Il est important de souligner que les oliviers de la région Nath Idjeur (Bouzeguène) et d'Illoula Oumalou se caractérisent par l'âge très avancé des plants et par l'absence de soins adéquats. La campagne de la récolte des olives a commencé dans la région des AthYedjer. Depuis le début du mois de décembre, les villageois ont repris le chemin des champs pour quelques semaines d'intenses et chaudes retrouvailles avec l'olivier, cet arbre ancestral béni qui assure depuis longtemps l'aliment essentiel des ménages de Kabylie. Depuis plusieurs jours déjà, la campagne oléicole avait démarré. Le rituel désherbage des alentours des oliviers pour assurer une récolte propre précède de quelques jours le début de la récolte. Munis de râteaux, de haches, de scies, tout le monde s'affairait à nettoyer et faire place nette pour qu'aucune olive ne se perde. De loin, on aperçoit des nuages de fumée provenant de l'incinération des mauvaises herbes, des bouts de branches et des ronces. Cette année, la récolte s'annonce très prometteuse. Les oliviers ont été magnifiquement arrosés par les eaux des pluies ininterrompues et des chutes de neige. Les olives sont devenues grasses si bien que les branches se sont pliées jusqu'à toucher le sol. Ce qui fait particulièrement la joie des ménages qui espèrent faire le plein et rattraper le déficit de la précédente récolte qui a été particulièrement faible. Le prix de l'huile d'olive pourrait peut-être baisser au regard de l'offre qui pourrait dépasser les prévisions des services agricoles. Depuis quelques années, les ménages qui avaient cédé leurs oliviers à des tierces personnes pour une récolte en contrepartie de la moitié de la production, ont vite fait de changer d'avis. Emigrés dans des régions intérieures d'Algérie et même de France, ils reviennent, maintenant, récupérer entièrement leurs olives et leur huile. Une région à vocation arboricole La daïra de Bouzeguène (60 km à l'est de Tizi Ouzou) est réputée pour le rôle important qu'occupe l'oléiculture dans la vie économique locale. De par son relief, la région est constituée de trois niveaux de terrain. Une partie de la daïra est située en altitude, au dessus de 900 mètres, là où l'olivier ne survit pas comme dans la commune d'Aït Zikki. Une seconde zone plus ou moins élevée comme Aït Salah, Houra et Mehagga où on rencontre très peu d'oliviers. Enfin, des terres situées à moins de 800 mètres d'altitude, très favorables à l'olivier et qui s'étalent en amont et sur tout le long de l'oued Sahel qui longe les terres des Ath Ghobri, d'Azaghar, d'Oukhlif N'ihitoussène, Irès et Takoucht jusqu'aux rives de l'oued Sebaou et remonter aux terres d'Ighraine, Ighi Boukiassa et Assif Ousserdoun. (Idjeur). Mis à part la commune d'Aït Zikki qui ne possède pas d'oliveraies, les trois autres communes de la daïra (Bouzeguène, Idjeur et Illoula Oumalou) sont des territoires à forte vocation et activité oléicole. Compte tenu de sa souplesse d'adaptation et de sa rusticité, l'olivier demeure l'un des éléments autour duquel s'articulent les activités de la population. Il contribue efficacement à la solution du délicat problème des glissements de terrain et de l'érosion des sols et permet de faire travailler une importante main-d'œuvre de saisonniers pour au moins trois mois, dans les huileries industrielles. La production de l'huile, aliment de base de tous les ménages kabyles, procure des revenus appréciables à la population rurale. L'olivier trouve un terrain de prédilection dans les espaces situés à moins de 800 m d'altitude. Au-delà, on trouve soit le chêne-liège (versant Akfadou), soit le cerisier (versant Aït Zikki), à plus de 1000 m d'altitude. À Bouzeguène, la saison oléicole est en phase de début car elle a été perturbée par les intempéries qui ont persisté mais aussi par le froid et le gel qui ont ralenti le mûrissement du fruit. Dans le domaine de la production, le bilan est très difficilement déterminé vu l'absence de statistiques. Les services agricoles de la daïra de Bouzeguène ne disposent pas de chiffres précis sur le produit de la récolte. S'agissant surtout de terres privées, aucun des propriétaires terriens n'a été sollicité par un responsable agricole pour connaître le nombre de quintaux d'olives récoltés et la qualité d'huile produite. Il est important de souligner que les oliviers de la région Nath Idjeur (Bouzeguène) et d'Illoula Oumalou se caractérisent par l'âge très avancé des plants et par l'absence de soins adéquats. C'est ce qui explique la faible productivité qui est enregistrée lors des campagnes précédentes de récolte. Beaucoup de ces arbres n'ont pas été taillés depuis des décennies : troncs enchevêtrés, hauteur exagérée, des branches ne donnant presque rien ou, à la limite, des olives de petite dimension, des oliviers abandonnés, secs et entourés de ronces et d'arbustes sauvages. Dans le passé, les services agricoles d'Azazga envoyaient des agents munis de tronçonneuses pour procéder durant des semaines à des tailles et coupes à travers toutes les oliveraies de la région. Cette initiative ne s'est plus renouvelée depuis des années. Si l'oléiculture a pu être quelque peu redynamisée, c'est grâce à la générosité de la nature. Absence de l'aide de l'Etat Le retour des fortes précipitations a eu un effet salvateur sur l'olivier. Les potentialités arboricoles auraient pu connaître un meilleur essor si les fonds d'aide institués par l'Etat dans le cadre du Plan national de développement agricole (PNDA) avaient bénéficié aux exploitants. Dans la région de Bouzeguène, rares sont les oléiculteurs qui ont bénéficié de l'assistance de l'Etat, notamment pour la confection des cuvettes et l'acquisition d'équipements. Si certains propriétaires d'huilerie ont pu obtenir un peu de financement, il reste que la démarche est perçue comme un parcours du combattant en raison de la multiplicité des intervenants (de commune à la wilaya) et la persistance des réflexes bureaucratiques. Par ailleurs, la région de Bouzeguène est confrontée aussi au problème de transformation des olives, même si elle dispose d'une dizaine d'huileries. L'an dernier, plusieurs familles ont attendu plus de cinq semaines pour faire triturer les olives. Vu les conditions de stockage inappropriées (sacs non aérés), l'attente prolongée entraîne le pourrissement des olives, et donc la dépréciation de la qualité de l'huile extraite. Concernant la commercialisation, le prix de l'huile d'olive qui s'est stabilisé autour de 200 à 300 dinars, en 2006, a amorcé une montée en flèche l'an dernier, atteignant les 500 dinars le litre au niveau des huileries industrielles et atteint les 600 DA pour celle des pressoirs traditionnels. L'octroi de crédits aux oléiculteurs permettrait de capitaliser le potentiel oléicole d'une région où l'agriculture de montagne reste le seul créneau porteur pour les agriculteurs et les ménages sachant que 100% du patrimoine relèvent du secteur privé. Quant aux huileries, une huitaine environ, elles sont de type industriel ou semi-industriel, mais on trouve encore des huileries traditionnelles à traction animale et qui gardent toujours leur clientèle. On sait que l'huile extraite dans ce type d'huilerie est de loin la meilleure et d'ailleurs plus chère que celle pressée dans les turbines industrielles. C. Nath Oukaci