Ce sont environ 25 000 Algériens qui sont établis en Tunisie, dont une grande partie issue d'une émigration datant de l'époque coloniale, avons-nous appris du consulat général d'Algérie à Tunis, Menad Habbak. «Ce sont des Algériens transférés par le colonialisme pour travailler dans des mines de phosphate, les chemins de fer et la poste», ajoute le consul général. Dans quelles conditions vivent-ils, eux et ceux venus en Tunisie après le colonialisme ? Toutes celles et tous ceux que nous avons approchés évoquent un problème d'«entrée en possession de biens immobiliers», et d'«octroi de travail». Autrement dit, et selon nos interlocuteurs, les Algériens ne pouvaient, du temps de Zine El Abidine Ben Ali, pas prétendre à l'octroi d'un acte de propriété, ni à trouver facilement un poste de travail. Lekram est un quartier réputé pour être pauvre, au même titre que Debouville, les deux se trouvant non loin d'El Marsa, à Tunis. Dans ces deux quartiers, beaucoup d'Algériens tentent de survivre à la pauvreté, de nombreux parmi eux se trouvant au chômage depuis des années. Les deux quartiers sont à l'antipode de Carthage et de Gammarth, réputés pour être riches. «Nous ne sommes pas les seuls à souffrir du chômage, une partie du peuple tunisien en souffre. Nous n'avons aucun problème avec le peuple tunisien qui, en grande majorité, nous apprécie, et que nous apprécions, vivant en harmonie, côte à côte, ni même avec les autorités tunisiennes qui nous respectent, mais nous souffrons de lois établies du temps de Zine El Abidine Ben Ali», nous diront les Algériens rencontrés. Mohamed, la trentaine, est un Algérien issu de l'émigration datant du colonialisme, résidant à El Karam. «Mon grand-père, venu ici à l'époque coloniale, nous a légué une maison que nous ne pouvons ni vendre ni louer, car la loi élaborée par le régime de Zine El Abidine Ben Ali nous en empêche», dira-t-il. Le même problème a été évoqué par un autre Algérien résidant en Tunisie. «Moi, je suis diplômé universitaire, mais je n'arrive pas à trouver du travail. La seule fois que j'ai pu obtenir un poste d'emploi, les choses n'ont pas duré longtemps. Des policiers se sont présentés à mon employeur privé pour lui demander pourquoi il m'a recruté. Il a été contraint de me libérer», témoigne Mustapha, Algérien de 38 ans. Ces Algériens accusent le régime de Zine El Abidine Ben Ali d'avoir élaboré des lois interdisant aux Algériens d'obtenir des actes de propriété et du travail en Tunisie, souhaitant que cela change avec le départ du président déchu. «C'est une discrimination envers les Algériens au cours du règne de Zine El Abidine Ben Ali», ajoute-t-il. «Une situation dont sont victimes les Algériens et les Marocains en particulier» «Il est vrai que beaucoup de Tunisiennes et de Tunisiens souffrent du chômage, ici, en Tunisie, et c'est la même chose pour de nombreuses Algériennes et de nombreux Algériens issus de l'émigration datant de l'époque du colonialisme, en plus de ça nous sommes interdits d'obtention d'actes de propriété», selon des Algériens en Tunisie. «Le peuple tunisien, en grande majorité, apprécié les Algériens mais le problème se pose avec certains responsables du temps de Zine El Abidine Ben Ali qui a cumulé des richesses exploitant l'économie tunisienne. Ils ont profité du régime de Zine El Abidine Ben Ali déchu et ne nous aiment pas», dira Mohamed, la trentaine, résidant à El Karam, Tunis. «Cela est une discrimination dont sont victimes les Algériens et les Marocains en particulier.» Des sources diplomatiques algériennes confirment «Les problèmes évoqués par ces Algériens sont réels, mais il n s'agit pas d'une discrimination envers les Algériens, ce sont plutôt des lois élaborées du temps de Zine El Abidine Ben Ali en matière de possession de biens immobiliers et d'obtention de travail. Ces lois concernent les ressortissants de tous les pays et non pas seulement les ressortissants algériens», nous diront des sources diplomatiques algériennes. «Le problème concerne également l'octroi d'emplois. L'employeur privé tunisien est tenu d'obtenir une autorisation pour recruter un ressortissant étranger, dont l'Algérien», ajoutent ces sources. «Cependant, des privilèges ont été accordés à des étrangers, écartant les Algériens», selon eux. «Cela a eu lieu du temps de Zine El Abidine Ben Ali et on souhaite que ça change après le départ du président déchu», lancent-ils. Des réunions en vain avec les autorités tunisiennes concernées Nous apprenons de sources diplomatiques et consulaires que «des réunions ont eu lieu, du temps de Zine El Abidine Ben Ali, entre les consulats généraux algériens et l'ambassade d'Algérie en Tunisie, avec les autorités tunisiennes concernées pour régler le problème, mais en vain». «Les autorités tunisiennes concernées nous ont fait des promesses du temps de Zine El Abidine Ben Ali pour régler le problème, mais en vain. Aucune suite n'a été donnée par les autorités tunisiennes concernées», ajoutent-ils. «Nous souhaitons que cela change après le départ du président déchu», lancent-ils. «Ce que l'Algérie souhaite, pour l'après Zine El Abidine Ben Ali, pour ce qui est de sa communauté établie en Tunisie, c'est d'accorder aux Algériens résidant dans ce pays le droit d'accès à la propriété et à l'emploi», dira une source consulaire.