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«Les islamistes n'ont aucune chance d'accéder au pouvoir en Tunisie» Abdelhamid Abid, membre du bureau politique du Forum démocratique pour le travail et les libertés, au Temps d'Algérie :
Rencontré hier à Tunis, Abdellatif Abid, membre du bureau politique du Forum démocratique pour le travail et les libertés, parti tunisien d'opposition, président de l'Union des interprètes arabes et président des bureaux de la Ligue des droits de l'homme des villes de Klibia et de Korba, nous explique, dans cet entretien qu'il nous a accordé, les raisons pour lesquelles son parti politique s'est retiré du gouvernement de transition. Le Temps d'Algérie : Avez-vous été associé au gouvernement de transition ? Abdellatif Abid : Oui, nous avons eu le poste de ministre de la Santé octroyé au secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés, Mostefa Ben Djaâfar, mais nous avons démissionné avant même de prêter serment, car ils ne nous avaient pas donné la composition du gouvernement transitoire qui comptait des ministres issus du Rassemblement constitutionnel démocratique. Nous avons démissionné parce que nous ne voulons pas siéger avec des ministres de ce parti. Nous avons gelé notre participation au gouvernement de transition puis nous nous sommes carrément retirés du gouvernement parce que le peuple tunisien ne veut plus du RCD. Il y a encore aujourd'hui des marches populaires exigeant la chute du gouvernement de transition... Oui, les marches ont lieu sur tout le territoire tunisien, surtout au sud du pays, dont Gafsa et Kairouan. Les manifestants exigent la chute du gouvernement de transition. Ce qui se produira prochainement, à mon avis. Votre parti politique a-t-il activé dans la clandestinité du temps de Zine El Abidine Ben Ali ? Notre parti a été créé le 9 avril 1994 et il n'a été agréé que le 25 octobre 2004. Nous avons activé durant huit années dans la clandestinité. Vous voyez le local qui abrite le siège de notre parti, il manque de moyens, nous payons 900 dinars tunisiens de loyer par mois, nous n'avons jamais bénéficié d'une aide de l'Etat, et nous avons toujours été dans l'opposition. Le passeport du secrétaire général du parti a été confisqué pendant six années du temps de Zine El Abidine Ben Ali, le mien aussi. Des militants de notre parti ont été harcelés et leurs voitures saccagées. On a créé notre journal hebdomadaire sous le titre El Mouatinoune avant de devenir mensuel, car nous manquions de moyens et la publication était harcelée par les autorités et, à cause de tous ces aléas, son tirage ne pouvait pas dépasser les 900 ou 1000 exemplaires par numéro. De quelle tendance politique est votre parti ? Nous avons une sensibilité syndicale, surtout sociale, et nous faisons partie de l'internationale socialiste. Le RCD faisait également partie de l'internationale socialiste ; nous avons demandé à cette structure de l'écarter, ce qui n'a pas été fait, car le RCD bénéficiait de connivences au sein de cette structure internationale. Nous luttons pour le grand Maghreb et nous avons de bons rapports avec des partis politiques algériens et marocains. Comment évaluez-vous la situation actuelle en Tunisie ? Pour le moment, on est vigilants, très vigilants, pour que le changement démocratique se fasse dans le cadre de la volonté du peuple. Que pensez-vous des mesures prises par le gouvernement de transition, dont l'amnistie générale ? Les mesures sont bonnes et indispensables, dont l'amnistie générale qui devra être adoptée par le Parlement. Il s'agit d'une volonté populaire et le gouvernement de transition ne pouvait que se plier à cette détermination. Selon vous, les islamistes peuvent-ils arriver au pouvoir en Tunisie ? Les islamistes n'ont aucune chance d'accéder au pouvoir en Tunisie où l'extrémisme n'est pas installé. Quelle sera votre relation avec l'Algérie ? Je suis un ami de l'Algérie. Le peuple algérien est notre premier frère et nous voulons construire avec lui le grand Maghreb démocratique qui réalisera le développement total pour tous les citoyens et qui protègera la sécurité, la liberté et l'indépendance du Maghreb arabe. Quel appel pourriez-vous lancer aux Algériens ? Nous invitons la jeunesse algérienne à militer pour la prospérité du Maghreb arabe et la nation arabe, et mes salutations à nos amis dans le militantisme, à leur tête Abdelhamid Mehri et Hocine Aït Ahmed.