Le grand Imam d'Al Azhar, Ahmed Al Tayyeb, a critiqué l'appel du pape Benoît XVI aux dirigeants du monde à protéger les chrétiens, estimant qu'il s'agissait d'une «ingérence inacceptable» dans les affaires égyptiennes, rapporte l'agence de presse égyptienne Mena. «Je ne suis pas d'accord avec le point de vue du pape, et je demande pourquoi il n'a pas appelé à la protection des musulmans quand ils se faisaient tuer en Irak ?», s'est demandé l'imam d'Al Azhar, responsable de la grande institution de l'islam sunnite basée au Caire. Ahmed al-Tayyeb répondait aux déclarations faites samedi à Rome par le pape qui indiquait que «face aux discriminations, aux abus et aux intolérances religieuses qui frappent aujourd'hui en particulier les chrétiens, les paroles ne suffisent pas, il faut l'engagement concret et constant des responsables des nations». L'Imam d'El Azhar a renouvelé lors d'une conférence de presse sa condamnation sans équivoque de l'attentat qu'il avait qualifié samedi d'«acte atroce interdit par l'islam». Ahmed al-Tayyeb a annoncé la création d'un comité conjoint avec l'Eglise copte pour comprendre les raisons des tensions entre les deux communautés et tenter de les résoudre. Ce comité devrait tenir sa première réunion dans deux semaines. De son côté, le Vatican a rejeté les critiques du grand Imam d'Al Azhar, estimant que le pape «a parlé naturellement de la solidarité avec la communauté copte frappée si durement, mais ensuite il a aussi manifesté de l'inquiétude et de l'intérêt pour les conséquences des violences sur toute la population, tant chrétienne que musulmane». «On ne voit pas comment cette démarche du pape, désireux d'inspirer à tous la non-violence, peut être considérée comme une ingérence», a indiqué le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi à l'agence italienne Ansa. Le porte-parole du Vatican parle de «malentendus dans la communication, mais ne croit pas qu'il faille insister sur les déclarations de l'imam», précisant que le pape a fait référence à «une attaque contre une église chrétienne, mais cela ne veut pas dire qu'il voulait justifier ou minimiser la violence contre les fidèles d'autres religions». Par ailleurs, des incidents ont éclaté dimanche en marge d'une manifestation de chrétiens coptes d'Egypte réclamant davantage de protection après l'attentat. Plusieurs centaines de coptes s'étaient rassemblés au Caire et à Alexandrie pour exprimer leur colère après l'attaque qui a fait, selon le dernier bilan disponible, 21 morts et 97 blessés. Devant la cathédrale Saint-Marc du Caire, des centaines de jeunes chrétiens ont affronté les forces de l'ordre et ces incidents se sont prolongés tard dans la nuit, la foule étant contenue par un important cordon de sécurité. Les appels au calme lancés par un responsable religieux n'ont pas apaisé les esprits.