Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
«Les victimes du terrorisme sont une carte électorale» SAIDA BENHABYLÈS, MEMBRE DE LA FEDERATION INTERNATIONALE DES VICTIMES DU TERRORISME, À L'EXPRESSION
Mme Saïda Benhabylès considère que les familles des victimes du terrorisme bénéficient de nombreux droits en Algérie. L'Expression: Dans quel but avez-vous invité le président de l'Association française des familles de victimes du terrorisme? Saïda Benhabylès: Gillaume Denois de Saint Marc vient à Alger dans le but de relancer la Fédération internationale des associations des victimes du terrorisme. On va échanger nos expériences et élargir cette fédération à d'autres pays comme nous renforcerons la solidarité entre les victimes du terrorisme à travers le monde. En Algérie, les droits des familles des victimes sont consacrés. Ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays africains. Ce qui me révolte, c'est que la coordination internationale pour la lutte contre le terrorisme se limite à l'aspect sécuritaire. Il est du droit des victimes algériennes du terrorisme de bénéficier de la solidarité internationale. D'autant qu'elles ont été aux avant-postes du combat contre le terrorisme. Y a-t-il d'autres rencontres en perspective? Il y aura une réunion qui se tiendra dans un pays tiers. Elle sera axée sur la préparation de la deuxième assemblée générale de la fédération. En Algérie, le collectif est composé, entre autres, de l'Association de solidarité avec la femme rurale que je préside, du comité Djazaïrouna de la wilaya de Blida dirigé par Chérifa Keddar, de l'Association des familles victimes du terrorisme de la wilaya de d'Oran, présidée par Meriem Makoura, et de l'Association des familles victimes du terrorisme-entraide et solidarité. Nous sommes convaincus que ces associations doivent compléter l'effort de l'Etat dans la lutte antiterroriste. Vous estimez que la question de prise en charge des victimes du terrorisme a été politisée? Quelque part, oui. Lorsque nous étions à l'origine de la création de l'Association nationale des familles victimes du terrorisme en 1993, il y avait une récupération politique des malheurs des victimes. Nous voyons actuellement que la question des victimes du terrorisme devient une carte électorale. Certaines ont adhéré à des partis et d'autres ont préféré rester indépendantes. On constate actuellement que le terrorisme n'a pas été éradiqué. On a vu ce qui s'est passé en Egypte avec le massacre des Coptes. Justement, M.Denois sera reçu par le comité de soutien aux frères Mohamed, détenus en France depuis sept ans.... Ils ont été mis en examen sur plainte d'un groupe soutenu par la Fédération internationale des droits de l'homme (Fidh), en la personne de M.Patrick Baudoin (actuellement président d'honneur de la Fidh). Il n'est un secret pour personne que M.Baudoin est l'un des tenants du «qui tue qui?» Cette démarche a bénéficié de la caution de Nassera Dutour (porte-parole du Comité de familles de disparus en Algérie (Cfda). Ces jeunes auraient du être décorés. La communauté internationale aurait dû leur rendre hommage. Ce sont deux jeunes qui étaient émigrés. En 1994 leur père a été victime d'un attentat, au village de Jdiouia dans la wilaya de Relizane. Quand ils ont appris les faits, ils ont laissé leurs femmes et leurs enfants à Nîmes, en France, et sont venus en Algérie pour combattre le terrorisme. Ils étaient là quand leur frère aîné a été tué. Leur famille a perdu sept de ses membres. En 2002, quand le calme est revenu en Algérie, ils sont repartis en France. En 2003, ils se trouvent sous le coup de cette mise en examen. Leur dossier est vide. Nous avions créé un comité de soutien aux frères Mohamed constitué d'autres victimes du terrorisme et d'acteurs de la société civile. Qu'attend ce collectif de M.Denois? Guillaume Denois va rencontrer ce comité de soutien et la mère des deux jeunes mis en examen. Cela nous permet de sortir du cadre restrictif du soutien social aux victimes du terrorisme. Il est nécessaire de passer au stade du soutien politique. C'est ainsi que nous avons réussi à faire sensibiliser l'opinion algérienne et française sur ce dossier. J'ai été reçue, à ma demande, par Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Justice (au début de l'année 2010). Elle m'a fait recevoir par son directeur de cabinet et son conseiller aux affaires diplomatiques. Au nom du comité, j'ai demandé que cette question ne soit pas politisée, qu'on apporte les preuves des accusations qui pèsent sur eux. Ils sont accusés d'actes de barbarie, d'enlèvements, de tortures et de meurtres. Nous demandons simplement que justice soit faite. Et pour conclure Mme Benhabylès... Jusqu'à présent, l'Algérie fait face à plein de détracteurs. Ils remettent en cause le rôle joué par l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme. Notre rôle en tant que société civile est de nous faire l'écho de la réalité algérienne à travers la Fédération internationale des familles de victimes du terrorisme.