La conférence de presse qui devait être animée hier par le président de l'association française des victimes du terrorisme, Guillaume Denoix, a été annulée, suite à des altercations survenues au forum d'El Moudjahid, où elle devait se dérouler. Une foule en effervescence et un brouhaha monstre régnait dans cet espace. Organisée en faveur des frères Mohamed, deux victimes du terrorisme mis en examen en France depuis sept ans, cette rencontre devait réunir les associations œuvrant en faveur des victimes du terrorisme, le collectif algérien de la Fédération internationale des associations des victimes du terrorisme, représentée par Mme Saïda Benhabyles, présidente de l'association de la femme rurale, ainsi que le comité de soutien aux deux frères. Ces organisateurs se sont vu contraints d'annuler la conférence, suite à l'opposition des associations des victimes du terrorisme. Les représentantes de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVT) et de l'Organisation nationale des familles victimes du terrorisme et ayants droit (ONVTAD) ont tenu à dénoncer ce qu'elles ont qualifié «d'usurpation de qualité». L'ONVTAD s'est opposée catégoriquement à une quelconque rencontre avec la présidente de l'Association de la femme rurale, Mme Benhabyles. «Celle-ci ne peut en aucun cas représenter les victimes du terrorisme, puisqu'elle n'en est pas une», nous dira dans la foulée la présidente de l'ONVTAD, Mme Rabha Tounsi. «Elle s'occupe de la femme rurale et non de la femme victime du terrorisme», clame une adhérente. «Mais ce qui n'a pas été évoqué par ces dernières, c'est le fait que Mme Benhabyles est titulaire d'un agrément de la Fédération internationale des victimes du terrorisme signé par les autorités algériennes», précise le président de l'association inter-wilayas des victimes du terrorisme de Tiaret, Wassel Abdelkader, qui estime que les droits des victimes ne peuvent être mieux pris en charge que par une organisation internationale. De leur côté, les adhérents de l'ONVT et de l'ONVTAD, qui sont les vraies victimes du terrorisme, ont tenu les mêmes propos. «Les associations n'ont rien fait pour nous depuis des années et la plupart d'entre elles s'enrichissent à nos dépens», clament-ils. De son côté, Mme Benhabyles a indiqué que l'objectif visé à travers l'organisation de cette rencontre était «de rendre service aux victimes du terrorisme pour faire valoir leurs droits». En réponse, M. Wassel a insisté sur le fait que bien qu'elle aurait été un moyen de s'exprimer pour les victimes du terrorisme, la conférence, dont le but a été dérouté, était censée être organisée «spécialement pour les frères Mohamed». Le cas des frères Mohamed Hocine et Abdelkader, installés en France, dont le père a été tué par un groupe terroriste durant la décennie noire, rentrent en Algérie, dans leur village natal Djdiouia, à Relizane, pour devenir des patriotes. Quelques années après, ils regagnent la France où ils sont emprisonnés pour meurtre et séquestration en 2002. Ils sont accusés par une association française et mis en observation, à ce jour. «Ils ont pris les armes, en souvenir de leur père et ont combattu les terroristes durant des années pour enfin être traités de la sorte», raconte notre interlocuteur. Leur mère n'a pas la chance de les voir, faute de visa. L'intervention de Guillaume Denoix aurait été une chance pour cette mère de voir le cas de ses deux enfants débattu.