Le second sommet économique et social arabe, dont les travaux ont débuté, hier, à Charm El Cheikh, en Egypte, se tient dans une conjoncture difficile, marquée par une tension extrême dans plusieurs pays arabes. La situation de troubles prévalant en Tunisie ainsi que les dangers qui font craindre pour l'unité du Liban et du Soudan ont accaparé l'attention des particpants au Sommet économique arabe de Charm El Cheikh. Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, a donné le ton à l'ouverture du sommet en déclarant, notamment, que " la révolution en Tunisie n'est pas éloignée de ce que nous discutons ici " . M. Moussa qui a souligné la nécessité pour les dirigeants arabes d'être à la hauteur des aspirations de leur peuple au progrès considère que " l'âme arabe est brisée par la pauvreté, le chômage et le recul des indices de développement ". "La majorité de ces problèmes n'a pas été résolue", a-t-il ajouté en affirmant que "les citoyens arabes sont dans un état de colère et de frustration sans précédent". L'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, a affirmé de son côté qu'il suit de près les efforts des frères en Tunisie pour se rassembler et surmonter cette phase difficile afin de parvenir à la paix et la sécurité. Sans citer nommément la Tunisie, le chef d'Etat égyptien, Hosni Moubarak, a abondé dans le même sens, soulignant que le développement économique et social est une question qui concerne l'avenir des pays arabes et leur continuité. C'est " une exigence pour la sécurité nationale ", a encore martelé le Raïs. En plus des inquiétudes sur le devenir de la Tunisie, où la composition du gouvernement de transition continue de diviser les principales forces politiques du pays, les dirigeants n'ont pas éludé le cas du Liban. Sans gouvernement depuis la démission, le 12 janvier, des ministres du Hezbollah et ceux de ses alliés, le pays du Cèdre semble se diriger droit vers une crise politique qui risque de provoquer son implosion. Dans une déclaration à la chaîne satellitaire Al-Arabiya, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, présent à Charm el Cheikh, a qualifié la situation de " dangereuse " et mis en garde contre une " partition " de ce pays, cela au moment où l'Arabie et la Syrie annoncent la fin de leur médiation dans la crise libanaise. Le Qatar et la Turquie qui ont pris le relais ont dépêché à Beyrouth leurs ministres des Affaires étrangères pour tenter une autre médiation. Outre le Liban, les chefs d'Etats ont certainement évoqué les problèmes qu'induira, inévitablement, une scission du Sud-Soudan, tout autant que la situation de guerre larvée qui prévaut dans le Darfour, même si cela ne transparaît pas dans leur communiqué final. «L'approche des problèmes arabes a changé» Les dix chefs d'Etat présents à ce sommet (plusieurs pays se sont fait représenter par leurs Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères) ont, surtout, et c'est le but du sommet, traité de questions socioéconomiques, en particulier l'intégration économique. Il a été question en effet du suivi de la mise en oeuvre des recommandations du sommet de Koweït tenu en 2009, notamment l'évaluation des projets d'interconnexion électrique, de liaisons ferroviaire, terrestre et aérienne et de création de l'union arabe des douanes. Les chefs d'Etats et de gouvernements se sont penchés aussi sur les dossiers relatifs à la sécurité alimentaire, l'eau et les ressources hydriques, outre l'état de réalisation des programmes communs en matière d'enseignement et de lutte contre la pauvreté et le chômage. Pour rappel, les pays arabes ne produisent que 2,5 % du PIB mondial et que la part du commerce arabe dans le commerce mondial ne représente que 3,5 %, en incluant les exportations pétrolières. D'où la volonté exprimée depuis plusieurs années d'instaurer une véritable " coopération globale " entre les 22 pays composant le monde arabe, se basant notamment sur des programmes communs dans l'agriculture, l'industrie, le commerce et les services, en plus du développement des voies de communications. Intervenant à la veille du Sommet, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait expliqué que l'approche en matière de coopération arabe a changé fondamentalement. " Par le passé, cette approche retenait des questions politiques comme prioritaires, mais depuis deux ans, il y a une nouvelle approche de la coopération entre les pays arabes", a-t-il souligné, ajoutant que les Etats arabes ont retenu des programmes économiques et sociaux, " de plus en plus nombreux et importants et pour lesquels nous constatons que nous avons beaucoup plus de moyens, que par le passé, de les réaliser ". Plus qu'urgente, la mise en œuvre de ces programmes dans les pays arabes devrait réduire sensiblement le taux de chômage et, par la même, atténuer la pauvreté qui frappe de pans entiers de leurs sociétés. Les pays arabes disposent en effet de moyens colossaux qui leur permettent, si les programmes sont menés à bon escient, de réaliser les objectifs du millénaire. Mais pour cela, une sacrée dose de volonté et de courage est nécessaire. C'est ce que tentent de démontrer les dirigeants arabes dont les travaux ont été sanctionnées par la Déclaration de Charm El Cheikh. Cette dernière reprend l'esseniel des propositions émises par les participants dont le développement de la coopération dans tous les secteurs. Enfin, les dirigeants arabes ont réaffirmé leur condamnation du terrorisme sous toutes ses formes, et se sont dits engagés à éradiquer les foyers de terrorisme où qu'ils se trouvent dans le monde arabe