La campagne oléicole a débuté, il y a quelques jours dans la wilaya de Béjaïa, dans de bonnes conditions, et promet une récolte exceptionnelle cette année, vu l'exubérance du fruit oléagineux dans les oliveraies. Les ménages propriétaires d'oliveraies ou les métayers retroussent leurs manches et se rendent dès la matinée aux oliveraies pour ramasser les olives, jusqu'au crépuscule, dans une ambiance bon enfant, munis de tout le nécessaire (bâches, peignes, ciseaux...) et bien entendu du déjeuner, qu'ils prennent le soin de préparer à la maison pour le prendre en pleine nature, vers midi, afin de reprendre des forces, car la cueillette est une besogne harassante et laborieuse. D'après ce que l'on a remarqué, pour le moment, ce ne sont que les adultes, généralement des retraités et leurs épouses, qui cueillent les olives, en attendant les vacances d'hiver, qui sont toutes proches, afin de mettre à contribution les enfants qui ne manqueront pas de donner un coup de main, pour mettre les bouchées doubles et finir le plus tôt possible la cueillette des olives, car les grives et les étourneaux commencent à faire leur apparition dans la région, ce qui inquiète les oléiculteurs qui n'ont pas beaucoup de solutions contre ces oiseaux migrateurs qui ravagent les récoltes et provoquent des dégâts incommensurables sur les oliviers. Les propriétaires d'oliveraies n'ont qu'à constater les dégâts, car ils n'ont pas de moyens pour lutter contre ces oiseaux, si ce n'est des... pétards qu'ils font exploser dans l'air pour effrayer et éloigner ces oiseaux, ce qui demeure insignifiant devant ces oiseaux goinfres, affectionnant par dessus tout les olives. En tout cas, si l'arrivée des étourneaux et autres grives met les oléiculteurs sur le qui-vive, ce n'est pas le cas pour les enfants, qui se rendent dans les marchés pour acheter des pièges pour oiseaux, qui font leur apparition en cette période, avec des prix allant de 30 à 40 DA l'unité. L'on achète aussi des colles spéciales pour rafler et piéger ces oiseaux à la chair très appréciée. Des jeunes en font une activité saisonnière et amassent de l'argent, quand même, en vendant 50 à 60 DA l'oiseau. Rites, traditions et olivaison Les rites accompagnant l'olivaison sont différemment appréciés. Si dans quelques localités les traditions et rites accompagnant la cueillette des olives demeurent toujours d'actualité, d'autres localités, par contre, n'en font guère cas, parce que «dépassés» ou oubliés. Il est question du fameux calendrier agraire berbère, où prédominent des rites et coutumes ancestrales, liés à la cueillette des olives et aux croyances l'entourant. En tout cas, ce calendrier n'est pas un tissu d'imagination, certes, mais repose sur l'empirisme et le vécu quotidien de nos ancêtres. Il existe une période du calendrier agraire berbère qui se rapporte à l'olivaison, appelée iqechachen n tagrest. Cette période qui s'étale du 16 au 22 décembre est considérée comme porteuse de «malchance» pour la récolte, qui de ce fait ne doit pas se faire durant cette période. Selon des personnes âgées avec qui nous nous sommes entretenus, «le rendement durant cette période baisse inéluctablement». Les olives donnent moins d'huile, selon ces personnes. Vrai ou faux, cela reste à vérifier. En tout cas, les rites et traditions accompagnant la cueillette des olives tendent à disparaître de nos jours. Seules quelques personnes âgées entretiennent encore ces coutumes bien de chez nous.