregistrés dans l'immobilier. Ce constat est illustré, ajoutent-ils, par l'importance du nombre de lots de terrain, villas et logements haut standing saisis par mesure conservatoire dans le cadre de plusieurs affaires liées à des détournements de deniers publics, qualifiées d'«atteinte à l'économie nationale». Dans la seule affaire du transfert illégal de 15 millions de dollars américains et 6 millions d'euros élucidée récemment par la brigade de recherches relevant du groupement d'Alger de la Gendarmerie nationale, les investigateurs ont répertorié, comme blanchiment d'argent, l'achat de plusieurs villas à Hydra et Bir Mourad Rais, sans compter les dizaines de véhicules de luxe, dont la plus grande partie sont des véhicules 4x4 et deux yachts, selon une source judiciaire. Le trafic de drogue n'est pas en reste puisque, selon des sources judiciaires, des dizaines de villas, véhicules et logements haut standing ont été saisis par la justice par mesure conservatoire avec le démantèlement de réseaux tenus par des narcotrafiquants. Ces sources rappellent l'affaire de la saisie, début avril 2009, de 5,5 tonnes de résine de cannabis à l'intérieur de deux containers dans la zone industrielle de Rouïba. Le colonel Mustapha Taibi, commandant du groupement de la wilaya d'Alger de la Gendarmerie nationale, avait annoncé, en janvier 2010, dans le cadre de cette affaire, que plus de 43 milliards de centimes, 20 750 euros, 1538 kilogrammes de bijoux en or, cinq voitures de luxe, cinq villas luxueuses, quatre appartements haut standing, dix lots de terrain, dont une grande partie se trouve à Alger, certains atteignant 5 000 m⊃2; de superficie, et deux locaux commerciaux ont fait l'objet de saisies conservatoires. Il est à noter que cette affaire n'est pas la première du genre, ce qui fait dire à certains spécialistes de la lutte contre le blanchiment d'argent que la nouvelle loi devant entrer en vigueur en 2011 et rendant obligatoire le recours aux chèques comme moyen de payement pour toute transaction financière dépassant la somme de 50 millions de centimes pourrait participer de façon efficace contre le blanchiment d'argent dans notre pays. En attendant, ajoutent ces sources, les prix de l'immobilier continueront à grimper à cause, notamment, du blanchiment d'argent dans ce créneau.