Même si les informations qu'ils ont bien voulu livrer à la presse étaient trop générales et techniques, Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, et Nouredine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, devaient avoir beaucoup de choses à se dire lors de leur réunion jeudi passé sur le «plan stratégique de développement de la wilaya d'Alger». Parmi les choses «saisissables» de ce plan par le commun des Algériens, on aura remarqué d'abord qu'il s'agit de «développer» la wilaya d'Alger et non la capitale. Ce sont tout de même deux choses différentes, ce qui ajoute une couche à la confusion et au moindre effort dans la formulation de l'objectif majeur de ce projet : «une ville qui s'inscrit dans la mondialisation et constitue la porte d'accès à l'Algérie» ! Les deux ministres devaient avoir beaucoup de choses à se dire, mais ils ont surtout beaucoup de travail à partager. Et à léguer à leurs successeurs. Pourtant, même si le plan s'étale sur vingt ans et semble d'une grande ampleur, on ne sait pas vraiment si c'est beaucoup ou pas assez, au vu de l'immensité du «chantier». On aura également et surtout remarqué que le travail a commencé depuis deux ans, qu'on le sache, puisque le projet a été lancé en 2009 pour se terminer en 2029. Messieurs Ould Kablia et Moussa auraient pu commencer par là à la sortie de leur réunion de jeudi passé : nous dire ce qui a été fait en deux ans. Alger est toujours sale jusqu'à l'écœurement, il n'y a toujours pas de toilettes dans les cafés de la rue Didouche, les taxis choisissent toujours leur destination, il n'y a pas une salle de cinéma digne de ce nom, le vieux bâti croule, La Casbah ne connaît pas son destin, les plages tuent plus qu'elles ne détendent… On ne sait pas s'il faut attendre des signes de changement tout au long de ces deux décennies, ou alors attendre 2029 pour voir surgir de quelque part une autre ville, une capitale de son siècle. Même si notre patience a rarement été récompensée par les promesses du passé, il faudra peut-être nous estimer heureux que la première étape (2009-2014) de ce plan soit consacrée à l'«embellissement de la capitale». De par son volume, le plan devrait être logiquement d'un niveau d'intégration difficile à saucissonner, mais cela aura l'avantage de nous donner quelque chose à voir en cours de route. Ce que précisément nous ont toujours caché les grands projets dont le gigantisme, manifestement, était destiné à nous faire oublier les petites choses qui font aussi une grande ville de son siècle. Des petites choses comme les taxis, les toilettes et les salles de ciné. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir