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Moubarak s'obstine à ne pas lâcher le pouvoir
Les manifestaTIONS ont fait plus de 100 morts et des milliers de blessés
Publié dans Le Temps d'Algérie le 30 - 01 - 2011

La situation vire au chaos en Egypte. Les manifestants continuent, au sixième jour de la révolte, de braver les forces de l'ordre qui tentent de faire respecter le couvre-feu instauré depuis deux jours.
Les évènements se succèdent à une grande vitesse et les promesses de réformes ainsi que les nominations annoncées par le président Hosni Moubarak sont vite rejetées par la rue.

Les manifestants ne décolèrent pas
Cette dernière continue à gronder en dépit de la répression farouche qui a fait plus d'une centaine de morts. Ce n'est là qu'un bilan provisoire qui s'alourdira inévitablement en raison de l'ampleur des «dégâts». Le mouvement de contestation populaire ne semble pas s'essouffler.
Ils étaient, selon des correspondants de presse sur place, plus de 5 000 à sortir manifester dans les rues du Caire où d'autres voix se sont aussi élevées pour demander le départ du Raïs.
Le peuple veut la chute du régime, «Moubarak dégage», scandaient les manifestants qui s'agglutinaient à la place Tahrir. Aux appels de manifestants, d'autres forces du pays comme les avocats et les journalistes ont également revendiqué le départ de Moubarak.
Ainsi, des milliers de journalistes égyptiens ont signé une pétition en ce sens alors que des centaines de juges se sont joints aux manifestants dans le centre-ville du Caire. De leur côté, les Frères musulmans, principale force d'opposition en Egypte et fidèles à leur stratégie de se mettre derrière le mouvement contestataire avant d'occuper le-devant de la scène, ont rejeté dans un communiqué les nominations politiques décidées la veille par le président Hosni Moubarak.
Ils ont également appelé les opposants au régime à s'unir et ont demandé la dissolution du Parlement.
Un seul mot d'ordre : «Le départ du Raïs»
Aux côtés d'autres mouvements d'opposition égyptiens, les Frères musulmans ont chargé l'opposant Mohamed el-Baradei de «négocier» avec le régime de Moubarak. L'ex-patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique et prix Nobel de la paix, qui a jugé «insuffisantes les nouvelles nominations» et appelé de nouveau le Raïs à partir «sans délai pour le bien de l'Egypte»,
pourrait saisir cette occasion pour se faire une aura auprès de la jeunesse qui le connaît peu. Sans couleur aucune, le peuple égyptien a mis de côté ses divergences pour les concentrer sur le mot d'ordre de départ du pouvoir en place.
Laïcs, islamistes, jeunes et moins jeunes se mêlent dans ces contestations sans précédent en Egypte, dirigée depuis 1981 d'une main de fer par Moubarak. Ce sont là autant d'indices qui peuvent pousser le pouvoir à céder dans les plus brefs délais.
C'est une question de temps, estiment des observateurs qui indiquent que le pouvoir en place ne peut résister longtemps aux exigences de la rue et de la classe politique. Des actions à ne pas sous estimer, comme semble le faire le Raïs qui, en dépit de la situation «catastrophique» n'a pas hésité à faire un tour du côté d'un centre d'opération de l'armée, selon la télévision étatique.
Les raisons de cette virée n'ont pas été données. Néanmoins, la sortie du Raïs, en pareil instant, pourrait être assimilée à une volonté de confirmer qu'il jouit toujours du soutien de l'armée et qu'il demeure ainsi l'homme fort du pays.
Le survol, quelque temps après, du Caire par des avions de chasse, la présence des hélicoptères signalés au-dessus de la place Tahrir, tout comme l'arrivée d'autres renforts de l'armée sur cette place occupée par des manifestants, peuvent renforcer cette hypothèse.
Néanmoins, le mouvement a pris une autre dimension avec l'entrée en scène de pilleurs et des scènes de saccage à travers les villes égyptiennes. Les médias et la télévision font état de milices qui dévalisent les commerces, vandalisent les maisons et sèment la terreur.
Des comités de quartier, dont les membres sont armés de gourdins et de barres de fer, se sont constitués pour protéger la population des pillards dans les quartiers aisés de la capitale.
La communauté internationale hausse le ton
Sur le plan international, la pression est montée d'un cran et la communauté internationale a multiplié les appels aux réformes et à l'arrêt des violences.
Le président américain Barack Obama a de nouveau exhorté le régime, principal allié des Etats-Unis dans le monde arabe, à mettre en œuvre des réformes et à faire preuve de retenue.
Dans une déclaration commune, les dirigeants de France, d'Allemagne et de Grande-Bretagne ont appelé le régime à «engager un processus de changement» face aux revendications de son peuple et à éviter «l'usage de la violence».
L'Union africaine suit de près la situation en Egypte, a déclaré samedi le président de la Commission de l'UA Jean Ping lors d'une conférence de presse à Addis Abeba, à la veille de l'ouverture du sommet de l'organisation panafricaine. Mais cela n'a pas fait fléchir le Raïs qui tient toujours à son fauteuil et n'a pas hésité à museler les médias. La chaîne d'information continue El Djazira en a fait les frais, hier dans la journée.


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