Si, à la place du gourdin, une lame d'un poignard avait atteint la victime, nous serions en crim'... Quatre frangins dont deux pères de famille sont debout face au président de la section correctionnelle. L'un d'entre eux, le plus jeune R. K., risque trois ans ferme pour coups et blessures volontaires à l'aide d'un gourdin qu'il était monté au troisième étage chercher et utiliser contre un voisin de trente-deux ans, marié et père de trois enfants, blessé sérieusement en plusieurs endroits du corps, du cuir chevelu aux chevilles, dont une est toujours dans le plâtre. Démunis, les quatre frères n'ont pas d'avocats. Ils plaident non coupables. «J'ai tout tenté pour que l'on ne passe pas des gros mots aux mauvais gestes», dira l'aîné S. K. «Je me suit interposé mais la victime m'a violemment repoussé», témoigne le deuxième frère M. K. «Moi, j'étais dans une rue adjacente lorsque la rixe s'était engagée. Tout était fini au moment où je suis arrivé sur le lieux», a raconté le troisième frère. Le dernier détenu a été gauche comme tout, il a été si gauche qu'il a voulu, par solidarité familiale, «laver» ses trois frangins. Les trois frangins qui se verront passer un gros savon par un juge remonté par ce dossier somme toute ridicule.«Mais, ya Allah, pourquoi ce drame ? Que s'est-il passé ?», s'était exclamé le président. Pour une fois, les cinq personnes, la victime en tête, étaient d'accord sur un point: «Des broutilles !» Oui, de simples petits malentendus, comme dirait derrière son pupitre Fatima Chrief, «de petits malentendus qui menent aux gros ennuis». La victime d'abord ne saura même pas qui l'avait assommée. Le premier inculpé S.K avouera que les mot craché de part et d'autre l'avait littéralement glacé “C'était affreux” dira-t-il entre deux longues phrasesLe deuxième, M.F. n'arriverai pas à ajouter plus de six mots : “C'est même ridicule” murmurera-t-il. Aussi, pour les broutilles la police, le parquet, le rôle, le greffe, le voisinage, ont connu une facheuse situation. “Heureusement qu'il n'y avait pas une arme blanche qui traînait dans le parage” a commenté le procureur. Et par “arme blanche”, le parquetier un jeune par ailleurs, allait vers le couteau. Il fait aussi ; préciser la bonne disposition du juge du jour qui était entré vers les neuf heures dix décidé à ne rendre que justice autour de ce dossier qu'il avait du bien étudié surtout qu'il s'agissait d'un flagrant délit. Mais il y a ces blessures et la présence du certificat médical qui allait changer le cours du réquisitoire surtout que les quatre frangins avaient mis de côté leurs droit d'être assistés : “Nous assumons notre bêtise et regrettons les coups et blessures” avait dit l'aîné qui restera de glace en apprenant l'an de prison ferme infligé à l'auteur des coups qui ont mené au plâtre R.K. est abattu. Ses frères souffrent chez eux, tard le soir.