Trois enseignants et une femme au foyer sont présents dans le couloir du tribunal. Les trois enseignants sont poursuivis pour adultère, la femme au foyer est l'épouse du «Don Juan» qui avait été surpris en galante compagnie avec une «oustada» mariée et mère de six enfants dans un bosquet loin du lieu de travail, à 22 km de là. L'amant, lui, était dans tous ses états, car sa femme, une poupée, avait la nausée à la vue de la maîtresse. La dame «victime d'adultère» avait été convoquée pour compléter une instruction menée tambour battant, car il y avait trois détenus à juger et des enfants livrés à eux-mêmes. Souhila, l'épouse, était choquée de voir la maîtresse de son mari. «Regardez-là ! Qu'a-t-elle de plus que moi ?», avait-elle lancé à une dame assise sur le banc du couloir où se trouve le bureau de la juge pour entendre les trois cocos, inculpés d'adultère, fait prévu et puni par l'article 339 du code pénal, un article qui ne peut être «blanc» que si le conjoint pardonne et met fin aux poursuites. Hassina, enseignante, est surprise en flagrant délit d'adultère avec Hamid C., un enseignant marié avec Souhila, mère de trois beaux enfants. Horrifiée, Souhila avait appris que son beau gosse de mari, si gentil, si prévenant, épris de ses enfants qui ne manquent de rien, était finalement un petit méchant coureur de jupons. Et quel jupon ! D'ailleurs, le procureur de l'audience avait eu cette réflexion : «Laquelle des deux est madame ?» L'inculpé montre Souhila. C'est vrai, la question du représentant du ministère public avait toute son importance ! La maîtresse, Hassina, était plus âgée que madame, elle était plus «usée», et madame gardait une mine superbe et était vingt fois plus belle. - «Voyez-vous monsieur, nous confiera-t-elle avant d'entrer dans la salle du huis clos, il y a des hommes qui cherchent des insectes aux dépens de poupées. Allez savoir pourquoi.» Des mots aigres, justes et surtout rappelant au gus que sur le plan religieux, la peine est super-lourde «car, dira-t-il, la loi n°82-04 du 13 février 1982 de l'article 339 du code pénal vont en droite ligne de la loi des hommes» en emprisonnement d'un à deux ans pour toute personne (homme ou femme) convaincu d'adultère. Ici, c'est le cas, car le mari poursuit sa femme. «La loi doit s'exercer, et en ce qui concerne le ministère public, l'action publique continue jusqu'au prononcé du verdict, c'est pourquoi nous réclamons une peine de deux ans ferme pour les deux inculpés», a tonné le procureur. Entre-temps, l'épouse trompée pleure, car son mari était tout pour elle. Et puis, il y a les enfants. «Quel sera leur sort ? Pourquoi devront-ils attendre si longtemps ?», avait-elle pensé haut, prenant les demandes du parquetier pour la sentence prononcée. Et à propos d'enfants, retenons cette précision de taille, dans ce cas d'espèce, il y a des juges de siège qui sont poussés par l'intime conviction (qui n'existe qu'en criminelle) et doivent alors prendre en compte le devenir des enfants. Et ici, nous revenons à l'autorité du juge du siège qui a tout en main, en théorie sûrement, mais dans la pratique, il nous est arrivé de nous confronter à des juges qui ne mesurent jamais à temps leurs déclarations du genre : «J'ai reçu des instructions !» Non messieurs, vous seuls décidez ! Il n'y a aucune instruction dans un procès «libre». Et c'est dans la foulée que le juge de cette audience a pris en compte les enfants en condamnant l'amant et la femme infidèle à une peine de prison de deux ans assortie de sursis, heureusement. Et là aussi, un hommage appuyé au magistrat qui a fait sien cet adage que le juge est seul «maître à bord».