Pour la deuxième fois depuis jeudi, une soixantaine de personnes, des jeunes pour la plupart, ont organisé hier en début d'après-midi un rassemblement à la place de la Liberté de la presse, rue Hassiba Ben Bouali, dans la commune de Sidi M'hamed (Alger). Les participants à ce rendez-vous, étudiants, lycéens et journalistes, ont ceci de commun qu'ils ont tous répondu à un appel à ce propos lancé à travers le réseau social Facebook pour dénoncer à la fois le mal-vivre et le manque de liberté dans le pays. Le regroupement des facebookers a commencé à prendre forme effectivement dès 13 h 30. Le groupe a été cerné par la police au moment où les premiers slogans fusaient. «Levez l'état d'urgence !», «Liberté d'expression», «Citoyen, brises tes chaînes !» sont entre autres les mots d'ordre inscrits sur les banderoles. La police a fini par arracher celles-ci des mains des jeunes. Elle a demandé aussi à ce qu'on cesse de prendre des photos ou d'enregistrer des séquences vidéo qui allaient certainement circuler par la suite sur Facebook dans le but d'une plus grande mobilisation. Sinon, le dispositif de sécurité n'a pas tenté d'interdire cette action de protestation ou de chasser les jeunes de la placette. En plus des mots d'ordre, des slogans ont été scandés à tue-tête : «El harga barakat !», «Libérez l'Algérie !», «On en a marre de ce pouvoir !». De plus, les participants ont fait le parallèle avec la protestation continue des Tunisiens qui, après quatre semaines de manifestations, ont fini par pousser le président Zine El Abidine Ben Ali à quitter son poste - et le pays - vendredi au soir. «Dirou kima Twansa ! (Faisons comme les Tunisiens»), lance-t-on en chœur. Si aucune personne n'a été arrêtée à cette occasion, il demeure que les policiers ont rappelé à l'ordre à plusieurs reprises des participants au sit-in au sujet des slogans qu'ils lançaient ou des pancartes qu'ils brandissaient, surtout quand il s'agit de parler d'injustice, de «hogra».«Restez tranquilles !», ordonnaient les agents. En parallèle, de l'autre côté de la rue, des centaines de passants assistaient au rassemblement mais comme spectateurs. «Tout le monde est concerné, pas besoin de spectateurs !», leur crie-t-on. Le sit-in a été levé à 14h pile en entonnant l'hymne national. Ses initiateurs comptent lancer d'autres appels au rassemblement ; ils promettent de drainer plus de monde la prochaine fois.