Imed Trabelsi toujours en vie Donné pour mort suite à une blessure à l'arme blanche à l'hôpital militaire de Tunis, Imed Trabelsi, le neveu de l'épouse de l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali est bien vivant. Imed Trabelsi n'est pas mort, il est en état d'arrestation et il rend compte à la justice de tous ses méfaits, a déclaré Ahmed Friâa, ministre de l'Intérieur. Son décès avait été annoncé au lendemain de la fuite de l'ex-président tunisien. «Le chouchou de la femme de Ben Ali a été poignardé ces derniers jours et admis aux urgences. Il est décédé vendredi», avait annoncé un membre du personnel soignant. Mais depuis plusieurs jours, des rumeurs le donnaient encore en vie, après la diffusion sur internet d'une vidéo le représentant aux mains de la police. Les autorités tunisiennes avaient affirmé jeudi que 33 membres de la famille de l'ancien président et de son épouse avaient été arrêtés, mais sans dévoiler leurs identités. Considéré comme l'un des symboles de la corruption de l'ancien régime, Imed Trabelsi avait été «élu» en mai 2010 maire de La Goulette, une commune au nord de Tunis, sur laquelle il régnait bien avant les élections. Il avait été poursuivi sans succès en France pour «vols en bande organisée» pour s'être approprié le prestigieux yacht de Bruno Roger, l'un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de l'ex-président Jacques Chirac et de l'actuel chef d'Etat Nicolas Sarkozy. En mai 2007, la justice française avait émis un mandat d'arrêt à son encontre, mais la justice de son pays avait refusé de l'extrader. Imed Trabelsi a fait fortune dans l'immobilier et la grande distribution en association notamment avec la société française Conforama, mais ses méthodes étaient décriées par la communauté des affaires qui n'osait pas lui faire ouvertement front. Mohammed Ghannouchi s'engage à quitter la politique après la transition Le Premier ministre tunisien, Mohammed Ghannouchi, s'est engagé à quitter la politique après la période de transition qui s'achèvera avec des élections «démocratiques et transparentes», dans une interview télévisée diffusée ce vendredi soir. Il a annoncé que «toutes les lois antidémocratiques seraient abrogées» pendant la transition, parlant des lois électorale et antiterroriste ainsi que du code de la presse, dans cet entretien enregistré au siège du gouvernement avec deux journalistes tunisiens indépendants. Il s'est engagé devant les Tunisiens à ne pas toucher au statut de la femme qui interdit la polygamie, ni à la gratuité de l'enseignement et à l'accès à la santé. «Après la transition, je me retirerai de la vie politique», a promis M. Ghannouchi qui a indiqué : «Nous avons assez d'hommes capables et compétents» pour diriger le pays. «Même si on me propose d'être candidat, après la période de transition, je prends ma retraite. Mes responsabilités sont provisoires», a-t-il insisté, soulignant qu'il avait pour seul et unique objectif de remettre le pays sur les rails. Sur le plan politique, «nous allons proposer des réformes, abroger les lois antidémocratiques», a-t-il souligné. Des policiers tunisiens manifestent à Sidi Bouzid Une centaine de policiers se proclamant «victimes» de l'ancien régime du président Ben Ali ont défilé hier matin dans les rues de Sidi Bouzid, ville au sud de Tunis où la «révolte» a débuté il y a cinq semaines. «Nous sommes aussi les victimes de la bande des Trabelsi», scandaient les policiers, en civil et en uniforme, en référence à la famille honnie de la seconde épouse du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, Leïla Trabelsi, qui avait mis le pays en coupe réglée. Depuis vendredi, des policiers portant des brassards rouges se joignent à Tunis et dans plusieurs autres villes aux manifestations quotidiennes qui dénoncent la mainmise de caciques de l'ancien régime sur le gouvernement d'union nationale, et ils demandent la création d'un syndicat pour défendre leurs droits. La population tunisienne exprime désormais ouvertement son hostilité à l'égard de la police, instrument privilégié du pouvoir de Ben Ali, qui s'est illustrée dans la répression sanglante de la manifestation sanglante qui a fait 100 morts en un mois selon les Nations unies. Sidi Bouzid, petite ville rocailleuse au milieu d'une région d'oliviers et d'amandiers, dans le centre-ouest de la Tunisie, est l'un des principaux foyers du soulèvement qui a emporté le régime de Ben Ali. L'ex-président a fui le 14 janvier en Arabie saoudite, lors de la première révolution populaire du monde arabe. C'est là que le 17 décembre un jeune vendeur de fruits, Mohammed Bouazizi, s'est immolé par le feu après une énième humiliation policière, marquant le déclenchement des émeutes. «Pauvre policier, tu n'es pas impliqué dans le suicide des martyrs», scandaient les manifestants. Les avocats tunisiens sur le devant de la scène Le Conseil de l'Ordre des avocats tunisiens qui avait très tôt accompagné le mouvement contestataire est l'un des rares corps démocratiquement élu du pays. Dès le 27 décembre, les avocats ont été les premiers à organiser à Tunis, une manifestation de soutien aux jeunes émeutiers de Sidi Bouzid. Le barreau, dans la Tunisie de Ben Ali, faisait un peu figure d'un bastion de résistance à la mainmise du pouvoir sur l'ensemble des corps constitués, politiques ou professionnels. «Nous sommes les seuls élus de Tunisie !» dit fièrement le bâtonnier Abderrazak Kilani, patron du Conseil de l'ordre. Forte de 10 000 membres, dans un pays de 10 millions d'habitants, la profession avait en effet réussi à préserver, contre vents et marées, le droit de choisir ses représentants. Toutes les tendances sont d'ailleurs représentées au Conseil de l'Ordre : laïcs et islamistes, membres du parti au pouvoir et opposants de toujours.» L'Ordre n'a plié ni devant Bourguiba ni devant Ben Ali, il a été un front du refus contre l'asservissement de la justice», dit Me Alya Cherif Chammari, avocate et petite-fille d'avocat. Les avocats d'aujourd'hui sont les héritiers d'une longue tradition. «Le mouvement indépendantiste tunisien, rappelle Me Kilani, a été créé et dirigé par des avocats. Par la suite, en défendant les opprimés face à un ordre répressif, la profession n'a jamais cessé de se battre pour les libertés et les droits de l'homme.