Votre nom revient souvent dès qu'il s'agit du football algérien. On peut même dire que vous êtes désormais quelqu'un de très connu dans notre pays. Apparemment oui. C'est la seconde fois que je viens en Algérie et ce que je peux dire, c'est que l'accueil est resté le même, toujours aussi amical, toujours aussi chaleureux. La première fois, j'étais venu avec l'équipe de Zambie et j'en garde un souvenir impérissable avec ce merveilleux public du stade de Blida qui avait mis une ambiance du tonnerre. Ce jour-là, on méritait mieux comme résultat final mais l'équipe d'Algérie a prouvé par la suite qu'elle méritait amplement la qualification pour le Mondial. Justement, à propos d'équipe nationale, votre nom avait circulé pour le poste d'entraîneur... C'est exact et je peux vous certifier que ce poste m'intéressait au plus haut point. La fédération a fini par porter son choix sur Benchikha. Aujourd'hui, il est question de vous comme entraîneur de l'USM Alger. Comment en est-on arrivé là ? Il faut vous dire que mon agent Mohamed Bouguerra est quelqu'un de très tenace. Cela faisait un moment qu'il me parlait de ce poste et il m'a fait subir un forcing effréné. Il a tenu à ce que je vienne, que j'observe et que je me fasse une idée de ce qu'on allait me proposer. Aujourd'hui après avoir rencontré les dirigeants de l'USMA et en particulier Ali Haddad j'ai la certitude qu'il avait absolument raison d'insister à ce point. En un mot je ne regrette vraiment pas d'avoir effectué ce déplacement. Cela veut-il dire que vous êtes sur le point de dire oui à la proposition de devenir le nouvel entraîneur de l'USMA ? Il ne faut pas précipiter les choses. Ce déplacement n'est qu'une sorte de visite de courtoisie et de travail. Cela m'a permis d'avoir un contact direct avec ceux qui dirigent l'USMA et d'enrichir mes connaissances sur ce club. J'ai eu un très large aperçu de l'immense projet qui est en chantier pour en faire un très grand club et sur ce point je crois que j'ai été impressionné. Pouvez-vous être plus explicite ? Ecoutez, j'ai eu une belle carrière de joueur professionnel et en tant qu'entraîneur, je ne crois pas être en reste. J'ai donc eu à croiser sur ma route pas mal de grands dirigeants. Sans chercher à lui jeter des fleurs, et je suis sûr qu'il n'en a pas besoin, je peux vous affirmer que j'ai été impressionné par Ali Haddad. Cet homme est un grand visionnaire, qui sait où il va et qui pèse ses mots. Il n'est, d'ailleurs, pas pour rien l'un des plus grands industriels algériens. J'ai la certitude qu'il veut réussir avec l'USMA comme il l'a fait avec son entreprise. Et il va réussir car il a les qualités des plus grands managers. Je peux vous dire aujourd'hui que sous sa direction l'USMA va devenir le modèle du professionnalisme dans le football algérien. Et dans quelques années, son aura dépassera les limites des frontières de l'Algérie pour s'en aller conquérir l'Afrique. En tout cas avec ou sans Hervé Renard, soyez persuadé que l'USMA finira par dominer le football algérien. Vous paraissez tellement sûr lorsque vous parlez ainsi... Je parle avec l'expérience qui est la mienne. Vous savez avant que je dise oui à Bouguerra pour ce déplacement j'ai fait mon enquête sur ce club. J'ai appris que son équipe disposait d'un effectif de joueurs assez jeunes. Quand un club mise sur ses jeunes c'est qu'il cherche à aller de l'avant sans précipitation. Cette qualité qui consiste à miser sur la formation et à se montrer patient je l'ai trouvée chez M. Haddad. On sent chez lui l'envie de mettre le paquet sur la formation et d'éviter la politique du recrutement à tout-va, trop souvent vouée à l'échec. Vous savez quand vous êtes en face de quelqu'un qui vous expose un projet, soit vous vous sentez attiré, soit vous montrez du désintérêt. Il y a des sortes d'ondes positives ou négatives qui s'installent entre vous et votre interlocuteur, et avec M. Haddad ce n'était que des ondes positives. Vous nous disiez au début de cet entretien que votre agent, Mohamed Bouguerra, a dû vous faire subir un forcing pour vous décider à effectuer ce voyage vers Alger. Cela voulait-il dire que vous étiez hésitant ? Je n'a rien à vous cacher. J'ai un agent, Mohamed Bouguerra, à qui j'ai toujours dit que ce qui m'intéressait, c'était d'entraîner une équipe nationale. Aussi quand il est venu et m'a parlé de l'USMA, c'est-à-dire un club, j'ai montré de la réticence. Mais il a insisté et encore insisté. Cependant je n'ai pas eu besoin de la seule version de Bouguerra pour me décider car vous savez c'est un agent de joueurs qui sait s'y prendre pour vendre son produit. J'ai donc enquêté de mon côté pour en savoir plus sur ce club de l'USMA, et comme je vous l'ai dit tout à l'heure, j'ai pu hautement apprécier le fait que son équipe avait de jeunes joueurs. En supposant que vous finissiez par devenir entraîneur de l'USM Alger, quel pourrait être l'objectif qui vous serait assigné ? Je vous ai dit que le discours de M. Haddad sur la formation m'avait plu. Lui et moi on se comprend cinq sur cinq sur le sujet. Autrement dit, il ne sert à rien de précipiter les choses. Si je viens à l'USMA, ne croyez pas que je vais réaliser des prouesses jusqu'à mener le club vers le titre de champion d'Algérie au mois de juin. J'ai jeté un coup d'œil sur ce qui a été accompli jusqu'ici dans le championnat et la bataille va être dure dans les premières places. L'USMA fera avec ce qu'elle aura sous la main et se battra pour défendre ses chances. Je ne promettrai aucun titre de gloire dans l'immédiat. Je reste persuadé comme je l'ai affirmé que sa politique de formation grâce au savoir-faire d'un homme comme Ali Haddad va finir par être payante un de ces jours. En somme, vous êtes de ceux qui veulent travailler sur le long terme... C'est cela. Il faut pétrir la pâte avant de la voir lever. Celui qui travaille sur le court terme est soumis à de l'aléatoire, à du fictif. Il y a un très vaste et beau projet à l'USMA et je tiens à remercier M. Haddad d'avoir pensé à moi pour y participer. On a dit de vous que vous étiez quelqu'un de très gourmand sur le plan financier. C'est du moins ce qu'a laissé entendre le président de l'Entente de Sétif après que vous ayez refusé d'entraîner son équipe... Vous faites bien de me poser cette question car il y a certaines vérités qui doivent être dites pour qu'elles soient connues de tous et de toutes. L'argent ne fait pas partie de mes priorités quand je négocie avec quelqu'un. Si c'était le cas, je serais allé à l'Ittihad de Tripoli qui me proposait un contrat faramineux au lieu de discuter avec les dirigeants de l'Entente de Sétif. Quand le président de ce club m'a fait une offre, j'ai demandé un temps de réflexion car il ne s'agit pas de dire oui sans prendre en compte certains paramètres et sans consulter par exemple sa famille. Je n'ai, par la suite, plus eu de contact avec ce président à qui j'ai fini par envoyer un SMS pour qu'il m'appelle (Renard nous a montré le SMS en question). Malgré cela il ne m'a toujours pas recontacté. J'ai donc décidé de stopper tout. Cette période de réflexion, vous allez l'exiger de l'USMA ? A l'USMA ou à n'importe quel autre club ou sélection. J'ai besoin de mieux creuser la proposition et surtout d'en référer aux miens. C'est important d'avoir l'avis de sa famille. Mais comme je vous l'ai dit, il y a un projet à l'USMA qui est hautement attirant. Qu'allez-vous faire maintenant ? Je crois que demain (entretien réalisé samedi) je vais aller visiter les installations sportives du club. C'est important de savoir quel sera votre outil de travail, et le lendemain, c'est-à-dire lundi, je retournerai chez moi. Et votre réponse, on la connaîtra quand ? Assez rapidement. Une précision en guise de conclusion. Si vous prenez l'USMA, serait-ce votre première expérience comme entraîneur d'un club ? Non, j'ai déjà coaché des clubs en France et en Angleterre. Par contre en Afrique, jamais. Je n'y ai entraîné que des équipes nationales. L'USMA pourrait être mon premier club dans ce cas. Interview réalisée