Près de 40% du marché informel relèverait du blanchiment d'argent », a affirmé le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), Abdelmadjid Amghar, dans un entretien accordé hier à l'APS. M.Amghar a rappelé en outre que la CTRF « dispose au niveau de toutes les banques algériennes et étrangères activant en Algérie d'un correspondant qui constitue l'interface entre sa banque et cet organe de traitement du renseignement financier ». Interrogé sur le montant de l'argent blanchi en Algérie, M.Amghar a considéré que « dans un marché informel qui continue à occuper une place importante, on ne peut pas savoir ce qui se passe dans cette sphère où il n'y a aucune traçabilité des opérations ». Ainsi, plus de 150 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme font l'objet d'enquête par la CTRF, a-t-il indiqué. Pas moins de 153 déclarations de soupçon ont été présentées à la CTRF par des organismes soumis à l'obligation d'informer cette cellule des cas suspects constatés lors de l'exercice de leurs activités, et ce, depuis que cette cellule est entrée en activité en 2004, selon M. Amghar. « Sur ces 153 dossiers, 151 font encore l'objet d'enquête alors que deux ont été transmis à la justice. » Pour le seul premier trimestre de 2008, « 40 dossiers de cas suspects de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme ont été soumis à cette cellule contre 66 dossiers sur toute l'année 2007, 38 en 2006 et 11 en 2005 », poursuit le même responsable. Tout en indiquant que « la CTRF recueille des renseignements à travers des déclarations de soupçon établies sur la base d'opérations jugées douteuses par les organismes soumis à l'obligation de déclarations de soupçon », le président de la CTRF a précisé que ces organismes informateurs sont « des organes financiers (banques, assurances...) et des organes non financiers réglementés (notaires, agents immobiliers, commissaires aux comptes, transitaires...) qui sont cités par la loi du 6 février 2005 (article 19) relative à la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme ». Mais « ce sont les banques qui contribuent davantage à informer la CTRF sur les cas suspects alors que les autres assujettis ''informateurs'' sont, dans une moindre mesure, à l'origine des déclarations de soupçon », a indiqué encore M. Amghar. Se voulant plus précis, le président de la CTRF a affirmé que « sur les 153 déclarations de soupçon, 133 ont été élaborées par les banques (87%), contre 10 par les services douaniers (6,5%), 4 par Algérie Poste (2,6%), 3 par les commissaires aux comptes (1,9%), 2 par la police judiciaire (1,3%), tandis que les services fiscaux viennent en dernier avec une seule déclaration de soupçon (0,6%) ».