«J'ai conscience que c'est moi qui ait pris sa place. Avant que je vienne, c'était bien lui qui jouait. Tout ça pour dire qu'il ne méritait pas ça» Il était très difficile pour nous au début d'accrocher l'international algérien, Medhi Lacen, au terme de ce match amical qu'a disputé sa formation face à l'équipe locale du FC Sankt Pauli (ce club centenaire représente le quartier de St-Pauli, qui se trouve à Hambourg et qui retrouve la Bundesliga cette saison), au Millerntor-Stadion, étant donné que les responsables de cette enceinte ne nous ont pas autorisés à prendre place dans la tribune de presse faute d'accréditation. Cependant, à la fin de cette partie, on a réussi à se faufiler à l'intérieur du parking externe du stade où se trouvait le bus de l'équipe espagnole et à rencontrer ainsi le milieu de terrain des Verts. Très courtois, le joueur a accepté de nous accorder cette interview et de revenir pour la première fois, et en exclusivité pour Le Buteur, sur la participation de l'EN au Mondial et de ce qui a entouré l'affaire Mansouri. On en a profité aussi pour faire le tour de son actualité et parler un peu de son avenir. Lacen, qui n'a pris part à aucun des matchs amicaux disputés par son team jusqu'à présent, nous a affirmé qu'il était blessé et que sa participation pour le match international face au Gabon demeure ainsi incertaine. Tout d'abord, on voudrait vous remercier d'avoir accordé votre confiance encore une fois Le Buteur, en nous accordant cette interview exclusive… Il n'y a pas de problème. Je suis à votre disposition, mais il faut faire vite car le bus de l'équipe risque de partir bientôt (finalement, on a eu le temps nécessaire pour réaliser cette longue interview, ndrl). Pour commencer, on aimerait savoir précisément pour quelle raison vous ne jouez pas avec votre équipe de Santander au cours de ces matchs amicaux. Est-ce dû vraiment à la fatigue que vous ressentez encore comme il se dit ? A vrai dire, ce n'est pas de la fatigue. Si je n'ai pas encore pu jouer avec mon équipe, c'est tout simplement parce que je suis blessé. Néanmoins, tout doucement, je suis en train de reprendre avec le ballon, en attendant de réintégrer le groupe dès que les douleurs passeront. Et là, il n'est pas trop certain que je puisse rejoindre la sélection nationale en prévision de ce match face au Gabon. On doit me rendre la réponse au plus tard dimanche. Donc, votre participation face au Gabon reste incertaine… Oui, c'est tout à fait ça. Je pense aussi que même au club les dirigeants n'ont pas trop envie de me voir partir en sélection et prendre part à ce match amical face au Gabon, alors qu'avec je n'ai pas encore joué la moindre minute dans cette préparation. Ce serait un peu risqué pour moi aussi, car je peux me blesser de nouveau. Comme je vous l'ai dit auparavant, j'attendrai notre dernier entraînement en Allemagne, qui est prévu pour demain matin, pour être fixé sur ma participation ou non à cette rencontre amicale. Demain soir, on jouera aussi un dernier match amical, face à Kiel, avant de rentrer à Santander dimanche matin. Vous avez parlé tout à l'heure de blessure. Vous souffrez de quoi au juste ? De mon ancienne blessure, qui prend apparemment beaucoup de temps pour guérir de manière définitive. Jusqu'à l'heure actuelle, je ne me suis pas encore remis de cette pubalgie et je ressens toujours des douleurs. Je vous rappelle que cette blessure me suit depuis mars dernier. D'ailleurs, même au Mondial j'ai joué blessé. Pour quelle raison au juste votre blessure tarde à guérir, sachant que vous avez bénéficié d'un repos de trois semaines après le Mondial ? Au début, je devais me faire opérer, mais mes dirigeants n'ont pas voulu. Pour l'instant, ils ont raison puisque je suis des soins intensifs depuis quelques jours et je commence à me sentir mieux. Avec un peu de recul et à tête reposée, comment évaluez-vous la participation de l'Algérie au dernier Mondial, sachant que jusqu'à présent vous n'avez pas encore fait de commentaire à ce sujet ? Je pense qu'on peut nourrir des regrets plus qu'autre chose. On avait les moyens de passer au second tour, mais on n'a pas trop cru en nos chances. Sincèrement, je pense qu'on avait l'équipe pour se qualifier au moins aux huitièmes de finale. Hélas, comme vous l'avait constaté, ça s'est joué à pas grand-chose. Ce qui est positif, c'est qu'on n'a pas donné une mauvaise image de l'Algérie, et c'est ce qui compte. Ne pensez-vous pas que l'amère défaite concédée lors du premier match, face à la Slovénie qui paraissait comme l'équipe la plus faible du groupe, a été le tournant pour la suite de cette compétition ? Oui, c'est clair, il ne faut pas se le cacher. La défaite face à la Slovénie a tout changé. Après, tout le monde peut commettre des erreurs, y compris moi, et ça ne sert à rien de polémiquer et d'en faire une montagne. Ce n'est pas là le vrai problème. En tout cas, je pense que si on avait gagné ce match, ou même fait match nul, la suite de notre parcours en Afrique du Sud aurait été totalement différente. Pour votre premier tournoi international avec l'équipe d'Algérie, et après tout ce qui a été dit sur vous avant votre venue en sélection, comment s'est passée votre intégration dans le groupe au cours de cette longue période de près de deux mois ? Très bien, Hamdouliallah. Super bien passé, que ce soit lors de nos préparations effectuées en Suisse et en Allemagne, que lors de notre séjour en Afrique du Sud. Franchement, c'était le top. Vous ne regrettez pas donc votre choix d'être venu en sélection ? Bien sûr que je ne regrette pas mon choix. Ça s'est très bien passé pour moi et je n'ai pas de regrets à avoir sur la décision que j'ai prise. Croyez-moi, là je n'ai qu'une envie, c'est de revenir en sélection et revoir tout le monde. Quelques semaines avant le coup d'envoi du Mondial et dans une déclaration que vous nous avez accordée, vous avez textuellement dit que vous alliez être très gêné, voire embarrassé, si Mansouri venait à se retrouver sur le banc lors de cette compétition internationale. Malheureusement pour lui, ce fut le cas. Comment avez-vous vécu cela ? Sincèrement, je l'ai mal vécu. Je l'ai toujours dit, voir Mansouri sur le banc fut un moment extrêmement difficile pour moi. Car, honnêtement, je pense qu'il ne méritait pas ça. Croyez-moi, j'aurais aimé qu'il participe à cette grande manifestation sportive, et qu'il joue au moins un peu, malheureusement, ça n'a pas été le cas. Avez-vous discuté avec lui au sujet de tout cela ? Oui, on en a parlé. Franchement, il faut dire la réalité. Yazid m'a toujours aidé, dès le premier jour quand je suis arrivé jusqu'au dernier lorsqu'on s'est quittés. Il m'a tout le temps encouragé et soutenu. Je l'ai déjà remercié pour ça et je le remercie encore. C'est vrai que dans sa position ce n'était pas facile. Je viens prendre sa place, et lui a été toujours là pour m'encourager. Je ne pense pas que beaucoup d'autres joueurs auraient fait ça. Vous venez de dire que vous avez pris sa place. Vous pensez sincèrement que c'est vous qui avez envoyé Mansouri sur le banc ? Dans un sens oui, parce qu'avant que je vienne en sélection, c'était lui qui jouait à ce poste. C'est ça qui me fait mal par apport à lui. Le fait que ça fait plus de 10 ans qu'il se bat en équipe nationale et que ce qui a de plus grand pour un joueur de foot, le Mondial, il n'y participe pas, c'est clair que c'est difficile. Quel est le joueur avec lequel vous vous êtes senti à l'aise dès le début ? Il n'y a pas un joueur en particulier. Je me suis entendu avec tout le monde. Cela dit, j'ai eu plus d'affinités avec quelques joueurs tels Ziani, Bougherra, Anthar Yahia, Djebbour et Yebda. Tout s'est bien passé pour moi et c'était une super et riche expérience, dont je me souviendrai longtemps. Rabah Saâdane vient d'être reconduit à la tête de la sélection pour deux années supplémentaires. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ? Je n'ai pas forcément une opinion à donner sur cela. Je n'ai pas de souci avec le coach, et tout se passe bien avec lui. Apparemment ils ont misé sur la continuité, tant mieux. En tout cas, de mon côté, il n'y a pas de problème. Pensez-vous que l'équipe actuelle peut se qualifier au Mondial de 2014 ? Honnêtement, oui. Il faut qu'on se dise à nous-mêmes qu'on a une jeune équipe très prometteuse, qui peut participer de nouveau au prochain Mondial. Quand on voit les joueurs qui ont pris part à la dernière Coupe du monde, et ceux qui pourront venir à l'avenir, on ne peut qu'être optimiste. On doit profiter de ces moments-là pour avancer encore plus et bâtir une redoutable équipe dans les années qui viennent. Parlons un peu de votre avenir en club. A un certain moment, on a laissé entendre que vous serez partant du Racing Santander, mais, apparemment, il n'en est rien. Qu'en est-il au juste ? Ma décision à moi, je l'ai prise. Je veux rester à Santander. Après, au club, je sais qu'on veut ou bien on essaye de me vendre. Quoi qu'il arrive, le dernier mot me revient. En tout cas, j'ai plus de chance de rester que de partir. Avez-vous reçu des propositions officielles de la part d'autres clubs, d'autant que d'après ce qu'on a cru savoir, le Deportivo La Corogne était intéressé par votre profil ? Non, je n'ai reçu aucune proposition concrète pour le moment. Comment expliquez-vous les difficultés que rencontrent les joueurs algériens pour décrocher des contrats avec de grands clubs européens, et ce malgré leur participation au Mondial. Les intérêts, il y en a, certes, mais pas de propositions officielles ? Attendez, il ne faut pas oublier que même si l'image de l'Algérie n'a pas été mauvaise en Coupe du monde, on n'a pas fait sensation aussi. On n'a récolté qu'un tout petit point durant l'ensemble des trois rencontres. Même si je reconnais qu'il y a de très bons joueurs en sélection, la crise financière qui touche la plupart des clubs européens fait qu'il est très difficile pour recruter. Désormais, les clubs hésitent énormément à mettre 4 ou 5 millions d'euros sur un joueur, ce n'est pas comme avant. Cependant, il reste encore un mois avant la clôture du mercato, donc je ne me fais pas de soucis pour mes coéquipiers qui veulent changer d'air. Le Racing Santander a démarré très mal sa campagne de matchs amicaux. Sur les trois rencontres disputées, le club n'a récolté que des défaites. Peut-on craindre le pire pour votre club en cette nouvelle saison ? Oui, franchement, on peut être inquiet. Déjà que l'année dernière on s'est miraculeusement maintenus en Liga, et d'après ce que je constate on continue dans la même direction. Comme vous l'avait dit, le club a joué pour le moment trois rencontres amicales en Allemagne, et on les a toutes perdues. Le pire, c'est qu'on n'a pas trop de choses positives à en tirer de ces matchs. Ça n'augure rien de bon. Un dernier mot pour le public algérien et les lecteurs du Buteur en particulier… Du fond du cœur, je remercie tout le monde. Je pense que même si j'ai été critiqué à un moment donné par apport à mes choix, le public algérien ne m'a jamais tenu rancune. Au contraire, j'ai senti que les gens étaient derrière moi et qu'ils me soutenaient. Lors de mon premier match face à la Serbie, ça m'a fait grand plaisir de voir que les supporters m'acclamaient autant et m'encourageaient de la sorte. Je n'ai qu'une envie à présent, c'est de retourner au bled, revoir tous mes coéquipiers et revivre tout cela. Quand comptez-vous visiter votre région, en Algérie ? Justement, je devais y faire un tour avant ce match face au Gabon, mais là, avec ma blessure je ne pense pas que ça se fera.