Travail n Plus de 153 déclarations de soupçons de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme font l'objet d'une enquête, a indiqué, hier, lundi, le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf). Sur ces 153 dossiers, 151 font encore l'objet d'une enquête alors que 2 ont été transmis à la justice, selon M. Amghar. Rien que pour le premier trimestre de l'année en cours, 40 dossiers ont été soumis à cette cellule contre 66 sur toute l'année 2007, 38 en 2006 et 11 en 2005. Pour accomplir sa mission, la Ctrf recueille des renseignements à travers des déclarations de soupçons établies sur des opérations jugées douteuses par les organismes soumis à l'obligation de déclaration de soupçons. Ces organismes, appelés «assujettis», sont sous formes de deux grands groupes. Il s'agit des organes financiers (les banques et les assurances) et des organes non financiers réglementés (notaires, agents immobiliers, commissaires aux comptes, transitaires) qui sont cités dans la loi du 6 février 2005 relative à la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Après constitution du dossier, analyse et traitement, le Conseil de la Ctrf décide, selon le degré de présomption, de la transmission du dossier au procureur de la République. Il est constaté, cependant, que ce sont les banques qui informent souvent la Ctrf sur les cas suspects alors que les autres assujettis «informateurs» sont, dans une moindre mesure, à l'origine des déclarations de soupçons. Ainsi, sur les 153 déclarations de soupçons recensées, 133 ont été élaborées par les banques (87%), 10 par les services douaniers (6,5%), 4 par Algérie Poste (2,6%), 3 par les commissaires aux comptes (1,9%), 2 par la Police judiciaire (1,3%) et 1 (0,6%) par les services fiscaux. Selon M. Amghar, la Ctrf dispose au niveau de toutes les banques algériennes et étrangères activant en Algérie d'un «correspondant» qui constitue l'interface entre sa banque et la Ctrf. A la question de savoir le montant de l'argent blanchi en Algérie, M. Amghar, qui avait été à la tête de l'Inspection générale des finances (IGF) durant six années avant de diriger la Ctrf depuis 2006, a répondu en affirmant que «dans un marché informel qui continue à occuper une place importante, on ne peut pas savoir ce qui se passe dans cette sphère où il n'y a aucune traçabilité des opérations». Mais selon ses estimations, «près de 40% du marché informel relèverait du blanchiment d'argent».