C'est un François Hollande plein d'entrain et visiblement aux anges des résultats des entretiens qu'il a eus hier avec le président de la République qui était venu en début de soirée répondre aux questions de la presse nationale aux côtés de Abdelaziz Belkhadem. Sa visite, théoriquement à caractère partisan, a pris l'allure d'un voyage officiel d'une personnalité qui pourrait être éventuellement le futur patron de l'Elysée dans quelques mois. François Hollande a reconnu d'entrée que sa rencontre avec le président Bouteflika « n'était pas prévue ». M. Belkhadem enfonce le clou en révélant qu'il allait le recevoir dans la soirée à l'hôtel Hilton en sa qualité de chef du gouvernement cette fois. Tout heureux par tant d'égards de la part de l'Algérie officielle, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) a vite fait de renvoyer l'ascenseur à ses prestigieux hôtes sous forme d'un tonitruant « Je dénonce le système colonial », histoire de marquer la distance entre son parti et celui de l'UMP de Jacques Chirac. « Je ne vais pas vous révéler la teneur des discussions que j'ai eues avec M. Bouteflika, mais je note qu'elles ont été extrêmement importantes », concède M. Hollande qui donnait l'impression d'avoir obtenu le quitus d'Alger en prévision de la présidentielle de 2007. François Hollande s'est fait fort de préciser que « je veux montrer mon attachement au développement des relations entre l'Algérie et la France, et ma présence ici est en soit un engagement ! » Un engagement pourquoi ? « Ce n'est pas par hasard que je suis là ; cette heureuse rencontre entre le FLN et le PS me permet de témoigner de cette entreprise de démocratisation entreprise en Algérie. » Transition faite, le probable candidat à l'Elysée fait sa promesse : « Si nous revenons au pouvoir en 2007, nous allons travailler ensemble pour ce belle idée de traité d'amitié. » François Hollande a évité soigneusement cependant de répondre à la question des « excuses officielles de la France sur ses crimes de guerre en Algérie comme le réclame le président Bouteflika ». « Je parle au nom du PS et non de celui de la France officielle ; nous devons relancer le processus d'amitié entre nos deux peuples et je réitère ma dénonciation du système colonial et de tout ce que nous avions pu commettre comme méfaits en Algérie. » M. Belkhadem, lui, affirme que son parti s'accroche à la position officielle de l'Algérie exigeant un pardon en bonne et due forme. « Chaque parti à sa position, mais pour nous, nous continuons à exiger ce pardon pour les méfaits de la France coloniale et non pas du peuple français », a nuancé le SG du FLN, qui ne voulait visiblement pas froisser son hôte. Cela n'a pas empêché François Hollande d'affirmer que les positions de son parti rejoignent celle du FLN sur « beaucoup de dossiers ». Même la très sensible question du Sahara-Occidental n'a pas gêné l'invité de M. Belkhadem puisque M. Hollande a plaidé pour une solution « dans le cadre des Nations unies pour alléger les souffrances de ce peuple (les Sahraouis) ». Bouteflika choisit son camp Le premier secrétaire du PS et M. Belkhadem ont confirmé que le FLN a sollicité l'appui du Parti socialiste pour réintégrer l'Internationale socialiste (IS). A notre question de savoir si cela allait se faire au détriment du FFS, qui est déjà membre, Belkhadem a eu cette réponse : « Nous n'allons pas déloger le FFS ! » François Hollande, lui, pense que les deux partis « qui ont les mêmes valeurs » peuvent bien cohabiter au sein de l'IS, « même s'ils ont des positions différentes ». Mais avant d'en arriver là, le FLN de M. Belkhadem devra satisfaire à « certaines conditions et se soumettre à quelques règles », selon le patron du PS qui affirme pouvoir défendre le dossier du FLN au sein de l'IS. Et pour cause, les deux partis ont conclu, hier, « un accord de partenariat » et mis en place « un comité de liaison de suivi » qui devra donner corps à cette alliance. La même approche a été suivie dans les discussions entre M. Hollande et le président Bouteflika « pour rechercher des positions communes » entre le pouvoir algérien et le PS qui s'apprête à le prendre en France en 2007. Le patron du PS ne s'est pas caché en laissant entendre que sa visite en Algérie était importante, « surtout dans la période actuelle ». Pour François Hollande, le PS a choisi son camp sur la politique algérienne de la France. Et les dirigeants algériens semblent avoir tranché définitivement entre la droite et la gauche. Le PS a plus que jamais les faveurs d'Alger et les années Chirac restent comme de vagues réminiscences...