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«La rupture de médicaments peut engendrer des conséquences désastreuses»
Kamel Sanhadji : directeur de recherches à l'hôpital E. Herriot & faculté de médecine RTH Laënnec de Lyon (France)
Publié dans Le Temps d'Algérie le 30 - 11 - 2010

Le Temps d'Algérie : Professeur, qu'y a-t-il de nouveau en matière de traitement du VIH/sida ? Et où en sont les recherches quant à l'élaboration de traitements curatif et préventif de cette maladie ? Peut-on espérer un «remède» dans les années à venir ?
Kamel Sanhadji : En ce qui concerne les médicaments, il existe la trithérapie ou exactement la multithérapie contre le virus du sida (VIH), puisqu'une quatrième molécule a été mise au point suite à l'apparition de mutants du VIH à la trithérapie.
On parle exactement de thérapie antirétrovirale. Toutes ces molécules, bien qu'efficaces dans le contrôle de la propagation de l'infection, n'arrivent pas à éradiquer le VIH. Ces médicaments donnent un certain confort au malade en termes de survie, mais le but recherché est l'élimination du virus de l'organisme.
En ce qui concerne le vaccin contre le VIH, ce dernier possède des capacités de mutations infinies. L'immunité développée par l'organisme contre ce virus efficace au début et qui s'amenuise au cours du temps (sur quelques années) à cause des régions hautement mutantes que le VIH expose.
Cependant, il existe des parties qui ne mutent pas, dites parties constantes, mais qui sont «cachées» par le virus. Ces parties cachées sont difficilement accessibles au système immunitaire.
Il faudrait alors extraire ces zones intéressantes, les amplifier pour avoir de grandes quantités et les utiliser comme produit vaccinal (travail du professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine 2008, voir photo). Le vaccin sera alors efficace quel que soit le mutant qui apparaît car les anticorps produits seront dirigés contre les zones constantes entre toutes les souches du VIH.
Ces limites concernant les médicaments et le vaccin nous (travail du professeur Kamel Sanhadji, voir photo) ont poussé à engager des travaux de recherches visant à éradiquer de l'organisme infecté le virus du sida.
La thérapie génique est un des moyens pour y arriver. Il s'agit de faire fabriquer par l'organisme des pièges pour leurrer le virus et le détourner de sa cible qu'est le globule blanc appelé lymphocyte T4. Comme le VIH se fixe sur un endroit précis et fixe (récepteur CD4) du lymphocyte T4 pour pénétrer la cellule et l'infecter, on fournit au virus des CD4 solubles,
et non plus fixes sur la cellule, grâce à un gène (codant pour la molécule CD4) qu'on greffe dans l'organisme du patient infecté par le VIH. Ainsi, le VIH se «jette» sur ces CD4 solubles et s'y fixe fortement.
Le virus restant ainsi à l'extérieur de la cellule cible sans y entrer, meurt au bout de 6 heures et s'élimine de l'organisme. Cette dernière possibilité, encore expérimentale, nécessite encore quelques mises au point sur le plan de la biosécurité. Cette phase nécessitera encore 3 ou 4 années de recherche avant son application chez l'homme.
Dans les pays occidentaux, l'infection au VIH/sida semble régresser, ce qui n'est pas le cas en Afrique où elle continue de progresser. A quoi est due cette recrudescence, notamment en Algérie où 600 nouveaux cas sont enregistrés en moins de dix mois ? Ne pensez-vous pas que cette situation reflète le manque d'implication des pouvoirs publics contre le fléau ainsi que le manque de coordination avec les pays développés ?
Grâce à une politique active et réaliste, le VIH/sida régresse en termes de nouvelle contamination et en termes de nombre de décès dans le monde occidental, soit en Europe occidentale et en Amérique du Nord.
En effet, même si le nombre global de personnes vivant avec le VIH a légèrement régressé dans le monde (environ 33 millions de personnes), le nombre de nouvelles contaminations et de décès a baissé, dans les pays occidentaux, en 2010 grâce à l'accès aux traitements d'un nombre beaucoup plus important (5,2 millions de personnes en 2009 contre seulement 700 000 en 2004).
Le nombre global de personnes infectées par le VIH est resté stable dans le monde. Mais même s'il a diminué en Europe occidentale et en Amérique du Nord, plusieurs pays de l'Europe de l'Est, comme les pays de l'ancien bloc de l'Est et d'Asie centrale, en particulier la Chine, ne suivent pas cette tendance générale où l'infection VIH/sida progresse toujours.
Pour que la tendance s'infléchisse encore plus en matière de VIH/sida, il est admis aujourd'hui de modifier fondamentalement le schéma thérapeutique de la maladie. Le paradigme des années 1985-1995 est révolu :
le dépistage automatique était alors écarté, car sans bénéfice pour le patient en l'absence de traitement. Aujourd'hui et suite à la dernière conférence internationale contre le sida, tenue à Amsterdam en juillet 2010, le développement de thérapeutiques efficaces incite à une autre réflexion, d'autant plus que le traitement
a un effet bénéfique maximal lorsqu'il est introduit précocement. Dans les pays européens aujourd'hui, il est accepté d'organiser un dépistage général et gratuit en impliquant l'ensemble de la chaîne des professionnels de la santé. Il est donc urgent de dépister et traiter la quasi-totalité de la population infectée par le VIH, car un nombre important de la population infectée par le virus ignore son statut sérologique.
La généralisation du dépistage incitera au traitement d'un fort pourcentage des séropositifs, avec deux bénéfices : moins d'effets néfastes du VIH chez les patients et moins de transmission d'infection puisque la quantité de virus sera considérablement diminuée chez ceux qui utiliseront des préservatifs.
Quant à l'Algérie, si elle veut rejoindre le concert des nations avancées, elle doit adopter des schémas modernes de prise en charge de l'infection du VIH/sida en profitant des connaissances scientifiques nouvelles. Les pouvoirs publics sont tenus de fournir les traitements anti-rétroviraux adaptés d'une façon permanente. La rupture dans la distribution de ces médicaments peut engendrer des conséquences désastreuses pour les patients infectés par le VIH.
En effet, ces traitements anti-VIH sont de plus en plus efficaces à condition d'observer une prise disciplinée et sans interruption de ces médicaments, pour maintenir une concentration constante et efficace de ces derniers dans le sang et obtenir ainsi un arrêt de la multiplication et de la propagation du virus. Il serait donc inhumain, incompréhensible et irresponsable que l'on cesse de soigner ou de mettre à disposition de tous les patients ces molécules anti-VIH.
L'augmentation rapide du nombre de cas VIH/sida en Algérie (600 cas en moins de 10 mois) pourrait avoir son explication dans cette interruption, pendant plusieurs semaines en 2010, de la mise à disposition du traitement anti-rétroviral. Les pouvoirs publics algériens, responsables de la santé de la population, doivent comprendre que ne pas fournir à temps ces traitements, c'est accepter qu'ils participent à la chaîne de propagation du VIH dans la population, ce qui est une ineptie en termes de santé publique.
Tous les pays de la planète sont touchés par ce mal, particulièrement ceux d'Afrique où le virus continue de faire des ravages. Ne pensez-vous pas que la communauté internationale se doit de venir en aide aux pays pauvres où les traitements sont pratiquement inaccessibles aux malades ? Peut-on envisager des baisses substantielles du coût des traitements de façon à les rendre accessibles ?
Dans beaucoup de pays, malheureusement, les traitements ne sont pas accessibles à de larges pans de la population. Ceci est d'autant plus regrettable qu'une possibilité réelle de faire régresser l'épidémie du sida à moyen terme, existe maintenant. La laisser-passer serait coupable de la part de la communauté internationale. La saisir demande une volonté politique, une organisation, une adhésion de la population et des moyens additionnels.
Est-ce trop demander, quand on pense au bénéfice humain immédiat et aux économies que générera demain cette prévention ? Il ne faudrait pas trop attendre des pays nantis, mais chaque pays faible ou pauvre doit intervenir selon ses moyens, de la simple prévention archaïque à l'achat de médicaments.
Dieu merci, avec les moyens financiers dont l'Algérie dispose aujourd'hui, elle est à même d'acquérir et de fournir ces traitements à tous les patients algériens. Quant à la baisse des prix des médicaments anti-VIH, certains laboratoires pharmaceutiques consentent des baisses des prix de vente, car certains se sont retrouvés confrontés à des firmes pharmaceutiques qui ont copié et produit ces médicaments sous forme générique, même si les brevets des molécules mères (médicament princeps) n'ont pas encore expiré.
Dans beaucoup de pays arabes, le sujet reste tabou, ce qui implique l'absence de chiffres fiables sur le nombre de personnes infectées. Ne pensez-vous pas que cette attitude est condamnable d'un point de vue éthique ?
Il est vrai qu'on a plus de mal à obtenir des chiffres fiables dans les pays arabes en général. On n'a pas su adapter le discours pour y arriver. Les pouvoirs publics sont tenus de mettre en place une culture du «parler vrai».
On ne peut le faire qu'avec la participation de l'école. Les programmes scolaires devraient être adaptés pour que l'on puisse aborder de tels sujets. On pourrait, par exemple, consacrer 5 à 10 minutes par mois aux diverses maladies, y compris celles qui sont transmises sexuellement.
L'enseignant pourra le faire et facilitera la tâche aux parents. C'est encore mieux si ces derniers y participent en discutant avec leurs enfants. Les enfants, une fois instruits de ces aspects, pourront faire eux-mêmes et entre eux le travail de prévention car ils ont leur propre langage. L'effet boule de neige fera le reste et la prévention sera efficace et réelle. Il s'agit en fait d'un problème de mise en place d'une culture.
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