«Nous envisageons un avenir commun avec la France, mais après la reconnaissance de ses crimes coloniaux», a déclaré hier Abdelaziz Belkhadem. «Le fait colonial doit être condamné, c'est un fait fort tragique», a répondu, pour sa part, François Hollande lors d'une conférence de presse animée au siège central du vieux parti à Alger. L'invité du FLN est en visite de trois jours en Algérie. C'est lors de la conférence de presse organisée hier que les deux personnalités ont exposé chacun de son côté les points communs et opposés qui lient la France à l'Algérie, brossant un tableau des faits et des engagements pris de part et d'autre pour l'amélioration des relations entre les deux pays. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem et son homologue français, François Hollande, ont eu des entretiens en privé. Allant du devoir de mémoire aux élections primaires de la gauche française en passant, par la célébration par notre pays du 50e anniversaire de son indépendance, le processus de Barcelone du projet de l'Union pour la Méditerranée (UPM), le conflit de la Palestine et celui du Sahara Occidental. Abdelaziz Belkhadem a entamé son discours par la question du devoir de mémoire qui ne cesse de noircir et d'électrifier les relations algéro-françaises, mais surtout une condition sine qua non pour d'autres échanges entre les deux parties, à savoir économique, culturel et autres. «Les relations entre nos deux pays sont chargées d'histoire. Nous voulons un avenir commun, mais commençons d'abord par le passé», a déclaré le secrétaire général du FLN, avant d'ajouter que sur le volet économique, l'Algérie a beaucoup d'opportunité à offrir à ses partenaires, notamment français. A ce sujet, il avancera : «Nous avons un plan quinquennal très riche, nous allons investir près de 300 milliards de dollars». De son côté, François Hollande qui a rappelé la visite qu'il avait effectuée en Algérie en 2006 s'est étalé sur l'avenir des relations entre les deux pays. «Il est nécessaire pour nous d'accomplir le devoir de mémoire entre les deux pays souverains. Nous l'avons dit et nous le répétons, les crimes commis durant la période de colonialisme sont énormes. Nous ne voulons pas de relations électriques entre l'Algérie et la France pour les années à venir. Et ce à partir de 2012», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «Le fait colonial doit être condamné. C'est un fait fort tragique pour les deux pays et nous ne voulons pas attendre 50 ans de plus pour tourner la page tout en incluant les faits qui vont avec. Nous attendons les décisions du FLN pour le 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, car c'est aux algériens de décider». François Hollande a aussi mis l'accent sur les relations qui caractérisent le bassin méditerranéen : «L'aspect économique est important entre les pays des deux rives, mais l'aspect politique l'est aussi, et ce, dans un cadre large, d'où la nécessité de discuter de la méditerranée». Adhésion du FLN à l'internationale socialiste Par ailleurs, le député socialiste a aussi défendu la cause du FLN pour son adhésion à l'internationale socialiste : «Nous voulons que le FLN adhère de par son histoire au mouvement progressiste socialiste». L'ancien premier secrétaire national du PS français a abordé aussi le sujet du Sahara occidental : «Nous demandons et nous avons toujours mis en avant la légalité internationale en la matière». Une déclaration saluée par Abdelaziz Belkhadem, qui a tenu à préciser à ce propos : «M. Hollande rejoint notre vision dans ce sens. Il n'y a que la légalité internationale qui peut trancher. Il s'agit d'une question de décolonisation et nous ne pourrons qu'être d'accord». La situation sécuritaire au Sahel a été au menu des discussions, Le SG du FLN a réitéré la position de l'Algérie qui invite tous les pays à mettre fin à ce phénomène. «Le terrorisme est un phénomène transnational qui n'a ni religion ni nationalité mais nécessite la coordination de tous les efforts», a-t-il fait savoir. Le président de la Corrèze aura à s'entretenir avec d'autres acteurs algériens, à l'image de Réda Hamiani du FCE, de M. Babès du Conseil national économique et social et sera reçu par les présidents de l'assemblée et du sénat. Le député français et potentiel candidat aux primaires au sein du parti socialiste français (PS), François Hollande, a déclaré qu'il se trouve à Alger «pour une autre mission», sans fournir plus de détails. Selon les indiscrétions, la visite à Alger de Dominique Strauss Kahn, son rival au parti socialiste français, a porté ses fruits sur l'électorat français. Cette nouvelle approche semble séduire François Hollande qui vient marquer par son empreinte ce territoire.