Se présenter à la barre avec le statut de détenu inculpé outre de tentative de vol, délit «bidon», d'outrage à agents de police dans l'exercice de leurs fonctions et surtout de coups et blessures volontaires avec une arme blanche (gourdin) appuyés d'un arrêt de travail de six jours. ce grave délit pour lequel il va écoper d'une peine de prison ferme car ici, il y a lieu de préciser que la récidive y était et avec la présidente de la section correctionnelle du mardi du tribunal d'El Harrach, juridiction évoluant sous l'œil vigilant et rigoureux de la cour d'Alger, ce n'est jamais gagné d'avance lorsque l'inculpé prié de dire le traditionnel dernier mot, demande l'indulgence. Cette demande tombe à l'eau car aucun magistrat ne peut fermer l'œil sur un récidiviste. Ce qui est par contre bon à souligner, c'est cette histoire de tentative de vol, car d'une part la victime est invisible et que le dossier demeure sans preuves ni témoins. Et ce n'est pas cette jeune magistrate qui va s'amuser à jouer à la juge incompétente. Le reste, Abderrahim n'est pas prêt de l'oublier. Non jamais... «Alors inculpé, est-on décidé à aller au fond et en finir avec vos problèmes et ceux causés par de sombres circonstances et au tribunal. Allez-vous mieux ? Etes-vous disposé à être jugé ce mardi ?», balance d'emblée Selma Bedri, la présidente de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach de la cour d'Alger. Abderrahim N., la vingtaine, baisse la tête et articule dessous. Ce ne sont même pas des syllabes. Visiblement, il tente de faire passer un message. Et quel message ! - Alors, nous attendons. Vous êtes inculpé de coups et blessures volontaires à l'aide d'une arme blanche, de tentative de vol et d'outrage à agents dans l'exercice de leurs fonctions. Qu'en pensez-vous ? reprend une seconde fois la magistrate calme et concentrée. - «Oui, je l'ai frappé mais sans utiliser d'arme blanche» répond, la face livide, le détenu qui va enfoncer le clou : - «Je n'ai commis aucun outrage à l'encontre de ces agents. Ce sont eux qui m'ont tabassé. Ils m'ont tabassé dans le fourgon jusqu'à la cellule et sur la route pour le tribunal» marmonne l'inculpé que Bedri rappelle à l'ordre : «Dites-nous un peu. Pourquoi donc ces agents vous auraient tabassé ? Oui êtes-vous donc ? Tarzan, Zorro ou encore Antar ? ajoute pressée comme elle l'est toujours dans ces histoires de délinquants récidivistes qui reviennent à la barre avec les mêmes arguments et la même volonté de se tirer de l'étau tenu de mains d'acier par cette terrifiante juge du siège qui va aussi «caresser» le troisième et dernier délit : la tentative de vol. Et là, comme cette femme de droit adore les preuves et les témoins elle va décider au plus profond de ses tripes de ne pas s'éterniser sur le sujet car sur le procès-verbal de la police judiciaire, il y a des termes qui envoient directement aux «Quatre ha». En demandant à la jeune procureur Fethna Benghanem de faire le nécessaire et elle le fera rapidement trois ans ferme, la présidente décide de trancher sur le siège en condamnant Abderrahim pour la récidive des coups et blessures volontaires, une peine de prison ferme de trois ans va permettre à l'inculpé de mieux maîtriser et calmer ses ardeurs en face d'un gus qui peut être lui aussi un drôle de coco dans la provoc.