Au terme d'un 161e Clasico à sens unique, le FC Barcelone a corrigé le Real Madrid 5 buts à 0 (!), lundi soir au Camp Nou. Et les Blaugrana prennent le fauteuil de leader aux Merengue. «Il n'y aura pas de surprise. Nous attaquerons, ils contre-attaqueront.» La prédiction de Pep Guardiola était d'une justesse implacable. L'entraîneur du Barça avait-il seulement anticipé que son équipe dominerait le Real Madrid de la tête et des épaules ? Avait-il prévu qu'elle survolerait ce 161e Clasico ? Cette guerre des étoiles programmée fut en réalité une rencontre à sens unique. Une démonstration. Lundi soir, les Blaugrana se sont promenés (5-0). Les Merengue ne s'en sont pas relevés. Pour la cinquième fois d'affilée, ils ont rendu les armes face à ce Barça taille patron. Ils ont surtout cédé leur fauteuil de leader à leur rival de toujours. Deux points d'avance, ce n'est évidemment pas un écart rédhibitoire après treize journées. Mais dans une Liga surclassée par les deux géants du football espagnol, le titre se perd souvent lors des confrontations directes. L'an passé, le Real en avait déjà fait l'amère expérience. Quand Messi se mue en passeur... Au Camp Nou, la bande à Mourinho n'a pas fait le poids face à celle de Guardiola. Ce succès de prestige, le Barça l'a signé à l'encre d'une maîtrise collective ahurissante. Le but de Pedro, celui du K.-O., fut un modèle de justesse technique : sur un service de Villa, l'attaquant espagnol a conclu une séquence de tableau noir. Pendant deux minutes, Barcelone a fait tourner la tête de son adversaire. Pour mieux le crucifier (2-0, 18e). Huit minutes plus tôt, la défense madrilène – pourtant la plus solide d'Espagne – avait déjà cédé sur une passe laser d'Iniesta. Le sang froid de Xavi devant Casillas a fait le reste (1-0, 10e). La balade catalane a pris un air de récital après la pause. Lionel Messi avait marqué sept fois face au Real. Cette fois, il s'est mué en passeur hors pair pour offrir un doublé à David Villa (55e et 58e). Maîtres du ballon (67% de possession), les Blaugrana se sont procuré une dizaine d'occasions franches. Jeffren s'est chargé d'enfoncer le clou (5-0, 90e+1). A l'image de Sergio Ramos, expulsé dans les dernières secondes, le Real a perdu ses nerfs. Il avait de quoi être irrité : le Barça évoluait sur une autre planète. Inaccessible.