Lors de sa prestation de serment, samedi 4 décembre, le président sortant Laurent Gbagbo a tenu un discours émaillé de nombreuses références indirectes à la communauté internationale et à son rival Alassane Ouattara. Sa victoire à l'élection présidentielle du 28 novembre dernier a été proclamée vendredi par le président de la Cour constitutionnelle, Paul Yao N'Dré, membre fondateur du Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir), après l'annulation de quelque 600 000 votes (environ 13% des suffrages exprimés) pour «fraudes». Selon la plus haute cour de justice du pays, il aurait ainsi gagné avec 51,45% des voix. Lors de son discours consécutif à sa prestation de serment, le Président sortant a prononcé pas moins d'une trentaine de fois le mot «souveraineté», se présentant comme le représentant légitime des institutions et de la légalité républicaine. «Nous sommes à la fin d'un marathon qui ne s'est pas achevé par la symphonie que nous attendions, a-t-il commencé. Ce qui prouve qu'il y a encore du travail à faire et nous allons continuer de le faire.» Se justifiant pour l'invalidation par la Cour constitutionnelle des résultats de la CEI, une institution, Gbagbo a déclaré qu'il devait «réfléchir à une commission plus juste car elle a été bloquée par des débats politiciens. (...) Il nous faut corriger cela. Nous allons demander peut-être au Ghana ou à l'Afrique du Sud [des exemples de démocratie sur le continent, NDLR] comment ils ont constitué leur commission électorale», a-t-il expliqué, tout en rappelant que la CEI «ne proclame pas les résultats, ce n'est pas une juridiction». «Ces derniers jours, j'ai noté de graves cas d'ingérence. Je souhaite que les uns et les autres se ressaisissent. (...) Nous n'appelons pas quelqu'un de l'extérieur pour gérer notre pays», a-t-il indiqué. «Dans l'histoire, il existe des cas fameux de rupture avec le Vatican pour des raisons de souveraineté», a poursuivi l'ancien professeur d'histoire. «Pour que notre souveraineté ne soit pas piétinée, ne faisons pas appel à quelqu'un de l'extérieur», a expliqué Gbagbo. Avant de préciser, en faisant clairement référence à son rival Ouattara : «J'appelle les Ivoiriens à se ressaisir et à ne pas compter sur autrui pour venir les faire rois.» «Aujourd'hui, je comprends mieux qu'avant pourquoi il y a autant de crises en Afrique, a-t-il dit. Avant je les étudiais comme intellectuel, maintenant je les touche, je les vis. Les crises viennent du fait que les gens (...) n'aiment pas vivre dans la loi et les procédures qui en découlent.» L'Union africaine dépêche Mbeki M. Mbeki devait rencontrer les protagonistes de la crise née de la présidentielle du 28 novembre, le sortant Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara, soutenu par la communauté internationale, qui se revendiquent tous les deux présidents de la République. Laurent Gbagbo et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara ont tour à tour prêté serment, saisissant résumé de l'immense division d'un pays abîmé par une décennie de crises. Il faut souligner que les réactions de certaines personnalités politiques, notamment du secrétaire général de l'ONU, du Président français et du Président des Etats-Unis d'Amérique ont jeté de l'huile sur le feu, pouvant provoquer une guerre civile dans ce pays. Certains chefs d'Etat veulent isoler et provoquer un coup d'Etat à M. Gbagbo. Ce dernier n'arrête pas de fustiger les «ingérences» venues du «dehors».