Attendu depuis des mois, c'est sans doute le prochain gouvernement qui va entériner l'avant-projet de création d'«Algérie Télévisions», transformant les statuts de l'actuelle entreprise en groupe audiovisuel. Ce projet, vieux de quelques années, était destiné au début pour répondre aux besoins de communication des institutions, mais aussi aux pressions des producteurs privés et des téléspectateurs. A l'époque, en 2004, il était question de la naissance de ce groupe public de télévision, composé de quatre à huit chaînes, dirigé par un PDG et un conseil d'administration. Toutefois, les circonstances et les événements n'étaient guère favorables pour l'acceptation par les pouvoirs publics de cette démarche. Aujourd'hui, les décideurs semblent convaincus qu'il est urgent de procéder à un changement dans ce secteur, non seulement par un simple toilettage ou un lifting passager, mais par une refonte juridique et une nouvelle réorganisation de l'entreprise. A terme, il s'agira de commencer par l'introduction d'un nouvel organigramme pour arriver à l'émergence qualitative des programmes et la satisfaction aussi bien des annonceurs et des producteurs privés que des différents publics. C'est ainsi qu'est née l'idée du groupe «Algérie Télévisions», formé de plusieurs chaînes généralistes et thématiques, avec comme locomotive la chaîne principale à vocation nationale, dite terrestre. Le nouveau statut prévoit donc l'abrogation du décret du 20 avril 1991 et la création d'un groupe dirigé par un président-directeur général, nommé par décret présidentiel, ainsi que de la création d'un conseil d'administration, constitué de membres permanents désignés par le ministre de tutelle pour un mandat de trois ans. Ces membres représenteront, selon l'avant-projet, les ministères des Finances, de la Communication, des Affaires étrangères, la TDA (télédiffusion), l'ONDA(droits d'auteur et droits voisins), ainsi que des personnalités qualifiées dans le domaine de l'audiovisuel et de deux représentants, élus par la voie des urnes, du syndicat des journalistes et du personnel technico-artistique de la télévision. La nouveauté du texte réside dans la consécration de l'autonomie budgétaire, financière et productive de chaque chaîne, selon un plan de charge annuel et une obligation de résultats. Cette autonomie, longtemps revendiquée par les travailleurs, devrait permettre de libérer les énergies des journalistes, des réalisateurs et des techniciens, chaînons les plus lésés dans le processus de production et les normes modernes de management de la création télévisuelle, de ce qu'on appelle dans le jargon international : l'écran ou la dictature de l'écran. L'organigramme en question prévoit, outre le PDG et deux assistants, comme directeurs exécutifs chargés des ressources et des missions liées aux diffusions, la nomination pour chaque chaîne d'un directeur général, ce dernier présente sa grille des programmes, ses prévisions et ses besoins, ainsi que son bilan d'activité annuel au conseil d'administration pour approbation. Le projet comporte également des clauses claires sur le cahier des charges que doit respecter le groupe de télévision, des clauses qui devront subir quelques changements notamment au niveau de la diffusion et la protection des archives, la commercialisation des images de marque et de produits vendables, la publicité et la diffusion des spots, l'interdiction de toute forme de publicité favorable à des partis politiques ou des syndicats et d'associations religieuses. De même que ce cahier des charges prévoit l'obligation d'organisation d'un certain nombre de programmes, comme des téléthons, couverture d'événements sportifs, d'émissions d'informations (magazines et grands reportages) ou des spectacles artistiques, selon un volume horaire bien défini.