Comme chaque année, à l'approche de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, les colloques organisés par les associations et les ONG, les spots publicitaires et les appels à la mobilisation contre ce fléau, se multiplient en Algérie, comme partout ailleurs, pour stopper la progression de cette maladie. Vingt-cinq ans après son apparition le Sida, acronyme de "syndrome immuno-déficitaire acquis", a fait plus de 25 millions de morts. Et la pandémie continue de progresser avec 11 000 nouvelles contaminations par jour et près de 3 millions de morts par an. Le Pr. Kamel Sanhadji, un spécialiste du Sida, a annoncé mercredi dernier à Alger, lors d'une conférence que "le vaccin contre le VIH/Sida ne peut être inventé avant plusieurs années de recherches ". "La capacité du virus du Sida de se multiplier et de changer de forme complique les recherches dans ce sens", a indiqué le Pr Sanhadji, dont la conférence a été animée, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida. Dans le cadre de la thérapie génique, explique ce spécialiste du Sida, des chercheurs fabriquent de fausses cellules, appelées des "leurres", sur lesquelles le virus vient se fixer. "A force de se jeter sur ces cellules, la charge virale du virus diminue et quitte le corps au bout de quelques mois", a précisé le professeur. En attendant la vaccination qui éradiquera définitivement le virus, les chercheurs ont "peaufiné" un traitement médicamenteux, en mettant au point la quadrithérapie (avec 4 médicaments). Le Pr Sanhadji reconnaît que la quadrithérapie n'est pas la solution radicale contre le virus, mais elle a l'avantage de prolonger la survie du patient jusqu'à 20 ans. Il met en garde contre un relâchement de la prévention et la banalisation d'une maladie à la quelle la prévention reste le seul moyen de défense. Les associations et les organisations non gouvernementales (ONG), se sont succédées ces deux derniers jours pour prendre le micro et plaider pour "une meilleure méthode" d'élaboration de programmes en matière d'actions, de lutte et de sensibilisation contre la maladie du Sida en Algérie. Le président du Comité national de lutte contre le Sida, a annoncé que depuis 1985, 740 cas de Sida et 2092 séropositifs ont été recensés en Algérie, ajoutant que 675 personnes dont 336 femmes et 7 étrangers suivent le traitement de la trithérapie (composée de trois anti-rétro-vitro), dans les sept centres de traitement respectifs (l'hôpital d'El Kettar avec 345 sidéens, le CHU d'Oran avec 200 personnes, l'hôpital de Sétif avec 36 sidéens, Tamanrasset avec 32 malades, Annaba avec 14 et Constantine avec 8 sidéens). Parmi ces 675 personnes atteintes du Sida, 543 sont âgées entre 15 et 48 ans, a précisé le Pr Dif, président du Comité national de lutte contre les IST et le le Sida. Il a noté que "la trilogie migration, commerce du sexe et VIH/Sida constitue l'un des paramètres essentiels et favorables à la propagation de ce fléau". "Seule la prévention, la sensibilisation sur l'abstention de toute relation sexuelle hors mariage et l'utilisation des préservatifs peuvent atténuer la propagation de cette épidémie", estime le Pr Dif. Toutes les wilayas sont touchées par cette épidémie, a affirmé le président du CNLIST-Sida, l'information et l'éducation envers l'ensemble des citoyens, sans distinction de sexe, permettront de réduire l'avancée de cette maladie qui est toujours perçue comme un tabou, comme toute chose liée à la sexualité. L'hétérosexualité demeure l'une des causes essentielles de la transmission du VIH, mais son caractère vertical, la transmission de la mère à l'enfant, tient à devenir un des facteurs de propagation du Sida. Pour cette année, l'Algérie marque un nouveau record de sidéens et de séropositifs. on est au haut du palmarès au niveau du Maghreb.