Un impressionnant dispositif de sécurité a été mis en place hier matin pour quadriller le centre-ville d'où devait s'ébranler la marche à laquelle avait appelé le parti de l'opposition, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Tous les axes menant vers la place de la Concorde (ex-1er Mai), d'où devait s'ébranler la procession vers le siège de l'Assemblée populaire nationale (APN), un parcours «traditionnel» des marches de protestation à Alger, ont été verrouillés par des barrages filtrants. Sur la rocade sud, des barrages fixes au niveau des Bananiers et de Belouizdad, à proximité de la station de dessalement d'eau de mer, ont été renforcés en éléments et par des véhicules blindés. Le contrôle a été des plus filtrants, provoquant des bouchons de plusieurs kilomètres. «C'est pratiquement bouché depuis Bab Ezzouar», témoigne un citoyen, qui a indiqué avoir mis plus d'une heure pour venir de Réghaïa à Alger. Au centre-ville, plusieurs camions antiémeutes ont été stationnés à proximité de l'hôtel El Djazaïr pour empêcher tout mouvement en direction de la Présidence. Sur la rocade nord, la situation est la même, avec un embouteillage de plus de trois kilomètres provoqué par les barrages fixes de gendarmerie et de police. Ces points de contrôle habituels ont été également renforcés par des véhicules blindés. Par ailleurs, l'accès de Bab El Oued à la place des Martyrs a été interdit et les automobilistes ont été invités à prendre le Front de mer en passant par le Bastion 23 et la pêcherie. Plusieurs autres nouveaux points de contrôle ont été mis en place à Sidi Moussa, Bentalha et Baraki, selon des témoins qui ont dit qu'ils ont mis plus de 45 minutes pour traverser le barrage de la Côte rouge, menant vers Bir Mourad Raïs. Des véhicules immatriculés hors wilaya sont arrêtés et fouillés, selon les mêmes sources. En revanche, sur la rocade ouest, entre Zéralda et la capitale, la circulation était plus fluide que d'habitude, selon des automobilistes. Par l'organisation de cette marche, le RCD entendait donner un prolongement politique au mécontentement social qui a déjà provoqué dernièrement plusieurs émeutes dans des villes algériennes. Les autorités de la wilaya d'Alger s'étaient opposées à cette marche et avaient demandé aux citoyens de «faire preuve de sagesse et de vigilance, et de ne pas répondre à d'éventuelles provocations destinées à porter atteinte à leur tranquillité, leur quiétude et à leur sérénité».