Dans de pareilles situations chaotiques, comme celle qui prévaut en Egypte, le chantre du néosocialisme ne peut s'empêcher de mettre son grain de sel. Il y jettera une bonne poignée à la figure de ses ennemis occidentaux. Ce que le docteur El Baradei a insinué à voix basse, Hugo Chavez l'a clamé haut et fort. Evoquant le cas désespéré de Hosni Moubarak, le président vénézuélien a tenu à rappeler que ce n'est pas la première fois que les grandes puissances de l'Ouest se servent d'un chef d'Etat avant de l'écarter sans aucun état d'âme. Ainsi va la défense de leurs intérêts dans une région donnée. Ne nous dites pas que Washington a lâché déjà le raïs ? Le redéploiement de ses flics dans les rues du Caire et d'Alexandrie serait-il qu'une impression d'avoir repris les choses en main ? A en croire les médias occidentaux, le lâchage par le gouvernement Obama de Hosni Moubarak ne date pas d'hier. Malgré l'appel insistant de Tel-Aviv auprès de Washington et des capitales européennes pour le maintien du régime égyptien en place, l'Amérique ne veut plus du vieux maître du Nil. Elle lui aurait accordé quelques jours supplémentaires pour faire ses valises, il n'y aurait plus rien à sauver comme meubles au palais d'El Abidinne. Non seulement Barack Obama ne s'est même pas donné la peine de lui passer un coup de fil, mais il a instruit ses services afin que tous les ressortissants américains soient rapatriés quelque part sur le vieux continent. Le président US ne craint-il plus que les frères musulmans profitent du départ de Moubarak et de la déstabilisation de l'Egypte pour se frayer un chemin jusqu'à la présidence ? Avec l'AKP en Turquie, le Hezbollah au Liban, le Hamas à Ghaza et le retour de Ghannouchi en Tunisie, les frères musulmans ne feraient pas exception. De toute manière, si c'est Omar Souleimane qui est désigné pour veiller au bon déroulement de la transition, l'Amérique n'aurait pas à se faire trop de soucis. L'homme saura comment étioler la confrérie. Quant à la paix impossible au Proche-Orient, sans Hosni Moubarak, Obama a dû aussi la cogiter des nuits entières. L'influence de son allié israélien n'aurait pas eu l'effet escompté par Netanyahu qui, en faisant semblant de donner ordre à ses ministres de ne pas dire un mot sur la situation en Egypte, a usé de grands moyens. Rentré bredouille de Washington, sans une seule bombe lacrymogène sous son képi, le chef d'état-major de l'armée égyptienne aurait eu de quoi effacer vite sa déception. Des cargaisons d'arsenal antiémeutes ont été mises à la disposition des flics égyptiens. Un beau cadeau pour remercier le raïs d'avoir œuvré, tout ce temps-là, à la résolution du conflit palestino-israélien ? Plutôt d'avoir contribué, en sa qualité de pays modéré, à garantir la sécurité de son voisin israélien, obsédé rien qu'à l'idée de se voir encercler par des pays arabes hostiles. S'il venait à devenir effectif, grâce au lâchage US, le renversement de Hosni Moubarak amorcerait-il un tournant dans les relations intimes américano-israéliennes ? Les deux alliés ne sont plus à leur première scène de ménage, leur divorce n'ayant jamais été prononcé. Si au moins le raïs pouvait les mettre d'accord sur une chose : le maintenir au pouvoir au moins jusqu'à la prochaine présidentielle afin qu'il lègue le pouvoir à son fils par sa parfaite maîtrise de l'art de la fraude massive. Qu'il est loin septembre prochain.